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Bisbille au CHUM : le directeur général Jacques Turgeon démissionne

Démission du directeur général du CHUM
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Le ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec, Gaétan Barrette, a annoncé la démission du directeur général du Centre hospitalier universitaire de l'Université de Montréal (CHUM), Jacques Turgeon. « C'est une surprise pour moi », a déclaré le ministre Barrette, en spécifiant qu'il n'avait pas réclamé cette démission.

Cette démission survient à un an de l'ouverture du nouvel hôpital. Le conseil d'administration du CHUM doit désigner la personne qui sera directeur général par intérim.

« C'est une démission qui est non sollicitée et qui est surprenante, et conséquemment, il n'y a pas de prime associée à ce départ », a précisé le ministre de la Santé.

Jacques Turgeon était en poste depuis le 29 mai 2014. Il avait succédé à Christian Paire, qui avait quitté son poste dans la controverse en décembre 2013. Sa démission entre en vigueur immédiatement compte tenu que M. Turgeon, qui le précise dans sa lettre de démission, n'avait pas de contrat d'embauche depuis plus de neuf mois, soit depuis son entrée en fonction.

« Je l'ai rencontré lundi soir et nous avons eu une franche discussion sur les problèmes éprouvés par le CHUM », a expliqué le ministre Barrette, évoquant des guerres de clans internes qui nuisent au fonctionnement du département de chirurgie, mais aussi à celui de l'hôpital. Selon le ministre, cependant, ces tensions au sein du centre hospitalier n'ont pas causé d'inconvénients aux patients.

Dans sa lettre de démission, Jacques Turgeon affirme avoir été victime de harcèlement. « C'est une affaire interne et la plupart du temps, dans ces situations, il y a des docteurs qui se lancent des noms », a décrit le ministre Barrette qui ajoute que cette situation tendue a cours au CHUM depuis de nombreuses années. Le ministre affirme que dans les reproches que se formulent les médecins, il y a « de l'intimidation, [des problèmes au niveau de] l'attitude et des tractations ».

« Je l'ai toujours dit, les médecins sont des êtres humains et ils ont parfois des comportements qui sont ceux de tout un chacun. Ils ne sont pas parfaits. »

— Le ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec, Gaétan Barrette

Un processus de nomination contesté

Depuis l'été 2014, de nombreuses demandes d'intervention ont été formulées au ministre Barrette de la part de médecins du CHUM appartenant à divers services et départements. Gaétan Barrette affirme que plusieurs médecins avaient soulevé la possibilité de « partialité » dans un premier exercice de nomination du chef de département de chirurgie.

Par conséquent, par la suite, le CHUM a repris à zéro ce processus en formant un nouveau comité de sélection. Mais, le 16 février dernier, Gaétan Barrette affirme avoir reçu une nouvelle lettre contestant, encore une fois, la neutralité du nouveau comité de nomination.

La période de mises en candidature pour nommer le chef du département de chirurgie doit prendre fin le 27 mars. « À ma grande surprise, explique Gaétan Barrette, Jacques Turgeon m'a appris qu'un candidat était manifestement quasiment choisi par la direction pour occuper le poste. Dans le contexte actuel de déménagement du CHUM et afin d'assurer la stabilité [...] j'ai suggéré à M. Turgeon de considérer de maintenir en poste les sept chefs de départements [...] et de relancer le processus de nomination après le déménagement, c'est-à-dire en 2016, début 2017. »

La version de Jacques Turgeon

Dans sa lettre de démission, cependant, Jacques Turgeon envoie un autre son de cloche. Il écrit avoir reçu comme condition sine qua non de sa propre nomination à titre de PDG du CHUM de « reconduire le Dr Patrick Harris à titre de chef de chirurgie du CHUM ». Une reconduction à laquelle Jacques Turgeon s'oppose.

Jacques Turgeon a écrit au ministre Barrette « que l'imposition de cette condition relève d'une ingérence politique inacceptable et d'un abus de pouvoir ».

« Vous avez clairement reconnu qu'il existe au département de chirurgie des éléments d'intimidation et de harcèlement importants. [...] De par mes convictions d'intégrité et d'honnêteté du respect des processus, et de mes valeurs face à l'intimidation et au harcèlement, je ne peux accepter votre imposition de condition et voir reconduire le mandat du Dr Harris. »

— Jacques Turgeon, directeur général démissionnaire du CHUM

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