Botox, vampire's lift, implants... Avec tous les traitements esthétiques des stars, il y a de quoi perdre... pied. Raison de plus pour prêter attention aux explications des Drs Jean-François Tremblay et Cynthia Stolovitz, respectivement directeurs des cliniques Medime et Anti-Aging.
Les traitements de chirurgie esthétique ne sont-ils pas devenus excessifs?
Au départ, cessons de tout confondre. Le Botox et les implants de comblement (fillers), entre autres, relèvent de la dermatologie - une spécialité médicale aux effets souvent temporaires. Cela n'a rien à voir avec la chirurgie esthétique (pose de prothèses mammaires, lifting, etc.), laquelle est affaire de bistouri.
Mais le Botox reste un poison, une toxine, non?
Cette protéine purifiée d'origine bactérienne est aussi toxique que l'est la pénicilline, issue des moisissures. C'est aussi le médicament le mieux documenté au monde, en plus d'avoir été utilisé sur des millions de sujets et d'être même employé (à dosages plus élevés) dans maintes spécialités médicales... incluant la pédiatrie!
Ne paralyse-t-il pas le front?
De façon plus exacte, il freine un des neurotransmetteurs d'un muscle. Faute d'informations, le muscle reste muet... et la ride aussi, durant quelques mois.
Les traitements beauté des stars parfois étranges
Botox et bouffissures. Feu Joan Rivers ne parvenait même plus à souffler les bougies de son gâteau d'anniversaire à cause du Botox...?
Impossible. Le Botox n'est jamais injecté dans les lèvres, autour de la bouche ou dans le visage, car il nuirait au langage ou à la mastication. Il peut seulement être injecté au front, et son rayon d'action est de... 5 mm. Si le visage semble figé, on devrait soupçonner des surdoses d'implants... ou un lifting!
Justement, percer la peau pour y injecter des implants, n'est-ce pas violent?
Les injections d'implants de comblement (des actes médicaux dits non invasifs) ne brisent même pas l'épiderme. En d'autres mots, ils sont sans plaie, sans coupure et sans convalescence. Les aiguilles employées sont également si fines qu'elles ne pourraient même pas servir à prélever une goutte de sang. Enfin, les implants d'acide hyaluronique font appel à un sucre, naturellement présent dans la peau, que l'on perd avec l'âge.
Et lorsque les visages de nos stars préférées ne sont plus reconnaissables, c'est très triste et consternant
Ici, ce n'est pas le matériel employé qu'il faut blâmer, mais des médecins au jugement douteux, ayant injecté des quantités excessives d'acide hyaluronique. Soit dit en passant, il existe un «antidote» à cet implant, qui permet d'effacer les résultats, s'ils nous rebutent..
Vampire's lift et autres diableries- Kim Kardashian s'est fait réinjecter son sang pour rester plus jeune. N'est-ce pas exagéré?
Il semble plutôt qu'elle ait subi une mésothérapie plaquettaire. Avec ce traitement, on prélève un peu de sang chez une patiente, comme on le ferait pour une transfusion.
Donc, il s'agit bien d'une auto-injection de sang?
Non. On utilise simplement l'échantillon sanguin pour en extraire un Plasma Riche en Plaquettes (appelé PRP). Ce PRP est ensuite injecté dans la peau avec un pistolet pneumatique muni de menues aiguilles qui la «picore» pour la stimuler et aussi pour favoriser la pénétration du PRP dans les micro-canaux percés. Vu sa richesse en plaquettes, le PRP stimulera graduellement la production de facteurs de croissance qui régénéreront la peau. Ces vertus expliquent d'ailleurs pourquoi certains chirurgiens américains appliquent du PRP sur des plaies fraîches pour accélérer leur guérison.
Des traitements dangereux, cela doit quand même exister?
Les risques sont souvent liés à une mauvaise pratique. Mal utilisé, le laser peut brûler la peau ou laisser des cicatrices. Une injection faite dans un vaisseau sanguin au lieu de la peau peut entraîner une mort de tissus (nécrose). Sans compter que plusieurs traitements (ultrasons, laser anticouperose, Thermage anticellulite) peuvent être déplaisants ou douloureux.
Les soins donnés en instituts d'esthétique ne sont-ils pas plus «doux»?
Ils sont surtout plus limités. Par exemple, les solutions servant aux peelings ne doivent pas renfermer plus de 50% d'AHA et la microdermabrasion autorisée est plus superficielle (que celle permise en cabinet médical). Cela dit, et surtout avec les appareils de photo-technologie (IPL, laser, etc.), il vaut mieux s'assurer qu'un diagnostic médical ait d'abord été posé sur la peau devant être traitée.
Pourquoi?
Parce que, entre autres choses, une tache précancéreuse ne doit pas être effacée, une peau foncée traitée à l'IPL, un acné poncé par microdermabrasion, etc.
Pour l'épilation des poils, la lumière IPL souvent utilisée en institut d'esthétique n'est-elle pas moins agressante que le laser médical?
Au contraire, la photo-épilation par IPL est moins précise, on peut la comparer à une roquette par rapport au tireur d'élite qu'est le laser. Conséquemment, elle triple les risques de brûlures cutanées. Un traitement IPL est plutôt indiqué en cas de taches brunes.
