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«Plus tard qu'on pense»: dans le cocon de Fred Pellerin (PHOTOS)

«Plus tard qu'on pense»: dans le cocon de Fred Pellerin (PHOTOS)
Pamela Lajeunesse

Dehors, c’est le froid, c’est la pluie diluvienne qui tombe en février, c’est la neige qui fond et qui cause de gigantesques mares au sol, ce sont les plaques de glaces qui trahissent ici et là nos pieds, c’est la grisaille, c’est la hâte de se réfugier à l’intérieur d’un cocon douillet pour se réchauffer le cœur et le corps.

Jeudi, le paisible abri de plusieurs, c’était la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts, où un Fred Pellerin tout en humour, en voix, en douceur et en poésie, lançait sa première tournée musicale en carrière, Plus tard qu’on pense, qui ne comptera que 49 dates, pas une de plus. «Une tournée arrêtée dans le temps», désigne-t-il.

Pellerin se paie la folie d’écumer quelques scènes avec sa guitare et ses complices instrumentistes, mais selon ses propres paramètres. Les visées commerciales ne le feront pas dévier de la route décidée. Après tout, on parle ici d’un homme qui aura lancé pas moins de trois albums avant de se risquer dans un périple «mille après mille», comme il le chante si bien en fin de spectacle.

Fred Pellerin: Plus tard qu’on pense

Habitué de se promener sur les planches avec ses contes, à ses yeux, la musique, c’est un univers à part.

C’est la preuve qu’il lui reste encore des choses à accomplir, à ce jeune penseur de la race des grands, qui en inspire tellement, qui a déjà «enfirouapé» gentiment, comme il le dirait peut-être, dans son sillage professionnel, d’autres géants qui lui ont pavé la voie, comme Kent Nagano ou Gilles Vigneault. Ce conteur qui a certainement déjà marqué l’histoire du Québec culturel et social, qui suscite la réflexion chaque fois qu’il ouvre la bouche, qui est demeuré candide et attachant comme un petit garçon malgré l’ampleur de son faramineux succès, qui créerait malheur s’il se présentait en politique, ce dont on le sait capable, mais peut-être incapable aussi, parce que trop authentique et trop engagé, pas assez intéressé, dans tous les sens du terme.

Bulle envoûtante

Il l’a dit dans son amusant monologue d’introduction, le concert Plus tard qu’on pense n’était «pas prévu beaucoup». Dans toute sa couleur, il a raconté qu’il ignorait qu’un disque venait généralement avec une «obligation» de tournée, et qu’on lui avait fait signer un contrat de tournée alors qu’il avait pris un petit coup. Ah, oui? On en doute, mais on le croit aussi, tant c’est évoqué avec la bonhommie de ceux qu’on aime accueillir dans nos salons.

«Bienvenue à Sainte-Élie de chansons», a souhaité Fred à tous les étages pleins à craquer de Wilfrid-Pelletier. Bienvenue dans l’envoûtante bulle de Fred Pellerin, dont vous ne voudrez plus sortir deux heures plus tard.

Fred Pellerin chante pour simplement nous bercer des mots qu’il manie comme nul autre, les mots de ses albums Silence, C’est un monde et Plus tard qu’on pense. Ces mots qui lui viennent de lui-même, de René-Richard Cyr, de David Portelance, de Léon Bigras, et d’autres, et qui sont tous beaux. Tous porteurs d’émotion, de sensibilité, de «jongleries» intellectuelles. De beauté, quoi!

Il chante pour époumoner ses convictions (qu’elle est belle, cette Mommy qu’il s’approprie comme si elle était sienne d’emblée), ramener des souvenirs (la traditionnelle Belle rose, qui sonne de sa part comme un vent de gaieté), rendre hommage aux monuments (Le grand cerf-volant, très applaudie). Ils ont été quelques-uns à fredonner avec lui l’émouvante Tenir debout, dont la vocation populaire a explosé au Gala des Prix Gémeaux 2014, lors de l’hommage à Claude Robinson. Si vous cherchez dans le bottin ou sur internet «Rénovations David Portelance», l’auteur-compositeur qui a pondu cette perle de texte vous répondra qu’il ne joue plus tellement du marteau, désormais. Certaines sonnent plus graves (Gens du vieux-rêve), d’autres, plus enfantines (L’hymne), d’autres sont inédites, dont l’une, «même pas finie, avec juste huit couplets d’écrits» (Le musée du jamais vu).

L’homme parle aussi, beaucoup, entre ses mélodies, pour déposer dans «le creux de nos oreilles», ses anecdotes toutes à lui, ses jolies histoires qui font tellement rire, ces récits de «buzz de la 40», ces bijoux tout droit sortis de son imaginaire surpeuplé et façonné à partir du réel. Après ce séjour dans l’espace-temps Plus tard qu’on pense de Fred Pellerin, la grisaille de l’hiver nous semble toujours aussi difficile à affronter. Mais on enfile bottes et manteaux avec le sourire, avec le cœur un peu plus chaud qu’en entrant.

Les dates de la tournée Plus tard qu’on pense sont disponibles sur le site officiel de Fred Pellerin. Attention, plusieurs dates affichent déjà complet.

Fred Pellerin et l'OSM

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