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Luka Rocco Magnotta a quitté Paris précipitamment

Magnotta a quitté Paris précipitamment
PC

Luka Rocco Magnotta a quitté Paris beaucoup plus tôt qu'il ne l'avait prévu, après y avoir terminé son séjour en utilisant le pseudonyme de Kirk Tramell, ont entendu vendredi les jurés à son procès. Selon un employé de l'hôtel Soummam, où il a séjourné à compter du 27 mai 2012, l'accusé avait payé sa chambre jusqu'au 4 juin, mais est finalement parti à la hâte pour Berlin le 31 mai.

Un texte de François Messier

L'employé en question, dont le nom de peut être divulgué en raison d'une ordonnance de non-publication, a été entendu le 19 juin dernier, par une commission rogatoire internationale. Les jurés chargés de déterminer si Magnotta est coupable du meurtre au premier degré de Lin Jun, le 25 mai 2012, ont entendu l'enregistrement du témoignage qu'il a alors livré devant les avocats de la Couronne et de la défense.

Il a expliqué que l'accusé avait réservé une chambre à 50 euros pour neuf jours, dès son arrivée à l'hôtel. Situé à quelque 200 mètres du Novotel, où l'accusé avait passé une première nuit dans la capitale française. Il a versé la somme de 450 euros en argent comptant sur-le-champ après s'être enregistré sous le nom de Kirk Tramell, le nom, croit-il, qui figurait sur son passeport. Selon lui, Magnotta « agissait normalement ».

Les policiers sont venus à l'hôtel quelques jours plus tard, et y ont trouvé au moins une valise qu'avait laissée l'accusé. La police, a-t-il relaté, croyait au départ que Magnotta s'y trouvait toujours. Il avait lui-même constaté, en regardant dans la chambre par une fenêtre, que son locataire avait quitté précipitamment, mais les policiers n'ont pas voulu prendre de risque avant d'entrer, de crainte qu'il ne se trouve en fait sous la douche.

Les 14 jurés ont aussi entendu plus tard en matinée le témoignage de Jean-Philippe Lethon, le commis qui a vendu un billet d'autocar pour Berlin à Magnotta le 31 mai 2012, au milieu de l'après-midi. Il a dit lui avoir remis un billet aller simple pour le jour même, au nom de Kirk Tramell, après avoir regardé son passeport, qui était de couleur bordeaux.

Selon lui, l'Ontarien a payé son billet, d'une valeur de 70 ou 80 euros, en argent comptant. Il a bénéficié du tarif réduit, puisqu'il avait déclaré avoir moins de 26 ans. M. Lethon n'a pas vérifié cette information dans son passeport. Il a expliqué avoir reconnu son visage « androgyne » sur des photos et des extraits vidéo que les policiers français lui ont présenté quelques jours plus tard.

Les ordinateurs de Magnotta passés au crible

Plus tôt dans la journée, un policier de l'unité des crimes technologiques de la police de Montréal, Frank Massa. Appelé à la barre par la Couronne, Frank Massa il avait commencé à décrire jeudi ce qu'il a retrouvé dans deux ordinateurs portatifs de l'accusé récupérés par les enquêteurs dans les jours qui ont suivi le meurtre de Lin Jun, le 25 mai 2012.

Le premier odinateur expertisé est celui qui a été retrouvé par la police dans les ordures de l'accusé, le 29 mai 2012. Utilisé une dernière fois en février 2012, il était muni de trois logiciels particuliers. L'un, Cyberghost, permet de modifier l'adresse IP (Internet Protocol) d'un utilisateur; les deux autres, Track Eraser Pro et CC Cleaner, permettent d'effacer les traces de l'historique de navigation d'un ordinateur.

M. Massa a néanmoins réussi à extirper cet historique de l'ordinateur et l'a remis aux enquêteurs responsables.

Le second ordinateur examiné par le témoin expert est celui qui a été saisi par la police allemande, à Berlin, le 4 juin 2012, au terme de la cavale de Magnotta. Il contenait 31 fichiers numériques considérés d'intérêt par M. Massa, dont certains montrent le démembrement de Lin Jun.

Le témoin expert y a notamment retrouvé trois vidéos et quatre photos qui étaient également dans la carte mémoire d'un appareil numérique retrouvé dans les ordures de Magnotta en même temps que le premier ordinateur. Ces sept fichiers, enregistrés avant le meurtre, avaient été mis dans la corbeille de l'ordinateur le 1er juin. La corbeille a été vidée par la suite, mais M. Massa n'a pu dire à quel moment.

Il en va de même pour un fichier .mp3 de la chanson True Faith, entendue sur la vidéo de profanation de cadavre diffusée par Luka Rocco Magnotta après le meurtre. Cette chanson, a-t-il dit, a été téléchargée le 8 avril 2012, puis effacée le 1er juin.

Frank Massa n'a cependant pas pu établir si la vidéo en question a bel et bien été mise en ligne à partir de l'ordinateur saisi à Berlin.

Luka Rocco Magnotta est accusé du meurtre au premier degré de Lin Jun, d'outrage à son cadavre, de production de matériel obscène, d'utilisation de la poste pour le diffuser et de harcèlement envers le premier ministre Stephen Harper et d'autres membres du Parlement. Il reconnaît tous les faits de la cause, mais a néanmoins plaidé non coupable. Son avocat, Me Luc Leclair, entend le faire déclarer non criminellement responsable de ses gestes, en raison de troubles mentaux.

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