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«La tempête» de Gabriel Anctil: catastrophe familiale en pleine crise du verglas (ENTREVUE)

«La tempête» de Gabriel Anctil: catastrophe familiale en pleine crise du verglas
Jorge Camarotti

Janvier 1998, la pluie verglaçante fait des ravages au Québec, privant d’électricité des millions d’habitants et forçant des milliers de personnes à quitter leur domicile, pour s’établir dans un refuge ou chez leur parenté. Confinés entre quatre murs, certains ont vu de vieux conflits familiaux ressurgir, comme c’est le cas des six personnages imaginés par Gabriel Anctil dans La Tempête.

Salué par la critique pour son premier roman Sur la 132 et la série radiophonique Sur les traces de Kerouac (Radio-Canada), l’auteur avait 18 ans durant la crise du verglas. Déjà, il sentait que le contexte se prêterait bien à un roman.

« À l’époque, c’était la plus grosse catastrophe naturelle de l’histoire du Canada. Les pilonnes, un des symboles du Québec, s’écroulaient comme des châteaux de cartes. Il n’aurait fallu que quelques jours de plus pour que tout s’effondre en province. Les gens ont réalisé à quel point on était fragile. Tous les éléments dramatiques d’une bonne histoire étaient là. C’est étrange que la crise n’ait inspiré aucune autre œuvre artistique. »

Si le monde extérieur était en déroute, l’intérieur des maisons n’était pas toujours plus rose. Dans La Tempête, on retrouve Arthur et Marie, un frère et une sœur qui ne s’adressent plus la parole depuis des années, leurs conjoints respectifs, Louis et Manon, leur mère Irène et le fils de Marie, Jean. « Chaque jour, la situation au-dehors se dégradait et personne ne savait où ça arrêterait. Toute cette tension n’a pas été encaissée de la même façon par tout le monde. Dans le roman, certains ont craqué. La vérité a éclaté. Certains ont fui, d’autres se sont défoulés sur leur entourage. La crise a été un révélateur. »

De page en page, on découvre la source des angoisses de Marie, les rêves abandonnés d’Arthur, les aspirations d’Irène, les drames qui ont fait basculer le sort de leur famille, ainsi que les vieux conflits opposant le duo frère-sœur depuis des lunes.

Clash familial

Dès le début du roman, les lecteurs pénètrent dans un univers où les éléments du décor sont aussi hétérogènes que ceux qui l’habitent. « J’ai voulu créer un contexte unique : à l’intérieur d’une même famille, on retrouve des personnages qui ont grandi dans différents quartiers, à l’est de Montréal et dans Outremont. Ils sont quasiment issus de classes sociales différentes. J’ai aussi élaboré un décor où on retrouve une décoration kitch, dans une grande maison de pierres, à Outremont. Je voulais qu’on sente le clash entre eux et dans leur environnement. »

Un univers transformé en huis clos, où la promiscuité fait ressortir les instincts primaires des personnages. « J’ai installé le genre de tension dramatique qu’on retrouve dans certaines pièces de théâtre. Le huis clos offre très peu de marge de manœuvre. Il n’y a pas de fuites possibles, même mentales. Il faut donc beaucoup d’action. »

La vie de Gabriel Anctil est elle-même très mouvementée. Après avoir écrit Sur la 132, alors qu’il avait deux garçons en bas âge et un emploi à temps plein – en tant que chargé de programmation à Télé-Québec, il a travaillé sur des projets comme Les Appendices, Les Bobos et Voir télé –, il a terminé La Tempête durant une année sabbatique.

Il travaille actuellement sur un projet de série dramatique pour la télévision et prépare la sortie du huitième album de sa série pour enfants (2 à 7 ans), Léo, inspirée de sa progéniture. « La série sera aussi traduite en espagnol et distribuée partout en Amérique du Sud et aux États-Unis. Dans les temps à venir, je veux aussi développer son adaptation en série d’animation. »

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