OTTAWA – La ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, constate qu’il y a une « réelle volonté » de la part de ses collègues du cabinet Trudeau pour maîtriser les deux langues officielles du pays.
« La question des langues officielles est très importante. Que nos ministres soient anglophones ou francophones, le plus important, c’est que je vois vraiment une réelle volonté à ce qu’on apprenne la seconde langue officielle », a-t-elle dit à la sortie de la Chambre des communes.
La ministre du Revenu national, Diane Lebouthillier, a été la cible de critiques de la part de CBC en raison de son unilinguisme. Elle aurait décliné une entrevue à l’émission As it Happens parce qu’elle n’était pas à l’aise de répondre en anglais.
Or, plus de la moitié des ministres du gouvernement Trudeau ne parle pas français. La majorité d’entre eux ne serait pas à l’aise de répondre à des questions uniquement dans la langue de Molière.
Questionnée à ce sujet par La Presse canadienne, la ministre Lebouthillier – qui n’a « aucun problème à vivre en français – reconnaît qu’il y aurait peut-être un double standard envers les francophones unilingues.
« Ce qui serait dommageable c’est de ne pas faire l’effort de le faire [parler les deux langues]. Les ministres anglophones travaillent fort pour apprendre le français, et moi, qui suis unilingue francophone, je travaille fort pour apprendre l’anglais », a-t-elle dit.
Le bilinguisme est sans contredit une « priorité » pour le premier ministre Justin Trudeau et son gouvernement, renchérit la ministre Joly qui est responsable des langues officielles.
« Le plus important, c’est qu’il y a des ministres qui parlent français. Il y a des ministres qui parlent anglais. Il y a des ministres qui parlent les deux langues. Le plus important c’est que vraiment on est tous interpellés par l’importance du bilinguisme et aussi le fait d’apprendre une seconde langue. »
Le Bloc québécois pense qu’il est « frappant » que l’unilinguisme de la ministre Lebouthillier ait été exposé dans les médias de la sorte.
« Ce que je constate, c’est qu’au Parlement on souhaite avoir des ministres bilingues lorsqu’ils sont francophones, mais lorsqu’ils sont anglophones, l’unilinguisme anglophone semble correct », a commenté le chef par intérim Rhéal Fortin.
Les Chrétienneries
L’ancien premier ministre canadien Jean Chrétien reconnaît que son unilinguisme lui a causé du tort dans le passé.
De passage au Parlement, mardi, il a raconté aux journalistes la fois où il avait prononcé un discours dans sa langue maternelle devant la foule du Fonds monétaire international (FMI) lorsqu’il était ministre des Finances.
« J’avais fait tout mon discours en français et ça avait été… surprenant à Toronto. Il y avait eu un peu de merde, et j’ai dit : "Écoutez, ils ont toujours été en anglais, moi je les fais en français" », a-t-il lancé en point de presse.
Chrétien soutient qu’il est « plus utile » pour les ministres d’apprendre les deux langues officielles, et ce, même s’il s’est mis plus d’une fois dans de beaux draps en raison de son anglais.
« Il y en a qui sont mieux de s’exprimer dans leur langue parce que ça peut poser des problèmes s’ils ne sont pas familiers avec l’autre langue. Ça m’est arrivé à quelques reprises », a-t-il lancé à la blague.
Ses perles de langage ont d’ailleurs été publiées dans les recueils de Chrétienneries vers la fin de son mandat de premier ministre.
« Je vous ai manqué? » a demandé Chrétien aux journalistes. (Photo : PC)
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