Philippe Laprise s’autoproclame «Plus sexy que jamais» dans son deuxième one man show, qu’il déployait en première montréalaise au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts, mercredi. Sa silhouette n’a pas besoin d’être filiforme ; l’homme offre effectivement une performance, peut-être pas aguichante, mais à tout le moins très intéressante, parfaitement rythmée, plus cocasse qu’hilarante, mais sans temps morts. On peut dire, somme toute, que sa «grande séduction» est réussie.
Admirateur avoué et assumé de Jean-Marc Parent, Philippe Laprise est probablement l’un des plus dignes héritiers du style de celui qu’on surnomme JMP. Comme son aîné, Philippe Laprise pige dans les événements de son quotidien et les transforme en histoires colorées, captivantes, enlevantes, de plusieurs minutes. La tête d’affiche de VRAK n’aurait peut-être pas la capacité de durer pendant des heures sur scène comme son père spirituel, et on ne rit pas toujours à gorge déployée pendant ses différentes tranches de vie. N’empêche ; avec lui, le simple fait d’enjamber un bain et de s’agripper à un rideau de douche devient une aventure loufoque.
Le contenu de Plus sexy que jamais n’a pas nécessairement beaucoup à voir avec le titre. L’humoriste fait référence à son apparence dans son numéro d’ouverture, lorsqu’il évoque avoir perdu 40 livres dans la dernière année, au moyen d’un régime. «En fait, j’ai pas décidé de faire un régime. Il y a quelqu’un dans mon couple qui a décidé…», a-t-il lancé, coupé dans son élan par le fou rire du parterre. Ce genre de gag est représentatif de sa prestation, qui réjouira autant les adolescents que les gens âgés.
TDAH
Sinon, il se concentre sur des sujets comme le camping et la vasectomie. Des lieux communs en matière de stand up, mais Laprise manie l’art de l’anecdote et est éminemment sympathique. On se demande s’il est possible de ne pas aimer ce gaillard à la bouille joviale, bon père de famille, idole des jeunes, qui paraît être la gentillesse même. Le public se laisse happer par ses récits naïfs, gentils, et on sent que l’homme jouit en partant d’un grand capital de sympathie. Ce qui n’enlève rien à son talent d’amuseur, indéniable. Philippe Laprise est né pour être sur les planches, il déplace de l’air et, visiblement, il s’amuse en le faisant. Et ça, c’est toujours gagnant.
La première partie file à la vitesse de l’éclair. Elle commence d’ailleurs avec dynamisme, alors que la vedette se pointe devant l’assistance vêtu comme un pompier, casque rouge inclus, dans une chorégraphie sensuelle, sur l’air de I’m Too Sexy, un pas de danse qu’il a apparemment beaucoup travaillé. Derrière lui, des pyramides de cubes qui changent de couleur au gré des éclairages forment un beau décor, sobre, qui soutient parfaitement le matériel de Plus sexy que jamais.
Plus tard, Philippe Laprise s’attaque à un gros morceau en traitant de son TDAH (trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité), qui a été diagnostiqué à l’âge de 33 ans. «Plus t’as de lettres, plus t’es sexy», argue-t-il, par rapport au nom de son petit bobo et illustrant ainsi à quel point il assume sa condition. Loin de vouloir faire pleurer qui que ce soit, il revient sur la façon dont il a appris qu’il était atteint de ce mal («qui n’est pas apparu en 1991, en même temps qu’Internet», précise-t-il), et comment ce fut un soulagement pour lui, de comprendre pourquoi il était un peu «l’idiot du village» dans sa jeunesse. Un segment intelligent et bien tourné, certainement le meilleur de la soirée.
Philippe Laprise se produira à nouveau à Montréal, au Théâtre St-Denis, le 17 avril, et à l’Olympia, le 10 octobre. Consultez son site web pour en savoir plus.
