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Crise au CHUM: Jacques Turgeon accepte le poste de PDG (VIDÉO)

Jacques Turgeon accepte de reprendre la direction du CHUM

Jacques Turgeon accepte de rester au Centre hospitalier universitaire de l'Université de Montréal (CHUM) : le ministre de la Santé et des Services sociaux Gaétan Barrette l'a annoncé, mardi, par voie de communiqué.

Rappelons que la démission de M. Turgeon jeudi dernier du poste de directeur général du CHUM avait déclenché une crise révélatrice des tensions existant entre le ministre de la Santé et la direction du CHUM, l'un des établissements piliers du monde de la santé à Montréal.

En effet, le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, avait eu fort à faire pour s'expliquer dans la foulée de cette démission, Jacques Turgeon ayant accusé ce dernier « d'abus de pouvoir » et « d'ingérence ».

Cinq des membres du conseil d'administration du CHUM avaient par la suite successivement annoncé leur démission avec, à leur tête, le président du C. A., Jean-Claude Deschênes, une sommité en matière de gouvernance.

Une main tendue

Au milieu de ce brouhaha, le ministre Barrette avait parlé de « main tendue » pour demander à Jacques Turgeon de revenir sur sa décision de démissionner.

Avec les changements entraînés par la loi 10, Jacques Turgeon, qui occupait les fonctions de directeur général auparavant, va devenir président-directeur général de l'établissement à compter du 1er avril prochain, et ce, pour un mandat de trois ans.

C'est un Jacques Turgeon serein et posé qui a rencontré la presse en après-midi mardi : « Je suis donc très heureux de pouvoir poursuivre, épaulé par le conseil d'administration, le travail amorcé depuis juin dernier à la tête du vaisseau amiral de notre système de santé au Québec », a-t-il déclaré. Jacques Turgeon a tenu à souligner particulièrement « le courage » de Jean-Claude Deschênes et du Dr Paul Perrotte ainsi que tous les autres membres du conseil d'administration qui ont « tangiblement appuyé » sa décision.

De son côté, Jean-Claude Deschênes a remercié Gaétan Barrette et le premier ministre Couillard lui-même, a-t-il dit, pour leur contribution personnelle à la résolution d'une situation qu'il a qualifiée de « pénible ».

Un processus de nominations litigieux

Dans son communiqué, Gaétan Barrette réitère sa pleine confiance envers M. Turgeon « et dans le respect intégral des processus de sélection entourant les nominations des chefs de départements du CHUM ».

« Il s'agit de nominations qui relèvent de l'administration interne, et je suis convaincu que monsieur Turgeon saura rassurer le corps médical, les spécialistes visés et les ressources hospitalières du CHUM sur la totale neutralité et impartialité du processus. »

— Le ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec, Gaétan Barrette

Il faut se rappeler que le litige opposant Jacques Turgeon au ministre Barrette portait, aux dires de M. Turgeon, sur la nomination du chef du département de chirurgie du CHUM. Jacques Turgeon affirmait que le ministre et son entourage avaient exercé des pressions indues sur lui pour que soit reconduit à ce poste le Dr Patrick Harris.

Le ministre Gaétan Barrette, pour sa part, expliquait le conflit par des « chicanes de clocher » qui perdurent, notamment entre médecins du CHUM, depuis au moins une décennie, disait-il.

De Paris, où il effectuait la semaine dernière une mission de nature économique, le premier ministre Philippe Couillard était intervenu en disant qu'il fallait remettre de l'ordre dans les affaires du CHUM, parlant de « problèmes de gouvernance » au sein de l'établissement.

En écho à ces propos du premier ministre, le ministre Barrette affirme maintenant que Jacques Turgeon sera soutenu « par les recommandations du Dr Michel Baron et de M. Claude Desjardins, mandatés par l'Agence de santé et des services sociaux de Montréal pour proposer des actions en vue de raffermir la coopération entre le corps médical et l'administration », assurant ainsi la meilleure transition possible vers le nouveau CHUM.

Il est prévu que le Dr Baron et M. Desjardins déposent leur rapport au cours des prochaines semaines.

Quant au contesté Dr Harris, « il y a déjà un comité qui est en marche et les processus vont être respectés intégralement », a expliqué Jacques Turgeon, précisant que le Dr Harris a le choix de poser sa candidature s'il le désire.

« Une main tendue » jusqu'au C. A.

À titre de PDG du CHUM, Jacques Turgeon sera membre du C. A. de l'établissement. Au terme des négociations qu'ont eues ces derniers jours le ministre Barrette et Jacques Turgeon, il a été convenu que les candidatures de membres démissionnaires seront considérées pour la formation du nouveau C. A. du CHUM. Le ministre Barrette prend également l'engagement de considérer Jean-Claude Deschênes comme le président du conseil d'administration.

Ces soubresauts frappant l'un des établissements de santé les plus cruciaux pour la province surviennent à moins d'un an et demi du déménagement du CHUM au 1000, rue St-Denis, dans la métropole. La semaine dernière, le premier ministre Couillard avait rappelé l'importance de considérer « le bénéfice des patients » au milieu de tous ces changements importants qu'impose son gouvernement au milieu de la santé québécois.

Le plus grand centre hospitalier universitaire sur site unique au Canada

Pour le recteur de l'Université de Montréal (UdeM), Guy Breton, le CHUM joue un rôle unique en ce sens qu'il englobe non seulement l'aspect des soins prodigués aux patients mais également l'enseignement, la recherche, l'évaluation de la technologie et la promotion de la santé. En conférence de presse aux côtés de Jacques Turgeon, M. Breton s'est réjoui qu'une fois le déménagement accompli, le CHUM sera le plus grand centre hospitalier universitaire sur site unique au Canada.

Mais encore faut-il que les tensions qui y règnent soient domptées. En ce qui a trait au département de chirurgie, un nouveau chef ne signifiera pas qu'on change toutes les structures, a prévenu Jacques Turgeon qui insiste sur la nécessité de nommer « la bonne personne ». Quant à Guy Breton, il estime que la réputation de tension qui a été attachée au CHUM est « surfaite ».

Réaction favorable du Conseil pour la protection des malades (CPM)

Paul G. Brunet, président du Conseil pour la protection des malades, considère que la manière dont la crise a été résolue ces derniers jours au CHUM constitue « un exemple frappant de la flexibilité et de la compréhension » dont peut faire preuve Gaétan Barrette.

Cependant, bien qu'il se dise satisfait de la tournure des événements, le CPM adresse une sorte d'avertissement à Gaétan Barrette : « Le CPM exhorte aussi le ministre, comme ce dernier l'avait pourtant promis, à ne pas intervenir dans la gestion et dans les nominations qui relèvent des dirigeants d'établissements, s'il veut désormais que ceux-ci répondent des succès comme des échecs de leurs actions ».

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