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Les textos nuisent-ils à la qualité du français? (VIDÉO)

Les textos nuisent-ils à la qualité du français? (VIDÉO)

« Srx », « pt », « dsl », « kk » : la popularité des textos a fait naître un nouveau langage. Plusieurs s'inquiètent de la qualité de la langue à l'ère des messages textes. Mais les abréviations et les écarts d'orthographe ont-ils un réel impact sur notre écriture? Les études semblent montrer le contraire.

Un texte de Laurent Therrien

Chez les jeunes, l'usage des textos a presque complètement supplanté l'appel téléphonique. Le langage des textos est rempli d'abréviations et de nouveaux mots qui permettent de gagner en rapidité. Mais les élèves du secondaire que nous avons rencontré ne pensent pas que la qualité de leur français écrit ne soit affectée.

Jusqu'à preuve du contraire, tout porte à croire qu'ils ont raison de ne pas s'inquiéter.

« Je sais que j'utilise des abréviations, mais je fais quand même attention à mon français, croit Maya Labrie Collette, élève de 4e secondaire au Collège de Montréal. Les mots que j'écris complètement, ils vont être bien écrits. Je ne fais pas exprès pour faire des fautes. »

Charles-Antoine Bittar, lui aussi en 4e secondaire, avoue toutefois commettre des erreurs d'orthographe dans ses productions écrites à cause des textos. « Quand je texte, dit-il, j'écris souvent "jsais" au lieu de "je sais". Ça m'arrive de faire cette faute à l'école, mais je le réalise et je l'efface », assure-t-il.

Aucun effet prouvé sur la qualité de la langue

Aucune étude n'a démontré scientifiquement que les textos corrompent la qualité du français. « C'est vraiment un langage parallèle qui s'est développé, croit Pierre Gaudreau, enseignant de français en 4e secondaire. Pour moi, c'est un langage qui fait partie de la langue orale. Ça n'a rien à voir avec le français écrit. J'enseigne depuis 15 ans et les erreurs que les élèves faisaient à l'époque sont les mêmes qu'ils font aujourd'hui. »

Pour Maxime Champagne, lui aussi enseignant de français, les jeunes savent jouer avec les niveaux de langue.

« Je comprends très bien les jeunes d'utiliser un autre langage dans leurs textos. Sauf que lorsqu'ils arrivent en classe, ils sont capables de changer de registre et d'écrire correctement. »

— Maxime Champagne, enseignant de français

La linguiste et professeure de didactique du français à l'Université de Montréal, Pascale Lefrançois, abonde dans le même sens. « On a même remarqué que ce sont les gens les plus doués en orthographe qui sont capables de faire les abréviations les plus concises, les plus parlantes et les plus originales. Je ne dis pas qu'il n'y a pas de fautes d'orthographe dans les textos, mais ce sont des fautes qu'ils commettaient avant que le texto existe », affirme-t-elle.

Une dérive à prévoir?

Les enseignants d'Allô prof, ce service d'aide aux devoirs à distance, sont bien placés pour parler de l'impact des textos chez les jeunes. Depuis deux ans, les élèves du primaire et du secondaire peuvent leur envoyer des questions par texto. « La qualité de leur français m'inquiète, dit Pascal Bonaldo, enseignant d'Univers social. À force de texter, ils sont confrontés à différentes façons d'écrire un même mot. Je pense que ça peut être difficile de mémoriser comment bien les écrire. »

C'est aussi la préoccupation de Pascale Lefrançois. « Les textos sont relativement récents, rappelle-t-elle. Peut-être que les enfants qui ont appris à écrire en apprenant à texter feront plus tard des erreurs de type texto. Mais jusqu'ici, on n'a pas observé ce phénomène de contamination qu'on redoute tant. »

Textos et ados

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