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One woman show : Valérie Blais, un vent de fraîcheur (PHOTOS)

One woman show : Valérie Blais, un vent de fraîcheur (PHOTOS)
David Kirouac

Un vent de fraîcheur, de franchise, de charisme, d’authenticité : on la savait excellente comédienne, mais Valérie Blais a aussi un talent d’humoriste certain.

Son one woman show, qu’elle présentait au Monument National, à Montréal, mardi et mercredi, est la preuve que l’attachante femme n’a nullement besoin d’un personnage derrière lequel se cacher pour charmer une assistance. Dans une performance en crescendo, de plus en plus efficace à mesure que les minutes avancent, Valérie Blais se révèle on ne peut plus humaine, vraie, pleine de travers, dans lesquels plusieurs se reconnaîtront.

Son absence de fard, sa sincérité, c’est ce qui la rend si plaisante à écouter. Son humour résolument féminin, dans lequel autodérision et observation vont de pair, ne déplaira pas non plus aux hommes, qui trouveront un peu de leur blonde, leur sœur, leur mère dans cette actrice qui semble faire tout un cinéma de chacun de ses petits bobos, pour notre plus grand plaisir.

Ce spectacle, c’est aussi la révélation de la plume formidable de l’auteure Marie-Andrée Labbé, qui a écrit tous les numéros. Certes, Valérie Blais livre ses gags avec caractère, mais elle a aussi en bouche des textes solides, travaillés, intelligents, qui traduisent plusieurs aspects de sa personnalité, qu’on devine aussi explosive que sensible.

La meilleure portion de la soirée? Le tout dernier segment, dans lequel Valérie Blais traite des générations. Les baby boomers, les «X» et les «Y» y goûtent joyeusement, de façon presque égale (bon, avouons que les «Y» ne sont vraiment pas épargnés...), dans une tirade qui leur est chacun adressée. «Paraît que chaque génération est fâchée noire contre les deux autres», illustre l’historienne d’un soir, avant d’analyser chaque tranche d’âge. «Les baby boomers, levez la main! Il n’y en a pas beaucoup… La plupart sont en Floride!», badine-t-elle au sujet des aînés. «Nous, les «X», on a servi à tester des affaires», renchérit-elle ensuite au sujet des 40-50 ans, en énumérant des phénomènes et des items comme le divorce, les cabines de bronzage et les fax.

Le coup de grâce vient finalement avec la génération «Y» et ses selfies. «Une demi-heure sans s’exprimer et ça tombe en convulsion», juge-t-elle à propos des enfants de Passe-Partout. Son «amie» Marie-Ségolène, une «Y» dans le plus pur sens du terme, est un spécimen-type de son époque…

Pas hystérique

La Valérie de Tout sur moi n’est jamais bien loin pendant la prestation d’environ 90 minutes.

En lever de rideau, dans une prouesse d’éclairages digne d’une discothèque, la comédienne devenue stand up s’introduit au public en frappant sur un ballon de boxe avec hargne, en énumérant tout ce qui l’horripile par les temps qui courent. «Cône orange… Coupes en culture… Coupes à Radio-Canada… Trivago, Trivago, Trivago!», débite-t-elle, de plus en plus rageuse. Le ton est donné.

Mais n’allez pas croire que Valérie Blais joue les hystériques pendant toute sa présentation. Ses coups de gueule sont dosés, juste assez piquants, jamais méchants gratuitement, mais ils visent juste. Et la fille, nullement diva, est assez terre-à-terre pour qu’on y croie. On le répète, nombreux sont les spectateurs qui s’identifieront à ses discours.

Nerveuse dans les premiers moments, mercredi, Blais a commencé par détailler son curriculum vitae. Prétexte idéal pour souligner son statut de jeune maman («C’est la première affaire qu’on voit quand j’arrive quelque part»), ses expériences professionnelles les moins glorieuses (elle a joué la sœur, la mère, la cousine et l’esclave de Guylaine Tremblay au théâtre, et personnifié un raton-laveur pendant cinq ans à la télévision, dans Cornemuse), la série qui l’a révélée au grand jour, Tout sur moi («C’était complètement basé sur ma vie. Il y avait deux autres acteurs là-dedans, Macha Grenon et Éric Salvail. C’était comme un hommage à moi-même»), son âge, sa taille et son poids.

Vie rocambolesque

Cherchant une cause à épouser pour pouvoir participer au Tricheur, à TVA, l’artiste a décidé de tenter le bénévolat au centre de personnes âgées La dernière escale.

«Beaucoup d’artistes défendent des causes. Roy Dupuis, c’est les rivières, Richard Desjardins, les forêts, et François Massicotte, les Sponge Towels…»Le récit de sa lutte à finir avec Claudette, «doyenne» des aidants, «bénévole de l’année» depuis 1982, est très comique.

Elle est devenue mère «passé 40 ans», elle aimerait jouer la cousine de Gilles Vaillancourt (celle qui a tiré la chasse d’eau sur une liasse de billets de banque) dans le film sur la vie de celui-ci (jolie flèche décochée à Lise Thibault entre deux attaques envers l’ancien maire de Laval), elle est pudique et déteste parler de sexe, elle manque de grâce («Tu sais que tu n’as pas de grâce quand tu te salis avec du spaghetti et que ce n’est pas toi qui le mange…») et bave de jalousie devant Andrée Lachapelle: voilà d’autres éléments dont il est question dans le one woman show, qui font de la vie peut-être pas toujours reposante de Valérie Blais, une histoire fascinante à écouter pour rire un bon coup et s’amuser.

Valérie Blais poursuit sa tournée et repassera à Montréal, au Monument National, le 24 janvier 2015. Visitez le www.evenko.ca pour informations.

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Le one woman show de Valérie Blais

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