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Négligence dans une résidence de luxe pour aînés? (VIDÉO)

Négligence dans une résidence de luxe pour aînés?

L'avocat spécialisé en droit de la santé Jean-Pierre Ménard vient de demander à l'Agence de la santé des Laurentides la révocation de la certification d'une des résidences privées les plus luxueuses du Québec. Une résidence où il estime que sa propre belle-mère a été victime de négligence.

Un texte de Madeleine Roy

La mère de son épouse et associée Denise Martin a vécu quelques années dans cette résidence privée pour aînés (RPA) de Blainville, le Sunrise de Fontainebleau, jusqu'à ce qu'elle chute et se fracture le bassin.

  • « Maman n'était pas bougeable ce matin-là, elle criait, on ne pouvait pas lui toucher », confie Denise Martin.
  • « Parce qu'elle avait trop mal? », lui demande-t-on.
  • « Parce qu'elle avait trop mal », confirme-t-elle, précisant qu'aucun médecin n'était sur place.

Denise Martin raconte que sa mère n'a pas été examinée par une infirmière après être tombée de son lit. Le lendemain de cette chute, elle est transportée à l'hôpital, où on lui diagnostique une fracture du bassin et une dénutrition sévère. Elle décède un mois plus tard.

Sa fille a récupéré son dossier au Sunrise après son décès. Elle y a découvert une dizaine de chutes qui ne lui ont jamais été rapportées et des bilans sanguins qui démontraient que sa mère souffrait de dénutrition depuis un an.

Dans sa demande de révocation, Me Ménard documente le cas de sa belle-mère, mais s'appuie aussi sur les témoignages recueillis auprès d'autres familles, d'employés et d'ex-employés du Sunrise pour dénoncer plus généralement des problèmes de sécurité, de communication et de soins infirmiers inadéquats. Il espère que sa demande provoquera une prise de conscience au ministère de la Santé.

« On le demande essentiellement parce qu'il y a dans cet endroit-là des personnes qui n'ont pas d'affaire là, à qui on ne fournit pas les soins dont elles ont besoin. Et on a des pratiques qui s'assimilent à un certain degré à de la maltraitance », explique Me Ménard.

En raison notamment du manque de place dans le système public, de nombreuses résidences privées certifiées pour accueillir des aînés autonomes et semi-autonomes accueillent des aînés non autonomes du type qu'on retrouve en CHSLD. Mais la situation n'est pas documentée, comme le confirme l'ex-ministre de la Santé, le Dr Réjean Hébert.

« Moi je pense que ça fait l'affaire de l'État et du gouvernement de ne pas savoir qui est là. [...] On ne sait pas qui est là et on ne veut pas le savoir parce que si on le savait, on serait obligé de donner les services et ça aurait des impacts budgétaires. » — Réjean Hébert, ex-ministre de la Santé

« Il faut absolument qu'une ligne soit tracée quelque part. Les résidences privées pour aînés, ce ne sont pas des CHSLD. [...] Alors c'est de la fausse représentation quand les RPA vous disent qu'on va garder votre père ou votre mère jusqu'à la fin, et que vers la fin, on va augmenter l'intensité de soins. Dans la vraie vie, ça ne se vérifie pas », conclut Me Ménard.

De son côté, l'Agence de la santé et des services sociaux des Laurentides dit juger la situation assez préoccupante pour déclencher une enquête - en collaboration avec le Collège des médecins et l'Ordre des infirmières - pour s'assurer que des cas comme celui de Mme Martin ne se reproduisent plus.

  • Au Québec, 18,6 % des aînés de 75 ans et plus habitent dans une résidence privée pour aînés
  • Dans l'ensemble du Canada, ce taux est de 8,9 %

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