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Chasser les talibans du pouvoir était une erreur, dit un ancien major général Canadien

Chasser les talibans du pouvoir était une erreur, dit un ex-major général
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L'Occident s'est trompé en destituant le régime taliban dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001 et aurait plutôt dû s'en prendre seulement à Al-Qaïda, affirme un commandant des Forces armées canadiennes qui a dirigé les troupes de l'OTAN dans le sud de l'Afghanistan il y a 10 ans.

Le major général à la retraite Dave Fraser a commandé à la fois les forces opérationnelles du Canada et la mission élargie de l'alliance militaire internationale afin d'étendre l'autorité de l'ancien président afghan Hamid Karzaï au-delà des limites de Kaboul, la capitale, en 2006.

À cette époque, la guerre en Afghanistan durait depuis quatre ans et demi alors que le conflit ayant suivi le renversement de Saddam Hussein en Irak était dans sa troisième année.

En entrevue avec La Presse Canadienne à l'occasion du 10e anniversaire du déploiement des troupes de combats canadiennes à Kandahar, M. Fraser a confié que les pays occidentaux avaient fait preuve de naïveté en croyant qu'un changement de régime était la solution au problème.

Il a poursuivi en disant que personne, à ce moment-là, n'avait réalisé l'ampleur du vide politique engendré par le départ des talibans ni le fait que l'Occident venait de se créer un problème pour les 30 à 40 prochaines années non seulement en Afghanistan, mais aussi à travers le reste du Moyen-Orient.

«Avec le recul, j'aurais laissé le gouvernement des talibans au pouvoir et je lui aurais dit: 'Restez en dehors de ça. Nous sommes ici pour trouver Al-Qaïda. Et tant que vous resterez en dehors de ça, les forces spéciales vont venir ici, elles vont faire ce qui est nécessaire pour atteindre Al-Qaïda puis elles quitteront le pays'», a déclaré Dave Fraser.

Le major général retraité a tenu ces propos un jour après que le gouvernement afghan eut annoncé qu'il reprendrait les pourparlers avec les dirigeants talibans la semaine prochaine au Pakistan. Ces négociations visent à relancer un processus de paix qui s'est arrêté l'été dernier après qu'il eut été révélé que le mollah Omar, le leader du mouvement, était décédé plusieurs années auparavant, un événement que le groupe avait réussi à garder secret.

M. Fraser a soutenu que l'Occident ne faisait que répéter la même erreur depuis les 10 dernières années.

«Nous l'avons répétée en Irak. En Libye, nous n'avons pas envoyé de troupes sur le terrain et nous avons provoqué un chaos encore pire parce qu'il n'y a absolument aucun gouvernement présentement dans ce pays. Nous sommes retournés en Irak et maintenant, pour la toute première fois, la communauté internationale commence à se rendre compte que le changement de régime n'est pas la solution et c'est la raison pour laquelle nous n'essayons pas d'imposer un changement de régime en Syrie», a-t-il expliqué.

L'Occident a réclamé le départ du dictateur syrien Bachar al-Assad, mais ne l'a pas chassé du pouvoir, l'une des raisons derrière la longue et sanglante guerre civile qui déchire le pays depuis près de cinq ans.

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