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Réfugiés : Couillard garde le cap, malgré l'opposition croissante (VIDÉO)

Réfugiés : Couillard garde le cap, malgré l'opposition croissante (VIDÉO)

QUÉBEC _ Le premier ministre Philippe Couillard n'a pas l'intention de demander à Ottawa de reporter de quelques mois le délai fixé au 31 décembre pour accueillir 25 000 réfugiés syriens au pays.

Lors d'une mêlée de presse, mardi midi, M. Couillard a dit que l'échéance très brève choisie par le gouvernement de Justin Trudeau était certes "exigeante", mais qu'il appartenait à Ottawa de faire la démonstration qu'elle était réaliste.

"L'hiver approche. Ça va être des conditions très, très difficiles pour ces familles dans les camps de réfugiés", a-t-il fait valoir, en reconnaissant le caractère urgent de l'opération sur le plan humanitaire.

"Ce serait une erreur fondamentale" de réclamer un report de l'échéance, selon lui.

Il s'attend à ce qu'Ottawa rende public son plan d'accueil "dans les prochains jours" et qu'il en assure la coordination avec les provinces et les villes.

Ottawa doit aussi assumer l'essentiel du financement de l'opération, a prévenu M. Couillard.

Il a tenu par ailleurs à se faire rassurant, affirmant que tout était en place pour faire en sorte que les enquêtes de sécurité soient menées de façon "diligente", "complète et efficace".

"Les réfugiés sont les victimes les plus horriblement atteintes du terrorisme actuellement, avec bien sûr les victimes de Paris. Ce sont leurs familles qui sont massacrées, ce sont leurs villages qui sont détruits, ce sont leurs parents qui sont tués devant eux", a-t-il ajouté, en rappelant que le Québec s'était déjà engagé à accueillir 3650 réfugiés syriens.

Le Québec doit "faire preuve d'accueil et de solidarité", a dit le premier ministre, sans préciser combien de réfugiés syriens, au total, pouvaient espérer poser le pied au Québec dans les prochaines semaines, en tentant compte des engagements d'Ottawa.

Plus tôt, le ministre intérimaire de la Sécurité publique, Pierre Moreau, paraissait plus inquiet des délais serrés imposés par le gouvernement fédéral.

Il a dit qu'il fallait s'assurer que la rapidité du processus ne compromettrait pas la rigueur des vérifications de sécurité effectuées.

"Il n'y aura pas un réfugié qui va arriver sur le sol québécois, tant et aussi longtemps que nous n'aurons pas l'assurance que les procédures de sécurité, ce qui inclut les vérifications de nature médicale, auront été correctement complétées", a-t-il dit.

Selon le ministre, l'objectif d'accueillir 25 000 réfugiés au Canada dans un délai si court est "irréaliste", une position différente de celle du premier ministre.

M. Moreau a affirmé que la vérification de sécurité de 2400 dossiers de réfugiés déjà parrainés, qui sont actuellement destinés au Québec, ne commencera que le 18 décembre.

À quelques jours des congés du temps des fêtes, M. Moreau s'attend à ce qu'un ralentissement normal du traitement de ces demandes ait un effet sur l'échéancier d'Ottawa.

Le ministre fédéral de la Sécurité publique, Ralph Goodale, communiquera d'ici la fin de le semaine avec Québec à ce sujet, a indiqué M. Moreau aux journalistes.

"Normalement les experts disent que les standards canadiens dans ce domaine-là sont très élevés et sont de nature à rassurer la population, a-t-il dit. On veut s'assurer qu'il n'y aura pas de raccourci pris pour respecter un échéancier qui n'est pas notre échéancier."

M. Moreau, qui est également ministre des Affaires municipales, a souligné que plusieurs maires ont soulevé des doutes concernant l'échéancier qui pourrait mener un total d'environ 5700 réfugiés syriens au Québec.

"Ce n'est pas l'échéancier des villes, ce n'est pas l'échéancier du gouvernement du Québec, a-t-il dit. Le gouvernement est prêt à recevoir des gens mais on ne le fera pas au détriment de la sécurité des gens."

Les parlementaires doivent débattre du sujet pendant deux heures, en Chambre, mardi.

Le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, a affirmé que la position de M. Couillard contraste avec celle de M. Moreau et de la ministre de l'Immigration, Kathleen Weil.

"On a Mme Weil et M. Moreau qui disent que c'est irréaliste de tous les accueillir avant le 31 décembre, a-t-il dit. Et M. Couillard par dogmatisme et par partisanerie, pour contredire l'opposition, tient mordicus à continuer à dire: non, non, non, on va absolument continuer à tous les accueillir avant le 31 décembre."

Selon M. Legault, le premier ministre mène un combat partisan contre l'opposition en laissant sous-entendre que la CAQ et le PQ sont intolérants.

"On sait que la majorité de ceux qui vont déposer des demandes ce sont des victimes de la situation en Syrie, mais on veut s'assurer que ne viennent pas s'intégrer quelques cas qu'il n'est pas souhaitable d'intégrer au Québec", a-t-il dit.

La députée Françoise David, de Québec solidaire, s'est montrée ouverte à discuter de cette question, à la condition que les échanges sur les questions de sécurité, accentuées par les attentats de djihadistes de vendredi à Paris, soient secondaires.

Selon Mme David, le débat doit servir principalement à examiner les questions relatives à la logistique de l'opération d'accueil.

"Ça n'est pas parce qu'on vit toutes ces émotions normales qu'il faut se laisser aller à l'irrationnel, a-t-elle dit. Restons rationnels."

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