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L'apothéose de l'Orchestre du CNA à la Cathédrale de Salisbury (CRITIQUE/PHOTOS)

L'apothéose de l'Orchestre du CNA à la Cathédrale de Salisbury (CRITIQUE/PHOTOS)
Fred Cattroll

Vibrant. Intense. Mémorable. Trois adjectifs qui tournent dans la tête des milliers de spectateurs réunis à la Cathédrale de Salisbury pour assister au concert de l’Orchestre du CNA d’Ottawa, lors de sa tournée au Royaume-Uni.

En action de l’autre côté de l’Atlantique pour souligner les 100 ans de la Première Guerre mondiale, l’orchestre s’est arrêté dans la ville où les soldats canadiens s’entraînaient avant d’aller au front. « À mi-octobre 1914, 31 000 Canadiens ont débarqué à Salisbury pour s’entraîner dans les champs près de la cathédrale. Ils ont traversé l’un des plus rudes hivers de l’histoire anglaise, avant d’aller se battre en France », a souligné le président de l’Orchestre du CNA, Peter Herrndorf, un siècle plus tard, devant des drapeaux d’époque accrochés aux murs de la cathédrale.

Au cours des derniers jours, les musiciens ont également rendu hommage aux combattants à Édimbourg, Nottingham et Londres (un spectacle est prévu à Bristol jeudi). Une tournée qui implique un lot de fatigue, de déplacements et d’ajustements.

« Comme l’humidité de chaque ville est différente et qu’elle fait gonfler le bois de certains instruments, on doit s’accorder très souvent. Environ 30 minutes avant le spectacle, j’ai dû m’ajuster, en raison de la pluie », explique William Cravy, un contrebassiste américain de 22 ans. Il fait partie des apprentis de l’Institut de musique orchestrale du CNA, qui invite de jeunes musiciens à passer quelques semaines avec les habitués de l’Orchestre, y compris lors de la tournée au Royaume-Uni.

La magie de Salisbury

Mercredi soir, l’atmosphère des lieux a conféré une aura particulière à l’avant-dernier concert. Après avoir franchi une porte incrustée dans un énorme mur de bois, donnant sur une rue piétonne, les spectateurs pouvaient apercevoir la cathédrale à travers le brouillard, comme si le temps s’était arrêté.

La représentation a débuté avec Fantasia, une œuvre du compositeur britannique Ralph Vaughan Williams, qui a plongé le public dans un rêve éveillé. Arrivant à nous ébranler instantanément avec les rondeurs dramatiques de la pièce, les membres de l’orchestre ont ensuite laissé Yosuke Kawasaki et Jethro Marks, premier violon et premier alto, interpréter des solos en se répondant avec une émouvante délicatesse.

L’acoustique exceptionnelle de la cathédrale servait à merveille les variations d’intensité de la composition. Deux jours après une prestation satisfaisante, mais pas transcendante, aux côtés du Royal Philharmonic Orchestra de Londres, les Canadiens ont levé la barre de plusieurs crans.

La deuxième portion du spectacle fut consacrée à Brio, une création de John Estacio, le compositeur canadien dont les œuvres sont les plus souvent jouées dans le monde. Entreprise sur un air de suspense, la pièce a enchaîné une pétarade de cuivres, une envolée d’instruments à bois, un solo d’hautbois narquois et un retour à la douceur, avant de trouver un deuxième souffle étincelant. Outre de rares et légers manques de coordination, l’interprétation endiablée de l’orchestre était portée par l’énergie de maestro Pinchas Zucherman.

Soliste et directeur

Reconnu mondialement pour ses talents de violoniste, le chef d’orchestre a enchaîné avec le Concerto No. 1 pour violon de Max Bruch, classé parmi les quatre plus grands concertos du 19e siècle, aux côtés de ceux de Beethoven, Mendelssohn et Brahms.

Véritable force de la nature, Zucherman s’est chargé du solo, en plus de diriger son orchestre à plusieurs moments. S’attaquant avec panache à une partition techniquement relevée, il s’est toutefois montré moins touchant que son orchestre auparavant. On salue son courage de jouer un tel morceau, alors que son archet s’est abimé en cours de route, mais on ne peut passer sous silence l’impression d’avoir apprécié davantage son talent avec notre tête que notre cœur.

La soirée s’est conclue avec la 7e Symphonie de Beethoven, une valse aérienne vibrante d’humanité, ainsi qu’une Sérénade pour cordes, d’un autre compositeur britannique, Edward Elgar, qui a permis aux musiciens de faire une caresse aux spectateurs avant de les quitter.

Autres événements de commémoration

L’anniversaire de la Première Guerre mondiale a également été souligné en après-midi à Stonehenge, près de Salisbury. Devant les «pierres suspendues», qui font partie du patrimoine mondial de l’UNESCO, un quintette de cuivres du CNA a offert une prestation devant quelques dizaines de curieux.

Nick Atkinson, Steven van Gulik, Karen Donnelly, Donald Renshaw et Jill Kirwan ont interprété Infanterie légère canadienne de la princesse Patricia, en l’honneur de l’un des trois grands régiments d’infanterie des Forces armées canadiennes, ainsi que The Maple Leaf Forever, l’hymne national canadien non officiel de l’époque.

Les ancêtres de Winnie the Pooh réunis

Une rencontre impromptue a été organisée entre le neveu d’A.A. Milne, l’écrivain à qui l’on doit l’histoire de Winnie l’ourson, et Lindsay Mattick, l’arrière-petite-fille du soldat canadien Harry Colebourn, qui a acheté le bébé ours ayant inspiré l’auteur.

«La BBC a organisé une visite surprise, affirme la jeune femme de Toronto. Son neveu savait que Winnie avait existé, mais il n’était pas au courant de l’implication du Canada dans l’histoire. C’était une rencontre vraiment spéciale. Ma présence en Angleterre est beaucoup plus émotive que je l’aurais cru». Plus tôt dans la journée, elle avait lu pour la première fois en public des extraits du livre illustré, Finding Winnie, qui sortira dans un an, à une poignée d’enfants réunis à la Cathédrale de Salisbury.

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