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«La chambre interdite»: Guy Maddin, toujours aussi fou et fascinant (ENTREVUE/PHOTOS)

«La chambre interdite»: Guy Maddin, toujours aussi fou et fascinant (ENTREVUE/PHOTOS)

Le Manitobain les a tous ressuscités. Des abysses du 7e art, le bricoleur Guy Maddin sort de sa boîte à surprise fantasmagorique sa nouvelle offrande: La chambre interdite, coréalisée avec le jeune Evan Johnson, et dans laquelle semble flotter les fantômes de Méliès, Eisenstein, Murnau et Fritz Lang.

S’y côtoie également, dans une orgie de couleurs triturées et délavées, une myriade d’acteurs comme Charlotte Rampling, Roy Dupuis, Geraldine Chaplin, Mathieu Amalric ou Caroline Dhavernas, pour n’en citer que quelques-uns. Tout ce beau monde au service d’une œuvre protéiforme, véritable hommage au cinéma muet.

«Je ne l’ai jamais vu comme un hommage, interrompt subitement le réalisateur en entrevue. Ce film est davantage un voyage organique dans les trésors égarés de notre cinématographie mondiale. Je n’avais qu’à piocher dans ce magma de pellicules perdues, presque sacrées, afin de réinterpréter ma propre vision des choses.»

«La chambre interdite» de Guy Maddin

Avec son allure de bûcheron sympathique issue de l’Ouest canadien, Guy Maddin brise le portrait de son humour pince-sans-rire. On sent bien que le réalisateur de 59 ans prend toujours autant de plaisir à pétrir la matière cinéma quitte à tenter l’impossible en amalgamant sous-marin, déesse amnésique et coureur des bois.

«J’ai inclus dans ce film le plus de genres possible, dit-il. J’ai aussi travaillé les couleurs et j’ai demandé à Ron and Russell Mael du group pop Sparks d’enregistrer une bande musicale originale. Si j’ai mis autant d’efforts, c’est surtout dans l’espoir que les gens aiment cette œuvre. Qu’il trouve quelque part à travers ces images, un petit écho à leur propre existence.»

D’internet au cinéma

Du pur Maddin donc puisque les connaisseurs reconnaitrons à travers un récit difficile à résumer, sa signature expressionniste, même si cette production semble avoir profité d’un budget plus confortable, lui qui nous avait habitués à «fabriquer» de véritables petites perles avec trois fois rien.

«J’avais ce projet dans la tête depuis un certain nombre d’années, explique-t-il. J’ai demandé à mon coréalisateur, Evan Johnson, d’entreprendre des recherches sur l’adaptation d’une histoire qui prendrait ses origines à partir de films perdus ou jamais réalisés. Ce qu’on a découvert est phénoménal.»

Le réalisateur de My Winnipeg avait d’abord pensé à une œuvre digitale, disponible uniquement sur la toile. «Pour des questions financières, nous avons décidé d’en faire un film, mais nous n’avons pas abandonné le projet internet qui devrait voir le jour en 2016», précise-t-il.

Ce fou de cinéma expérimental a fait de sa Chambre interdite un poème à part entière. Réalisé en partie au Centre Phi de Montréal et au Centre Pompidou à Paris, et ce devant public, le long métrage de plus de deux heures fut un gros défi puisqu’en quelques séances seulement, le cinéaste a tourné pas moins de 12 films réunissant près d’une trentaine de comédiens.

«Ils ont tous pris un gros risque artistique, car on tournait devant les visiteurs. Ce n’était pas un spectacle, alors chacun devait être prêt pour la séquence, qu’importe son état d’esprit. À mon grand étonnement, tout s’est bien passé. L’ambiance était généralement amicale.»

La chambre interdite (The Forbidden Room) – Film d’art et d’essai – Métropole Films Distribution – 130 minutes – Sortie en salles le 23 octobre 2015 – Canada.

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