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Immigration au Québec: davantage d'étudiants étrangers, moins de gens d'affaires

Immigration au Québec: davantage d'étudiants étrangers, moins de gens d'affaires
Keren Su via Getty Images

Entre 2010 et 2013, 50% moins de demandes ont été reçues pour un certificat de sélection du Québec (CSQ) dans la catégorie des travailleurs qualifiés et de gens d’affaires, tandis que celles provenant du Programme de l’expérience québécoise (PEQ) ont explosé pendant la même période. Certains experts pensent que ces chiffres s’expliquent entre autres par une volonté gouvernementale de favoriser l’immigration ayant déjà acquis une première expérience sur le sol québécois, et ce, afin de faciliter l’intégration.

Au Québec, toute personne qui désire s’installer de façon permanente doit obtenir un certificat de sélection du Québec (CSQ), un document délivré par le ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion.

Les travailleurs qualifiés, c’est-à-dire répondant à certains critères socioprofessionnels, ainsi que les gens d’affaires peuvent le faire par l’entremise d’un programme de sélection qui leur est destiné.

Aussi, en 2010, le ministère a lancé le Programme de l’expérience québécoise. Ce programme s’adresse essentiellement aux étudiants étrangers ayant obtenu un diplôme du Québec, ou aux travailleurs ayant obtenu un visa de travail et présentement en emploi dans la Belle Province.

Or, selon des chiffres obtenus en vertu de la Loi d’accès à l’information, 47 476 personnes ont déposé une demande pour obtenir un certificat de sélection du Québec dans la catégorie des travailleurs qualifiés en 2010, et 58 105 en 2011. Par contre, le chiffre enregistre une baisse fulgurante en 2012 avec seulement 13 091 demandes provenant de travailleurs qualifiés, contre 26 887 en 2013. Cette année, au 30 juin 2014, le ministère a reçu 9 568 demandes.

La situation est encore plus sombre du côté des personnes ayant déposé une demande de sélection pour le Québec dans la catégorie des gens d’affaires. En effet, en 2010, Québec a reçu 10 167 demandes, contre 5 787 en 2011, 3 987 en 2012 et, finalement, seulement 2 197 l’année dernière. En date du 30 juin 2014, le ministère a reçu 421 demandes de sélection.

En revanche, selon les chiffres obtenus par Le Huffington Post Québec, le nombre de demandes rejetées, lui, a fortement grimpé dans les deux groupes entre 2010 et 2013, passant de 1 089 à 4 527 pour le programme des travailleurs qualifiés.

La situation est identique pour le programme des gens d’affaires où Québec a rejetées 365 demandes en 2010, contre 1 094 en 2013. En date du 30 juin, 897 demandes avaient déjà été rejetées.

De l’autre côté, le Programme de l’expérience québécoise connaît une plus grande popularité avec 1 895 demandes en 2010, 2 800 en 2011 et, finalement, 5 553 en 2013.

Selon le ministère, les baisses du nombre de demandes pour les travailleurs et les gens d’affaires s’expliquent entre autres par la «suspension» temporaire de la réception de demandes dans les deux programmes entre 2012 et 2013, et ce, afin d’écouler les inventaires reçues, explique Jonathan Lavallée, responsable des relations avec les médias.

« Le ministère a suspendu temporaire la réception de nouvelles demandes (travailleurs qualifiés et gens d'affaires) en juin 2012. Cette suspension a été maintenue jusqu'au 31 juillet 2013. Le 1er août 2013, le Ministère a recommencé à recevoir des demandes en fixant des limites annuelles, toujours pour réussir à traiter davantage de demandes parmi les inventaires», explique-t-il.

Or, les «limites, en date du 1er août 2013 au 31 mars 2014, ont été fixées à 20 000 demandes pour les travailleurs qualifiés puis à 1 750 pour les investisseurs et les entrepreneurs.

Des explications que ne partage pas le président de l’Association québécoise des avocats et avocates en droit de l’immigration, Jean-Sébastien Boudreault, qui croit plus que la suspension temporaire s’arrimait d’avantage à une volonté de Québec de favoriser l’immigration par l’entremise de son Programme de l’expérience québécoise (PEQ).

Une solution préconisée pour faciliter l’intégration, pense-t-il. «C’est dommage, car les travailleurs qualifiés et les gens d’affaires rapportaient beaucoup pour les PME québécoise, dit-il. Il faut savoir que les gens d’affaires qui sont acceptés par le programme doivent avoir 1,6 M$ et investir, par l’entremise d’Investissement Québec. Il s’agit de sommes considérables dans des fonds de placements pour des PME d’ici», explique-t-il.

Parmi les autres réalités, le président de l’Association explique que beaucoup de demandes pour le programme des gens d’affaires proveniennent d’un seul pays, soit la Chine.

«Sur l’ouverture des 1 750 demandes, Québec a limité à 1 200 celles provenant de la Chine, ce qui ne reste pas beaucoup de place pour le reste du monde. Il y avait d’autres moyens, comme de réduire la limite d’investisseurs de la Chine, au lieu de fermer la porte à tout le monde», dit-il, expliquant que la province se prive de sources de revenus.

Une impression partagée par Reynaldo Marquez, avocat spécialisé en immigration. «Un autre problème que Québec vient régler en favorisant d’avantage l’immigration étudiante est celle de la reconnaissance des diplômes et des compétences. Il arrivait souvent qu’une personne était sélectionnée par le programme de travailleur qualifié et, une fois au pays, elle n’arrivait pas à faire reconnaître ses études puis se retrouvait, par exemple, chauffeur de taxi», explique-t-il.

Du côté du ministère, on reconnaît que le programme PEQ «connaît un vif succès et permet de retenir au Québec des candidats de choix qui ont soit un diplôme québécois ou une expérience de travail», explique Jonathan Lavallée, restant avare à commenter s’il s’agit d’une orientation gouvernementale au détriment d’autres programmes.

Rappelons que même si le candidat à l’immigration obtient le CSQ, il doit continuer ses démarches afin d’être accepté par le gouvernement fédéral, qui lui a le dernier mot.

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