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«Police Académie»: comment fait-on des policiers? (PHOTOS/VIDÉO)

«Police Académie»: comment fait-on des policiers? (PHOTOS/VIDÉO)

En ces temps où le métier de policier n’a souvent pas bonne presse, brutalités, bavures et profilages raciaux, Mélissa Beaudet (Les poings serrés) a posé sa caméra chez trois apprentis flics qui seront bientôt appelés à porter l’uniforme. À l’occasion de la sortie en salle de son documentaire Police Académie, la réalisatrice a répondu aux questions du Huffington Post Québec.

«Police Académie»: comment fait-on des policiers?

1 - D’où vous est venue l’idée du documentaire Police Académie?

J’ai été confrontée à ce sujet, au moment de la mort de Mario Hamel [décédé en 2011 au centre-ville de Montréal lors d’une intervention policière]. Je me suis demandée quelle était la formation pour devenir policier et surtout, qui voulait faire ce métier. Je voulais aussi savoir si le jugement était quelque chose qui s’apprenait à l'école.

2 - Qui veut devenir policier aujourd’hui?

Les personnes qui sont en techniques policières ont plusieurs choses en commun: ce sont des jeunes qui sont performants au niveau académique et qui sont généralement très sportifs. Ils aiment aussi beaucoup l'action, l'adrénaline et les défis et ils croient que c'est ce qui les attendra sur le terrain.

3 - Qu’avez-vous découvert sur le métier en suivant la formation de ces jeunes recrues?

J'ai découvert que la formation était très bonne et qu'elle prépare au jour 1 de la patrouille policière. Il revient ensuite à chacun d’eux de poursuivre les apprentissages. J'ai également découvert qu'il s'agit d'un travail beaucoup plus social que criminel. C'est-à-dire qu'à peu près 70 % des appels sont de nature sociale et qu’environ 30 % sont de nature criminelle. Il existe beaucoup de détresse invisible.

4 - Comment le service de police a-t-il réagi lorsque vous leur avez fait part de votre intérêt de les filmer?

Je crois que les institutions d'enseignements (le Collège de Maisonneuve et l'École Nationale de Police du Québec) étaient prêtes à ouvrir les portes de la formation puisqu'on l'accuse souvent lorsqu'il y a une bavure policière. Ils voulaient faire preuve de transparence envers la population. Ça s'est donc très bien passé. Ils n'avaient pas d'influence sur le contenu éditorial du film et cela était clair dès le départ. Ils ont aussi eu confiance parce que j'arrivais pour un long tournage de trois ans, sans jugement et avec beaucoup de questions.

5 - La mauvaise réputation qui entoure la profession vous semble-t-elle justifiée?

C'est sûr qu'il y a des cas d’abus de pouvoir, mais je ne pense pas qu'il faut généraliser non plus. Comme dans n'importe quel métier, il y a de bons et de mauvais policiers.

6 - Quels ont été les plus gros défis à relever pour la réalisation du documentaire?

Au niveau de la réalisation, le plus gros défi était de faire un documentaire sur du long terme, sur trois ans. Mais c'est aussi ce qui s’est avéré très intéressant. On voit les protagonistes se transformer, évoluer et changer devant l’œil de la caméra. C'est très anthropologique en fait.

7 - Pensez-vous que la formation de nos policiers est adéquate ou avez-vous remarqué des lacunes?

Comme je l’ai déjà dit, la formation policière prépare le policier à son premier jour de travail. Ensuite, les jeunes policiers doivent continuer à s'informer, à se documenter, à faire des formations et à apprendre des autres policiers, mais la formation en tant que telle me paraît très bonne.

8 - Au final, que retirez-vous de cette expérience?

Je trouve que cela a été une belle expérience de m'intéresser à ces gens qui souhaitent devenir policiers. Ils font face à plusieurs défis d'image et leur métier exerce une fascination collective. Ils travaillent aussi avec des humains en détresse. Ce sont les urgentologues des villes et je trouve ça fort intéressant, humainement, d'en savoir plus sur eux. Et puis, je les ai suivis durant une période importante de leur vie. On les voit en plein apprentissage, sortant à peine de l'adolescence pour deux d'entre eux. Ils se sont livrés sans filtre et je trouve cela courageux plutôt de leur part.

Police Académie – Les Productions Flow – Film d’animation – 85 minutes – Sortie en salles le 27 novembre 2015 – Canada, Québec.

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