Dans les journaux, sur Twitter, à la télévision, le boycott annoncé, en janvier, de la cérémonie des Oscars, par des acteurs afro-américains, a créé un remous sans pareil dans le monde du cinéma.
Pour la deuxième année consécutive, aucun nommé issu de minorités n’a été sélectionné. Alors qu’en 2015 ce manque de mixité avait été surtout dénoncé par des associations, cette année ce sont le réalisateur Spike Lee et l’actrice Jada Pinkett-Smith, épouse de Will Smith, qui ont mis en exergue cette situation.
Sur son compte Instagram, le réalisateur sacré l’an dernier par un Oscar d’honneur, avait même estimé qu’il était "plus facile pour un Afro-Américain d’être président des États-Unis que d’être président d'un studio d'Hollywood". Jada Pinkett-Smith avait elle choisi Twitter et Facebook pour exprimer son mécontentement.
L’académie en question
A la suite de ces plaintes, l’Académie des Oscars a réagi promptement, en se réunissant pour une séance extraordinaire le 22 janvier dernier. Alors qu’aujourd’hui 91% des 6261 votants sont blancs, et 76% sont de sexe masculin, elle s’est engagée à doubler d’ici 2020, à la fois le nombre de femmes et le nombre de non-blancs, pour être représentative de la société américaine actuelle. Si ces quotas sont respectés, dans quatre ans, l’Académie devrait compter 3000 femmes et 1071 personnes issues de minorités.
Une des personnes qui pourrait donner un coup de pied dans la fourmilière est Cheryl Boone Isaacs, la présidente afro-américaine de l’Académie. La chef de l’institution s’était, au moment de l’annonce des nommés, dite "frustrée et désespérée" de la situation. Il fallut peu de temps avant qu’elle ne prenne la décision de cette séance extraordinaire. "Notre but est de faire en sorte d’apporter de nouvelles voix, sans prendre en compte le genre, la race ou l’orientation sexuelle. Intégrer dans cette institution, tel est notre but", avait-elle proclamé.
Une dynamique de changement qui semble séduire les artistes hollywoodiens. Eddie Redmayne, de nouveau nommé dans la catégorie meilleur acteur, après avoir remporté la statuette l’an dernier pour son rôle dans Une merveilleuse histoire de temps, s’est exprimé sur la nouvelle politique d’ouverture de l’institution, dans le Los Angeles Times. "La façon dont tout ça a été réglé me semble être une étape positive", a-t-il déclaré. Tom McCarthy le réalisateur de Spotlight s’est également exprimé à ce propos. "Je ne pense pas qu’il y ait une seule solution. Il est temps de rendre des comptes. Je pense que Cheryl a fait un boulot génial en gérant ces changements… J’ai confiance en notre communauté pour montrer la voie de l’intégration et dépasser cette étape. J’en suis très excité", a-t-il confié au même journal. De bonnes intentions qu'il faut à présent mettre en œuvre.