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Robert-Falcon Ouellette, celui qui veut changer le sort des Autochtones

Celui qui veut changer le sort des Autochtones
Radio-Canada.ca

De sans-abri à député fédéral. Le parcours de Robert-Falcon Ouellette est hors du commun et inspirant. Portrait de ce jeune élu de Winnipeg qui incarne l'espoir.

Un texte d'Azeb Wolde-Giorghis

Il est jeune, éduqué, métis, et parle depuis longtemps de réaliser de vrais changements au Canada. Né à Calgary, il est originaire de la Nation Red Pheasant, en Saskatchewan. Depuis 2010, il dirigeait le programme d'études sur les Autochtones de l'Université du Manitoba, en encourageant les jeunes Autochtones à poursuivre leurs études.

Sa devise : savoir, c'est pouvoir (knowledge is power). Il prêche d'ailleurs par l'exemple : il détient un doctorat de l'Université Laval à Québec, ainsi que deux maîtrises, en plus d'avoir passé 18 ans dans l'armée canadienne.

Selon lui, la beauté d'être anthropologue, c'est d'être à l'écoute, et celle d'avoir été militaire, « c'est la capacité de prendre une décision ».

À 38 ans, Robert-Falcon Ouellette a un parcours hors du commun. Tantôt militant dans la rue, tantôt dans ses classes, il martèle toujours le même message.

« Si on veut voir le vrai changement, il faut commencer à travailler ensemble, et briser les barrières. »

— Robert-Falcon Ouellette

Incursion en politique municipale

En septembre 2014, il était le seul candidat autochtone à briguer la mairie de Winnipeg. Il est arrivé troisième. Quelque chose de plus grand l'attendait visiblement, car un an plus tard, il est élu député libéral de la circonscription Winnipeg-Centre.

Il affirme que la ville est divisée en deux, au nord, les pauvres, au sud, les plus nantis. On l'a suivi quelques jours dans les quartiers pauvres au nord de Winnipeg.

Chaque coin de rue, il est accueilli en héros par des jeunes, qui le voient comme un modèle à suivre. Il affirme être davantage préoccupé par les réalités des Autochtones aujourd'hui que par tout le débat sur l'histoire douloureuse des Premières Nations.

« Je suis plus concerné par les enfants qui ne mangent pas aujourd'hui, et ça se passe encore aujourd'hui. »

— Robert-Falcon Ouellette

Lui-même père de cinq enfants et, selon ses mots, « amoureux de la même femme depuis 20 ans », il aimerait voir un changement dans les conditions de vie des enfants autochtones. Le Manitoba détient le plus haut taux de pauvreté infantile au Canada.

Un quartier défavorisé de Winnipeg

Nous l'avons accompagné dans une des ruelles d'un quartier pauvre de Winnipeg. Sans hésitation, il va à la rencontre d'un groupe de personnes installées dans une cour. Il est alors témoin de scènes qu'il n'aimerait plus voir.

Des parents qui viennent d'inhaler de l'essence, incapables de formuler une phrase, devant des enfants désarmés, qui assistent à ce genre de scène régulièrement.

« Je pense à l'enfant. Malheureusement, les adultes c'est difficile de faire quelque chose, mais les enfants, il faut faire quelque chose. »

— Robert-Falcon Ouellette

Vivre dans les parcs

Tout ceci lui rappelle son enfance. Il dit avoir vécu dans l'extrême pauvreté, avoir été un sans-abri, élevé par une mère qui n'avait pas d'éducation, souffrante et trop fière pour réclamer un chèque d'aide sociale. Son père, alcoolique, était un survivant des pensionnats indiens et n'était plus dans les parages.

L'été, elle lui disait qu'ils allaient faire du camping. Ils vivaient dans les parcs, utilisaient les piscines municipales pour se laver. Et quand l'hiver approchait, il demandait à sa mère pourquoi il devait passer autant de temps à l'extérieur, c'est à ce moment-là qu'il retournait à l'école.

Sa mère, Sharon, finit par se trouver un emploi et l'inscrit dans un collège privé de Calgary, le collège Strathcona-Tweedsmuir. Elle falsifie son salaire pour emprunter de l'argent à la banque pour payer ses études. Et c'est justement là qu'il fait une rencontre déterminante qui va changer le cours de sa vie. La rencontre d'un enseignant de son école secondaire, un certain M. Hendricks, qui le prend sous son aile.

« Je me souviens d'un enseignant au secondaire, qui ne me demandait rien. Il me donnait tout son amour, sa protection, sa sagesse et son esprit. Il me donnait tout ce dont il était capable. »

— Robert-Falcon Ouellette

Aider les autres

À son tour aujourd'hui, il veut tendre la main aux siens pour les sortir de la pauvreté.

« Je me sens bien dans tous les milieux, car dans mes veines coule le sang des Français, le sang métis, des Premières Nations. Ma grand-mère était Crie, mon père parlait cri, français et anglais, ma mère était une Britannique ».

Son rêve : améliorer le sort des Premières Nations. Robert-Falcon Ouellette affirme ne pas être un politicien de carrière, et dit avoir une vision à long terme. « Si je ne fais pas quelque chose aujourd'hui, qui va le faire? », demande-t-il. C'est désormais à Ottawa, que se poursuivra sa lutte.

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