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Le Canada, bientôt «l'Eldorado des proxénètes»?

Le Canada, bientôt «l'Eldorado des proxénètes»?

Les récentes fugues du Centre jeunesse de Laval ont levé le voile sur l’exploitation sexuelle au Québec. Mais l’ex-députée fédérale Maria Mourani dit que cette crise n’est que la pointe de l’iceberg.

« Il faut vraiment arrêter de se mettre la tête dans le sable. Tous les jours, il y a des filles qui se font recruter et pas juste dans les centres jeunesse. À partir du moment où les filles sont jeunes et belles, elles sont des proies faciles. »

Les trafiquants peuvent gagner jusqu'à 300 000$ par année par prostituée, selon La Presse (Photo : Getty Images)

La Presse révélait vendredi que « Montréal est une plaque tournante du sexe au Canada ». Les filles québécoises sont « exportées » dans le reste du Canada à rabais.

"On ne sortira pas du bois au Canada. Ce sera l’Eldorado des proxénètes!" - Maria Mourani

Selon la spécialiste du crime organisé, traite humaine et prostitution vont de pair. C’est pour cela qu’il faut cesser de « faire le jeu des trafiquants et des proxénètes » en banalisant la prostitution et en le considérant comme un travail comme un autre, dit-elle.

« On ne sortira pas du bois au Canada. Ce sera l’eldorado des proxénètes! » avertit-elle.

Mourani demande au gouvernement Trudeau de s’attaquer à ce fléau, notamment en signant le décret pour son projet de loi C-452, adopté à l’unanimité par la Chambre des communes et qui a reçu la sanction royale en juin dernier.

De cette façon, les autorités policières pourront porter des accusations contre des proxénètes et des trafiquants s’ils ont des preuves solides. Les victimes, elles, ne seront plus obligées de témoigner contre leurs pimps, comme c’est le cas actuellement.

« Ça fait sept ans que les policiers l’attendent, ça fait sept ans que les victimes l’attendent. Je pense que rendu où on est rendus, ça déborde de partout », plaide Maria Mourani.

"Montréal est un hot spot? Depuis quand?" - Jenn Clamen

Jenn Clamen, porte-parole de l’organisme Chez Stella, qui vient en aide aux travailleuses du sexe, dit qu’il ne faut pas confondre prostitution et trafic humain.

« Montréal est un hot spot [du sexe]? Depuis quand? Qui a décidé ça? » s’exclame-t-elle.

Il est facile de blâmer l’industrie du sexe, poursuit Jenn Clamen, mais les gens devraient plutôt se demander pourquoi ces jeunes filles s’enfuient de leur centre jeunesse et quels sont leurs vrais besoins.

« La traite humaine, c’est l’enfant pauvre des problèmes sociaux, indique Maria Mourani. Il y a tellement d’argent qui a été mis pour arrêter le trafic de drogue. Mais quand on parle de trafic humain, on voit que c’est le parent pauvre de la criminalité. »

Trafic de petites filles

La situation est d’autant plus grave pour les femmes et les filles autochtones. Dans certaines provinces canadiennes, des enfants sont forcées de se prostituer dès l’âge de 11 ou 12 ans.

La pauvreté et les situations de pauvreté sont des « terrains de chasse » pour les trafiquants, ajoute Tasha-Dawn Doucette, de la Ottawa Coalition to End Human Trafficking.

Dans certains cas, les proxénètes sont des copains rencontrés sur l’Internet ou des âmes charitables qui veulent aider des femmes et filles des Premières nations qui viennent d’arriver en ville.

« Ces victimes deviennent dépendantes du trafiquant sur les plans émotionnels, psychologiques et économiques », poursuit-elle.

Tasha-Dawn Doucette demande à ce que des services « culturellement appropriés » soient disponibles pour ces survivantes du trafic humain.

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