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Coups de fouet et prison : Raif Badawi devra purger sa peine (VIDÉO)

La sentence de Raif Badawi maintenue (VIDÉO)

Malgré les pressions internationales, la Cour suprême d'Arabie saoudite maintient la sentence imposée au blogueur Raif Badawi, dont la famille est réfugiée à Sherbrooke, au Québec.

Pour avoir critiqué le régime saoudien et l'islam, le tribunal a confirmé que M. Badawi devra purger sa peine de 10 ans de prison et qu'il recevra les 1000 coups de fouet auxquels il a été condamné dans sa peine initiale. Il lui sera ensuite interdit de sortir du pays pendant 10 ans, en plus de devoir payer une amende.

La décision de la Cour suprême est finale, a indiqué dimanche son épouse, Ensaf Haidar, en se disant ébranlée par cette décision irrévocable. Le jugement pourrait toutefois être infirmé par le pardon royal.

« Je garde espoir, mais seulement un peu. Ce n'est pas comme avant. Aujourd'hui c'est une journée difficile. Mais j'espère que tous les gouvernements et tous les gens vont travailler sur Raif », a commenté Mme Haidar.

« Je pense que les coups de fouet vont recommencer vendredi prochain », a-t-elle poursuivi.

Pour le moment, Raif Badawi n'a subi qu'une seule séance de coups de fouet. Après 50 coups en janvier dernier, toutes les autres séances de flagellation de l'homme de 31 ans ont été reportées, en raison de son état de santé.

Arrêté en en juin 2012, puis condamné, le blogueur a soulevé la compassion internationale. Au Québec, plusieurs manifestations pour exiger sa libération se sont tenues, ainsi qu'en Europe. Amnistie internationale s'est aussi impliquée dans ce dossier.

En décembre, le roi Abdallah, aujourd'hui décédé, avait finalement demandé à la Cour suprême de se pencher sur l'affaire.

Les pressions doivent continuer

L'organisme de défense des droits humains Amnistie internationale espère toujours voir Raif Badawi être libéré et affirme qu'il continuera à le soutenir, ainsi que sa famille.

« Pour Amnistie internationale, la campagne ne change pas. On va continuer nos démarches, par exemple entourant la sortie de son livre qui regroupe ses blogues, pour le troisième anniversaire de son emprisonnement », indique Mireille Elchacar, coordonnatrice régionale d'Amnistie internationale en Estrie.

Mme Elchacar rappelle aussi que l'organisme demande au gouvernement canadien de s'engager plus « fermement » dans le dossier, en entreprenant des démarches diplomatiques avec les autorités saoudiennes et en demandant la libération de M. Badawi.

« Il y a plusieurs pays qui ont agi plus fermement. On sait que l'Allemagne a rompu ses contrats avec l'Arabie saoudite, alors que le Canada vient de signer un contrat de 15 milliards de dollars d'armes avec le pays. »

— Mireille Elchacar, d'Amnistie internationale

Amnistie internationale demande également que, s'il est libéré, Raif Badawi puisse revenir au Canada, en vertu de la réunification familiale. « Car bien sûr, s'il est libéré en Arabie saoudite, on ne pense pas que sa situation sera des plus saines », précise Mme Elchacar.

De son côté, le Canada affirme avoir déjà fait des démarches auprès des autorités saoudiennes en lien avec la situation de Raif Badawi, « bien que M. Badawi ne soit pas citoyen canadien ».

« Le Canada a présenté son point de vue à l'ambassadeur d'Arabie saoudite en poste à Ottawa. De plus, l'ambassadeur du Canada à Riyad a rencontré le commissaire aux droits de l'homme d'Arabie saoudite et le ministère saoudien des Affaires étrangères (direction des droits de l'homme et des affaires des organisations non gouvernementales). »

— Ministère des Affaires étrangères du Canada

Pour la députée néodémocrate Hélène Laverdière toutefois, les actions du Canada dans ce dossier ne sont que des « mesures relativement modestes ». Mme Laverdière pense que Le Canada devrait être à l'avant-garde des protestations internationales, puisque la famille de Raif Badawi vit sur son sol.

« On a parlé à l'ambassadeur saoudien à Ottawa, mais ça ne suffit pas ça. Il faut vraiment monter un peu plus haut. Il faudrait que le ministre Nicholson [ministre des Affaires étrangères] parle à son homologue, ou même que le premier ministre parle au roi d'Arabie saoudite. »

— Hélène Laverdière, députée de Laurier-Sainte-Marie et porte-parole du NPD en matière de développement international

Quant à la ministre des Relations internationales du Québec, Christine St-Pierre, elle est un peu du même avis qu'Hélène Laverdière, et dit que le Canada doit « changer de vitesse ».

« Nous allons évidemment maintenir les pressions. J'ai demandé aussi d'avoir une conversation téléphonique avec le ministre Nicholson, qui est mon vis-à-vis à Ottawa. [...] Nous demandons à l'Arabie saoudite que cet homme puisse venir rejoindre sa femme et ses trois enfants », a-t-elle précisé.

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