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«Prism» de David Spriggs: l'omniprésence de la surveillance à l'Arsenal

«Prism» de David Spriggs: l'omniprésence de la surveillance à l'Arsenal
Bruno Guerin

Depuis le 30 janvier et jusqu’en mai prochain, la salle d’exposition de l’Arsenal restera plongée dans le noir pour accueillir une série de neuf œuvres de l’artiste anglais David Spriggs. Une telle mise en scène s’impose, car David Spriggs travaille et conceptualise la lumière et la transparence afin d’aborder le thème de la surveillance. Le sujet, ô combien réel et omniprésent, guide l’exposition Prism, dont le titre se comprend à double sens. Prism renvoie d’une part à sa définition scientifique : un corps transparent aux surfaces planes et polies qui possède la propriété de dévier et de décomposer les rayons lumineux en un spectre de couleur. Et puis il y a ce PRISM qui a explosé au grand jour le 6 juin 2013, le vaste programme américain de surveillance électronique dénoncé par Edward Snowden, plaçant le concept de la vie privée au cœur d’un enjeu incertain.

David Spriggs associe donc le symbole et le phénomène pour représenter la surveillance à travers neuf pièces dialoguant entre elles. La grande majorité a été conçue suivant le même schéma : des feuilles d’acétates transparentes portant des formes, qui, une fois superposées, recréées une image globale et tridimensionnelle.

Le point de départ de l’exposition renvoie à la première représentation historique de la surveillance : le panoptique tel qu’imaginé par Bentham et développé par Foucaud, une architecture carcérale ayant pour objectif un contrôle de tous les angles de l’établissement depuis un point précis. La série des quatre Profile Type (A,B,C,D) répond à ce panoptique. Suivant le même procédé technique, David Spriggs compose ce qu’il considère des natures mortes : des sacs et leurs contenus après un passage sous rayon X, à la manière des contrôles de sécurité dans les aéroports. Le visiteur est invité à examiner les détails des sacs pour déduire l’identité de son propriétaire, définir son profil. À l’opposé de la salle trône un monumental Regisole en couleurs, fidèles à celles rendues par les caméras thermiques qui enregistrent les différentes ondes de chaleur émises par le corps. Le cavalier haut de six mètres semble écraser le visiteur, invité à tourner autour de lui en le regardant se décomposer selon les angles d’observation.

Avec Prism, David Spriggs aborde une problématique cruciale et emblématique de notre époque, celle de l’omniprésence de la surveillance, qu’elle soit personnelle, de masse, utilisée comme moyen d’observation, de pression, de contrôle ou de régulation. Il envisage la transparence comme la clé de voute de la relation entre la vision et le pouvoir, un outil de contrôle pour les autorités, d’expression pour l’artiste.

Prism de David Spriggs

Arsenal de Montréal, 2020 rue William, H3J 1R8.

Ouvert du mardi au vendredi de 10h à 18h, le dimanche de 10h à 17h.

www.arsenalmontreal.com

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