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Comment Tesla peut tuer la voiture électrique

Comment Tesla peut tuer la voiture électrique

La semaine dernière, et au cours de la fin de semaine, le microscopique constructeur californien Tesla Motors a enregistré près de 300 000 commandes pour sa future voiture, la Tesla Model 3. Théoriquement, c’est la meilleure nouvelle que l’industrie pouvait souhaiter puisque depuis longtemps, on attend une véritable révolution dans le monde de l’électrification des transports.

Cependant, une question peut se poser : le succès instantané de Tesla et de sa Model 3 constitue-t-il un risque trop grand pour les voitures électriques?

Réglons la chose tout de suite : les voitures électriques sont là pour rester. Elles sont un indispensable chainon dans la longue histoire de la mobilité durable. Pour le moment, les voitures électriques disponibles sont de bons outils de déplacement urbain, mais l’autonomie limitée ne les rend pas aussi pratiques qu’on pourrait le souhaiter.

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La Tesla Model 3

Soyons sérieux, le temps de recharge est aussi un sérieux handicap (rappelons qu’il faut quand même plusieurs heures pour recharger totalement un VÉ sur une borne domestique ou publique de 240 volts) et pour le moment, outre les quelques bornes de recharge rapide qui exigent tout de même 30 minutes pour 80 %, il n’y a aucune perspective d’amélioration dans ce domaine.

Ceci étant dit, le succès espéré par Tesla et sa Model 3 pourrait chambouler le tout, vers le bas. Car la compagnie est loin d’avoir une fiche vierge en matière de promesses non tenues. Les véhicules qu’elle avait annoncés au fil des dernières années se sont avérés parfois peu fiables – les problèmes de fiabilité rapportés notamment par Consumer Reports sont abondants au point de faire retirer la recommandation d’achat – et les délais prévus pour la commercialisation des VE bien supérieurs aux annonces faites par le gourou de la compagnie, Elon Musk.

Cette fois, plus de 300 000 personnes ont accepté de verser 1 000 $ chacun pour une voiture qu’ils n’ont jamais vue, jamais conduite, et dont ils ne connaissent absolument pas la technologie motrice. Bien sûr, Tesla affirme se baser sur sa Model S (qui se vend plus de 100 000 $ rappelons-le) pour créer cette nouveauté. Or, on voit mal comment la même technologie, si dispendieuse dans la grande berline, pourrait tout à coup devenir abordable dans une plus petite version.

Du même souffle, rappelons les interminables délais mis par Tesla pour lancer officiellement l’utilitaire électrique, le Model X. Dans les faits, on l’attend toujours sur les routes canadiennes, même si quelques timides apparitions ont été enregistrées aux États-Unis. Même Elon Musk, au moment du dévoilement du prototype de la Model 3, a affirmé qu’il « espérait que les voitures seraient prêtes à l’automne 2017 ».

Même chose pour l’autonomie et le prix. M. Musk prévoit une autonomie de 344 kilomètres, à un prix de 35 000 $ US. Mais, car il y a aussi un mais, il a aussi affirmé lui-même que la transaction moyenne serait de 42 000 $. Quant à l’autonomie, il faudra bien sûr attendre de s’y asseoir avant de la confirmer.

C’est ici que les problèmes commencent. Car Tesla, au terme d’une campagne marketing brillante, il faut bien l’avouer, a réussi à convaincre des dizaines de milliers de s’asseoir sous la pluie pour faire une réservation d’une voiture virtuelle.

Maintenant, supposons que, comme cela est arrivé dans le passé, Tesla ne remplisse pas ses promesses. Soit que la voiture ne soit pas à la hauteur, soit qu’elle tarde encore plus que les 18 mois promis (alors que Chevrolet a confirmé la venue d’une voiture similaire en novembre 2016).

Plus les attentes sont élevées, plus la chute est violente. Si Tesla rate sa cible (et 300 000 commandes ne laissent aucune marge d’erreur), c’est toute l’industrie de la voiture électrique qui en souffrira. Cela confirmera aux sceptiques que la propulsion électrique n’est pas encore mûre pour une commercialisation de masse.

Si tel était le cas, ce sont toutes les voitures électriques, que l’on doit déjà financer avec des fonds publics pour les rendre attirantes, qui feront l’objet d’une campagne de dénigrement.

L’industrie des automobiles électriques n’a donc pas le choix, et doit prier pour que Tesla réussisse. Mais en fonction de son passé chaotique, cela revient à placer l’avenir d’une industrie dans les mains d’un enfant turbulent. Il est possible qu’il réussisse, mais on devrait constamment le surveiller.

SOURCE : Ecoloauto.com

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