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Braver les radiations à Fukushima

Braver les radiations à Fukushima

Revenir ou ne pas revenir s'installer à Fukushima cinq ans après la tragédie? C'est la question que se posent des dizaines de milliers de Japonais alors que l'avis d'interdiction est levé dans certaines communautés près du réacteur nucléaire endommagé.

Un texte d'Yvan Côté

Tazuko et Hiroshi sont parmi les premiers résidents de Naraha - une petite municipalité de la préfecture de Fukushima - à braver les radiations et à revenir à la maison.

Une décision prise principalement parce qu'ils n'en pouvaient plus de vivre loin de leur confort. Dans les heures qui ont suivi la catastrophe nucléaire en mars 2011, le couple a dû tout abandonner derrière lui.

«Lorsque l'explosion s'est produite, je ne savais pas ce qui se passait, explique Tazuko Hachimoto, 74 ans. Nous n'avions aucune information. Tout s'est passé tellement vite qu'on nous a évacués et je n'ai rien pu apporter avec moi.»

Comme près de 150 000 autres personnes, le couple atterrit dans des logements temporaires à Iwaki, une ville voisine. Mais l'espace dans les maisons préfabriquées est restreint et la vie n'a plus aucun sens pour les septuagénaires qui étaient habitués à cultiver leur jardin et à côtoyer les voisins.

Opération décontamination

L'explosion de Fukushima est survenue à 20 kilomètres de leur domicile. Un jet de pierre lorsque l'on sait que les radiations ici mettaient en danger la vie des gens au lendemain de la catastrophe et que le «césium 137», la matière la plus nocive crachée par la centrale nucléaire, s'est déposée partout dans la nature.

C'est pourquoi, afin de rendre l'endroit sécuritaire, le gouvernent enlève depuis trois ans, à coup de milliards de dollars, toute la terre à la surface des terrains et des champs, nettoie les routes et détruit les résidences les plus endommagées.

Malgré ce travail titanesque, à peine 6 % des résidents sont revenus à Naraha, dont le maire de la petite ville qui comptait 7000 habitants avant l'accident nucléaire.

«J'ai l'impression que les gens ont encore peur des radiations, explique Yukiei Matsumoto, le maire de Naraha. Pourtant, l'endroit est maintenant sécuritaire, ajoute-t-il. Le taux de radiation est à peine plus élevé que le minimum recommandé par le gouvernement.»

La municipalité organise d'ailleurs des rencontres depuis quelques semaines pour convaincre les personnes évacuées de délaisser les maisons temporaires et revenir le plus rapidement possible à Naraha.

Une décision que décrie l'organisme Greenpeace, qui juge que le niveau de radiation est encore trop élevé dans plusieurs municipalités à proximité de la centrale Daiichi.

«Pour le gouvernement japonais il est très important de faire semblant que l'on peut survivre à un accident nucléaire, s'insurge Jan Vande Putte de Greenpeace. Cette situation est tout à fait inacceptable. Il est dangereux pour les gens de retourner dans plusieurs villes et c'est étape par étape, progressivement les autorités poussent les limites pour forcer les gens de retourner dans des zones.»

L'équivalent de 100 radiographies par an

Ce qui inquiète Greenpeace, c'est que la région est couverte à 80 % de forêt. Or, cet immense territoire ne sera jamais nettoyé par le gouvernement.

«On estime que la dose annuelle pour les gens qui retourneront dans certaines régions sera de l'ordre de 100 radiographies (rayons X) de l'estomac par an, explique Jan Vande Putte. On ne peut pas forcer les gens à retourner, et c'est ça que le gouvernent est en train de faire. Il coupe les compensations et les gens qui ont une propriété dans ces zones contaminées sont forcés financièrement de retourner.»

Pour le moment aucune jeune famille n'est revenue à Naraha malgré les pressions du gouvernement. Seules les personnes âgées comme Tazuko et son mari ont décidée de réintégrer leur domicile.

Un risque qu'elle se dit prête à prendre, pour vivre sa retraite en paix chez elle.

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