Le Front national, le parti politique français dirigé par Marine Le Pen et souvent associé à l'extrême droite, met son grain de sel dans la campagne électorale canadienne : le FN apporte son soutien au candidat du Bloc québécois qui a dû se retirer pour avoir partagé une vidéo de Marine Le Pen sur Facebook.
Un article de Bahador Zabihiyan
« Mes chères compatriotes, la France est endeuillée », disait Marine Le Pen dans un discours solennel au lendemain des attentats qui avaient frappé le pays en janvier dernier. Elle y dénonçait « la professionnalisation » des attentats et demandait au gouvernement d'agir au plus vite contre « l'islamisme radical ».
C'est ce discours qu'avait partagé sur Facebook Jacques Tremblay, ajoutant qu'il était « digne d'un chef d'État, davantage qu'Hollande ou Sarko [sic] ». « Vivement le FN et vive la France patriote », avait-il ajouté.
M. Tremblay, devenu entre-temps candidat pour le Bloc québécois dans la circonscription de Montclam, a dû démissionner lorsque La Presse a appris et publié ses propos, le dimanche 21 septembre dernier.
« C'est un manque de jugement de partager des discours ou des bribes de discours ou des communiqués ou autres de Marine Le Pen ou du Front national. »
— Dominic Vallières, porte-parole du Bloc québécois
Injuste, dit le vp du NP
Mais en entrevue avec Radio-Canada, le vice-président du FN, Florian Philippot, a tenu à soutenir l'ex-candidat. « J'ai regardé le discours qu'il avait relayé; c'était un propos de vérité », dit M. Philippot.
« Nous trouvons évidemment très injuste l'exclusion de ce candidat, qui a relayé un discours de Marine Le Pen, qui est aujourd'hui l'une des principales personnalités politiques de France. »
— Florian Philippot, vice-président du Front national
C'est à tort que son parti est généralement associé à l'extrême droite, dit-il.
« Il y a malheureusement au Canada une pensée unique très importante, qui essaye de relayer une image fausse du Front national », affirme-t-il.
Il critique aussi le NPD, dont un porte-parole a comparé sur Twitter le Bloc au FN de manière péjorative. « Être comparé au Front national, [ce devrait être] un honneur », réplique M. Philippot.
Philippot souverainiste
Le Front national, qui prône notamment la souveraineté de la France face aux décisions prises à Bruxelles par l'Union européenne, entretiendrait par ailleurs des contacts avec certains souverainistes québécois, à en croire son vice-président.
« Il n'y a pas de relations officielles, mais il y a de plus en plus de prises de contact », confirme-t-il.
« J'apporte mon soutien à la cause souverainiste, [mais] c'est aux Québécois et aux Canadiens de régler leurs affaires souverainement », précise-t-il.
Pour le porte-parole bloquiste Dominic Vallières, cependant, le FN ne partage en rien les valeurs de son parti. Les membres du Bloc qui soutiennent les positions du FN s'exposent à une exclusion du parti, dit-il.
« En notre sens, il n'y a aucune communauté de vues entre le Bloc québécois et le Front national », dit M. Vallières.
Radio-Canada a tenté en vain de contacter Jacques Tremblay. Mais celui-ci a fait part de son désarroi sur Facebook. « Je ne suis pas du FN et je n'y serai jamais », écrit-il, en se décrivant comme un homme démoli « physiquement » et « moralement ».
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