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Bordels, héroïne et marijuana: une publicité conservatrice met en garde contre Justin Trudeau

Bordel et drogues: une pub conservatrice met en garde contre Trudeau
Min Pao

Le chef du Parti conservateur, Stephen Harper, a refusé de commenter une campagne publicitaire, menée auprès de certaines communautés culturelles, accusant le chef libéral Justin Trudeau de vouloir vendre de la marijuana aux enfants, étendre les sites d'injection de drogue et établir des bordels.

Un texte de Sophie-Hélène Lebeuf

Adressée aux communautés chinoise et pendjabi des régions de Toronto et Vancouver, la campagne en cours se fait dans des journaux et des stations de radio de Vancouver-Sud et Richmond, en Colombie-Britannique, ainsi que de Richmond Hill et Markham, en Ontario.

« Les libéraux veulent légaliser la marijuana, ils en faciliteraient l'accès aux enfants. Les libéraux veulent installer des centres d'injection de drogues illégales dans vos quartiers. Les libéraux veulent légaliser la prostitution, laisser apparaître des bordels dans vos quartiers. »

— Publicité du Parti conservateur dans le journal en mandarin Ming Pao

Questionné mercredi sur ce sombre portrait dépeint par les publicités, le chef conservateur a refusé de dire si les Canadiens devaient avoir peur que cela se concrétise advenant l'élection des libéraux. Stephen Harper a rapidement recentré le message autour des enjeux économiques.

« Je pense que les Canadiens doivent choisir entre deux directions à donner à ce pays, non seulement en ce qui concerne les enjeux que vous venez de mentionner, mais aussi, de façon encore plus marquée, en ce qui concerne l'économie. Les autres vont affirmer qu'il s'agit de peur, quand tout ce que essayons de faire est d'attirer l'attention sur des faits dont ils ne veulent pas parler », a-t-il affirmé, mettant en garde contre l'approche écomique des libéraux et des néo-démocrates.

Dans une déclaration écrite émise la veille, le bureau du premier ministre sortant a pourtant martelé les risques sociaux que fait, selon lui, courir à la population le Parti libéral.

« Justin refuse de reconnaître les dommages que cause la drogue aux familles et aux communautés. Il veut permettre la vente de la marijuana dans les dépanneurs et augmenter le nombre de sites d'injection d'héroïne, autant de politiques dangereusement malavisées qui ne feraient que rendre les drogues plus accessibles à nos enfants. »

— Déclaration du bureau de Stephen Harper

Les conservateurs n'ont cependant pas limité leurs attaques sur ces questions dans les publicités publiées ces derniers jours.

La réponse du bureau de Stephen Harper reprend en fait les termes exacts d'un communiqué publié en août dernier.

Le député sortant d'Oakville, Terence Young, a avancé les mêmes arguments lors d'un débat local entre candidats, la semaine dernière.

En septembre, le ministre sortant du multiculturalisme, Jason Kenney, avait lui aussi soutenu que Justin Trudeau pensait que la marijuana devait être vendue « dans les dépanneurs », et qu'il voulait « forcer les communautés » à établir des centres d'injection de drogues illégales et à « accepter les bordels ».

Une tactique « indigne » d'un premier ministre

Interrogé sur ces nouvelles publicités conservatrices, le chef libéral a déclaré qu'elles étaient représentatives du style de gouvernance du premier ministre sortant, ajoutant que les Canadiens étaient « fatigués de cela ».

« Nous avons vu qu'il mise toujours sur la division, les attaques et ne s'empêche jamais de dire des faussetés aux Canadiens quand ça l'arrange », a-t-il soutenu.

« Ces politiques de peur et de division ne sont pas dignes d'un premier ministre et ne sont pas ce que les Canadiens s'attendent à avoir d'un premier ministre potentiel. »

— Justin Trudeau, chef du Parti libéral

Affirmant qu'il menait pour sa part une « campagne positive », il a soutenu que les Canadiens avaient non seulement besoin d'un « gouvernement différent », mais également « meilleur ». « Je vais laisser M. Harper continuer de porter son attention sur moi, je vais continuer de porter mon attention sur les Canadiens », a-t-il conclu.

Tirer profit de la stratégie conservatrice

Affirmant que la « campagne de dénigrement » de leurs adversaires venait d'atteindre, avec ces publicités, « son niveau le plus bas [...] jamais vu », les libéraux tentent toutefois de tourner la campagne conservatrice à leur avantage.

Ces derniers jours, la formation a contacté les sympathisants libéraux par courriel pour solliciter leurs dons afin de l'aider à faire élire un parti qui avait un « plan positif » et qui ne recourait pas à de telles tactiques.

Dans les faits, les libéraux proposent de légaliser la marijuana en encadrant sa vente et sa consommation par de nouvelles lois. Ils se sont ainsi engagés à en interdire la vente à des mineurs et à rendre illégale la conduite automobile à quiconque avait consommé du cannabis. Ils promettent de créer un groupe de travail fédéral-provincial, qui collaborerait avec des spécialistes.

Justin Trudeau a par ailleurs promis de respecter la décision de la Cour suprême sur l'ouverture de centres d'injection supervisée pour aider les toxicomanes, comme le réclamait le maire de Montréal, Denis Coderre. Ce dernier entend concrétiser prochainement le projet de la Direction de la santé publique de Montréal d'instaurer trois centres et une unité mobile.

En 2011, dans une décision unanime, la Cour suprême avait débouté le gouvernement Harper, qui voulait faire fermer le centre d'injection de drogue supervisée Insite, à Vancouver. Le tribunal avait appuyé son jugement sur la Charte des droits et libertés, qui stipule que les citoyens ont droit à la vie, à la liberté et à la sécurité de leur personne.

Le chef libéral a en outre voté contre le projet de loi C-36 encadrant la prostitution.

Rien dans le programme libéral ne mentionne la légalisation des maisons de débauche.

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