Deux ans après la catastrophe ferroviaire qui a coûté la vie à 47 personnes, les candidats aux élections passent sur la pointe des pieds à Lac-Mégantic. Dans la population, déception et frustration dominent les conversations.
Un texte de Marc Godbout
La sécurité ferroviaire reste un thème peu abordé dans cette campagne électorale fédérale, mais dans la circonscription de Mégantic-L'Érable, l'enjeu revêt un caractère significatif. La population veut des engagements fermes des différents partis sur la construction d'une voie de contournement.
Depuis juillet 2013, près d'un millier de personnes ont quitté la ville.
« Il y a beaucoup de gens qui ne sont pas partis encore, qui attendent après les élections, qui s'interrogent sérieusement s'ils vont continuer à vivre ici s'ils ne sont pas plus protégés que ça du danger qui nous menace : le chemin de fer. » — Gilles Fluet, résident de Lac-Mégantic
Rails et traverses endommagés, clous manquants : encore aujourd'hui, pas besoin d'aller très loin du centre-ville pour constater que la voie ferrée est loin d'être en parfait état, malgré la catastrophe. Rien pour aider une population encore sous le choc, qui vit un traumatisme continu.
« [La voie ferrée] est dans un état lamentable, on n'a même pas mis un sou là-dessus en deux ans. Il y a encore des produits dangereux qui passent quatre à cinq fois par semaine sur cette voie-ci, des convois de gaz propane et d'acide sulfurique. » — Robert Bellefleur, résident de Lac-Mégantic
Les trains passent encore
Le passage des wagons de pétrole, interdits depuis la catastrophe, doit reprendre dans quelques mois.
Pierre Latulippe voit déjà passer les convois de gaz propane et d'acide sulfurique à un jet de pierre de sa résidence. Pour l'ancien directeur du Centre de santé et de services sociaux (CSSS), la voie de contournement doit faire partie du remède pour aider la population à se rétablir de la tragédie.
« La population est inquiète et consomme davantage de services psychosociaux pour l'aider à vivre cette situation-là.Il y a comme un timing pour régler ça », dit-il.
« Une ville qui a été dévastée, qu'on n'en parle même pas après quatre ou cinq semaines de campagne fédérale, c'est inquiétant. » — Pierre Latulippe, résident de Lac-Mégantic
La voie de contournement, enjeu électoral
Lac-Mégantic se trouve dans l'une des cinq circonscriptions détenues au Québec par les conservateurs. La voie de contournement fait présentement l'objet d'une étude de faisabilité, mais le parti de Stephen Harper préfère en attendre les conclusions avant de se prononcer. L'examen devrait prendre trois ans à réaliser.
Seul le Nouveau Parti démocratique (NPD) s'est engagé à réaliser la voie de contournement, dont le coût très approximatif oscille entre 50 et 175 millions de dollars.
Robert Bellefleur est convaincu que les électeurs se mobiliseront. « Je pense que les gens ne sont pas fous, affirme-t-il. Ils vont voter pour le parti qui va prendre un engagement clair par rapport à la voie de contournement. »
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