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Projet de loi 28: Les pharmaciens propriétaires du Québec montent le ton

Bras de fer entre le gouvernement et les pharmaciens
Radio-Canada.ca

Les pharmaciens propriétaires du Québec montent le ton à la veille de la commission parlementaire sur le projet de loi 28 visant l'équilibre budgétaire.

Un texte de Michel Rochon

Québec veut leur imposer une réduction de 177 millions de dollars dans les honoraires, pour les services aux personnes couvertes par l'assurance médicaments publique.

Le président de l'Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP), Jean Thiffault, estime que ce projet de loi est discriminatoire à l'égard des 2000 pharmaciens propriétaires.

« Pour les autres professionnels du réseau de la santé, le gouvernement impose des gels d'augmentation, des gels de boni, des reports d'augmentation. Pour nous, les pharmaciens, c'est clairement une baisse de revenus que nous considérons comme un geste discriminatoire. »

— Jean Thiffault, président de l'AQPP

En moyenne, ces coupes réduiront de 100 000 $ le revenu annuel d'une pharmacie québécoise. Elles devront s'appliquer sur le budget de fonctionnement de chaque pharmacie, qui emploie en moyenne 22 employés.

Il n'est pas question, selon Jean Thiffault, de réduire la qualité des services déjà offerts à la population, car chaque pharmacien doit respecter le code de déontologie de la profession.

« Par contre, les pharmaciens vont perdre une bonne partie de la rémunération associée à la préparation du pilulier, ce système de compartiments qui permet aux patients de s'y retrouver quand ils doivent prendre plusieurs médicaments, au service pour les ordonnances de moins de sept jours et au service lié à certains médicaments à haut volume d'utilisation », affirme la porte-parole du ministère de la Santé, Marie-Claude Lacasse.

De nouveaux actes pour compenser

En contrepartie, le projet de loi 28 permettra aux pharmaciens de facturer trois actes :

  • la prescription d'un médicament quand aucun diagnostic n'est requis;
  • la prescription pour des maladies mineures;
  • les ajustements d'ordonnance.

Ils recevront pour ces actes un budget additionnel de 17,7 millions de dollars (14,4 millions de dollars provenant du gouvernement, et le reste des usagers). Une bien maigre compensation, selon les pharmaciens.

« Ces 17 millions de dollars, il faudra bien les travailler. Alors pendant que les pharmaciens font ces actes, ils ne sont pas dans leur poste de travail régulier. Québec ne peut pas soustraire 17 millions du 177 millions qu'il nous ampute. »

— Jean Thiffault, président de l'AQPP

Dans un débat qui dure depuis des années, Québec refuse également aux pharmaciens de rémunérer d'autres actes, comme :

  • le prolongement d'ordonnance;
  • la substitution pour un autre médicament équivalent;
  • l'administration d'un médicament;
  • la prescription et l'interprétation d'analyses de laboratoire.

Pour les pharmaciens, c'est une atteinte à leur liberté de pratique.

« Vous pouvez choisir, Monsieur le Ministre, ce que vous couvrez. Mais les autres actes, laissez-nous les facturer au patient. Si on investit du temps ainsi que notre responsabilité professionnelle, on s'attend à une rémunération. Mais là, dans le projet de loi 28, on nous empêche de le faire. »

— Jean Thiffault, président de l'AQPP

M.Thiffault rappelle que le Québec est presque au dernier rang des provinces canadiennes pour les soins offerts à la population.

Une économie nette pour l'État de 133,5 millions de dollars

  • Le gouvernement verse en honoraires aux pharmaciens environ 1,2 milliard de dollars par année, et Québec demandait initialement une réduction de 200 millions de dollars dans cette enveloppe.
  • Québec calcule que dans la coupe de 177 millions de dollars, la somme de 29,1 millions provient de la contribution des usagers. Soit une économie nette de 147,9 millions de dollars.
  • L'économie nette pour l'État serait donc de 147,9 millions de dollars, moins le coût des trois nouvelles activités, évalué à 14,4 millions, pour un total de 133,5 millions de dollars.

La guerre des chiffres se poursuivra donc vendredi en commission parlementaire, où le projet d'équilibre budgétaire du ministre des Finances, Carlos Leitao, risque d'être malmené par la médecine des pharmaciens.

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