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Élections 2015 - Avantages et inconvénients d'une campagne électorale estivale selon 5 experts

Avantages et inconvénients d'une campagne estivale

Une campagne électorale estivale est une activité plutôt rare au Canada. Sans compter les votes tenus en juin, seules près d'une demi-douzaine de campagnes fédérales dans l'histoire du pays — incluant celle-ci — se sont déroulées en partie durant les mois d'été.

Mais est-ce une bonne idée de tenter de convaincre les électeurs sous le chaud soleil d'été? La Presse Canadienne a interrogé cinq experts pour faire ressortir les avantages et les inconvénients de mener une campagne électorale à cette période de l'année.

Du côté positif, faire du porte-à-porte l'été est sans aucun doute plus simple et agréable que quand le mercure demeure sous zéro, note Joe Jordan, un ancien député libéral aujourd'hui consultant chez Groupe Capital Hill. Et les candidats bénéficient de plus d'heures d'ensoleillement pour faire leur tournée.

La belle saison signifie également davantage d'événements locaux où les candidats peuvent se faire voir, tels des barbecues, des défilés et des foires, fait valoir M. Jordan. Ces événements peuvent remplacer les activités que les organisateurs de campagne auraient eu à planifier eux-mêmes, ajoute Tim Powers, vice-président de la firme Summa Strategies.

Cependant, les politiciens peuvent souffrir de surexposition en été, nuance M. Jordan. Les gens qui prennent part aux festivités populaires ou qui profitent des vacances dans leur cour arrière n'ont peut-être pas envie de discuter politique, surtout s'il s'agit du cinquième candidat qui les approche.

Jonathan Malloy, professeur associé de science politique à l'Université Carleton d'Ottawa, estime que les partis et les candidats peuvent tirer avantage des événements estivaux, davantage décontractés, pour cibler leurs sympathisants, consolider leur base partisane et renforcer leur position dans les circonscriptions prenables.

Tim Powers abonde dans le même sens, soulignant que les candidats perçus comme stricts et austères ont une chance de présenter aux électeurs une facette plus raffinée de leur personnalité. Toutefois, plus une campagne dure longtemps, plus les risques qu'un candidat fasse une gaffe augmentent, et cela peut couler son parti, poursuit-il.

Une longue campagne estivale pose également des questions logistiques, comme l'installation et l'entretien de panneaux sur les pelouses durant des semaines.

Autre avantage, même si les gens n'y portent pas beaucoup attention: les partis politiques disposent de temps pour façonner l'image de leurs adversaires dans l'esprit des électeurs. Ce que font les actuelles publicités conservatrices contre le chef libéral Justin Trudeau et les attaques néo-démocrates contre les conservateurs.

Les thématiques de chacune des campagnes publicitaires commencent déjà à faire leur chemin. Kathy Brock, professeure de politiques publiques et de science politique à l'Université Queen's, à Kingston, a constaté cet été dans le cadre de son travail avec des groupes d'aînés que des participants qui votent pour les conservateurs depuis des années parlent maintenant du besoin de changement. Sauf que s'ils étaient naturellement retournés vers les libéraux par le passé, aujourd'hui, ils ne sont pas convaincus de vouloir voter pour Justin Trudeau.

L'aspect négatif de cette stratégie est que le message peut échapper au parti. Les électeurs l'auront entendu, mais ils en discuteront de manière informelle au parc ou au bord de la piscine, ce qui signifie que les candidats ont moins d'occasions de s'assurer que leur message est bien compris, fait remarquer Mme Brock.

De plus, les heures de grande écoute télévisuelles sont quasi inexistantes l'été, ce qui diminue l'efficacité des publicités traditionnelles. Toutefois, selon Jonathan Malloy, ce problème est moins criant que par le passé à cause des réseaux sociaux et des publicités ciblées.

En somme, faire campagne à la chaleur apporte son lot de défis et de dépenses particulières. «Nous avions de grandes quantités d'eau embouteillées (disponibles) pour les démarcheurs», se souvient par exemple l'ancienne stratège libérale Penny Collenette, qui a participé à la campagne estivale de son mari David en 1974.

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