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Récupérer la chaleur du métro pour chauffer les maisons?

À Londres, un projet permettra d'utiliser la chaleur du métro pour chauffer les maisons
Matthew E. Maddock via Getty Images

À Londres, un nouveau projet vise à utiliser la chaleur dégagée par le métro pour chauffer des centaines de foyers dès 2015. Une idée qui pourrait faire son chemin jusqu'à Montréal, à certaines conditions.

Un texte de Raymond St-Pierre

Près de 10 millions de personnes vivent dans la région de Londres. Le métro, qu'on surnomme « The Tube », avec ses 274 stations, est fréquenté par plus de 1 milliard de passagers par année. Il y fait chaud et la Ville a décidé de recycler cette chaleur.

Une centrale, la Bunhill Heath Network, utilise déjà la chaleur d'une station électrique souterraine pour chauffer 700 résidences.

Londres a décidé d'aller plus loin et de récupérer la chaleur d'une station de métro pour chauffer 500 résidences supplémentaires. Ce projet fait partie du plan de la Ville pour réduire de 60 % ses émissions de gaz à effet de serre. Coût de l'opération : environ 6 millions de dollars. Mais Londres croit que ce sera vite rentable, vu le coût très élevé de l'énergie en Grande-Bretagne : deux fois plus qu'au Québec.

« Londres compte beaucoup d'endroits où il y a des pertes de chaleur », explique Matthew Pencharz, conseiller spécial pour l'environnement et l'énergie au bureau du maire de Londres. Il croit que ce genre de projet sera rentable, en faisant économiser de 15 à 20 % sur le chauffage de centaines de résidences. Mais aussi que le secteur privé va prendre la relève et répéter l'expérience dans bien des quartiers.

Un exemple pour Montréal?

La possibilité d'appliquer cette formule en Amérique du Nord n'est pas évidente. « Ici, ce serait moins rentable qu'à Londres », selon Jean-Simon Venne, vice-président de SMI Enerpro.

Ce spécialiste estime toutefois que l'endroit idéal pour ce genre de projet serait la station Place-des-Arts, juste en dessous du pavillon Président-Kennedy de l'Université du Québec à Montréal (UQAM). Une idée que Patrick Dionne, directeur de la gestion d'énergie à l'UQAM, trouve attrayante, du moins sur papier.

Il faudrait cependant que les prix de l'énergie augmentent considérablement pour que cela puisse se faire. En attendant, l'université vient de lancer un projet de récupération interne de la chaleur. L'UQAM compte ainsi économiser de 300 000 à 400 000 $ par an, pour une installation qui a coûté 1,8 million de dollars.

Le métro de Montréal est équipé de freins avec des sabots de bois. Trempés dans l'huile d'arachides, ils dégagent une odeur particulière lors du frottement.

La STM doute de sa faisabilité

Du côté de la Société de transport de Montréal STM), on croit qu'un projet comme celui de Londres serait très coûteux à mettre en place. Surtout que la plus grosse station du métro de Montréal, Berri-UQAM, est située sous le pavillon Judith-Jasmin de l'UQAM, qui est chauffé à l'électricité. Il n'y a pas de tuyaux pour acheminer la chaleur du métro dans les locaux de l'université.

Mais la STM récupère quand même de la chaleur. Dans le vaste centre de transport Stinson, inauguré en janvier 2014, elle récupère la chaleur avec des résultats spectaculaires en plein hiver.

« À -20 l'hiver dernier, on avait 5 degrés sans consommer d'énergie. » — Jocelyn Leblanc , directeur de projet à la STM

Un système d'échangeur d'air contenant des ailettes d'aluminium est utilisé pour empêcher la chaleur de se perdre. Ce projet, qui a couté 3 millions de dollars, permet d'économiser 925 000 $ par an.

Ce type de projet s'avère toutefois plus facile à rentabiliser s'il est planifié en amont. Dans le cas du métro, la mise en place d'un système de récupération de chaleur comme celui de Londres serait plus plausible dans une nouvelle station. Autre obstacle, il faudrait coordonner la planification, les installations de récupération et leur entretien entre la Ville, la STM et ceux qui en bénéficieraient.

Un trop grand défi à relever? Pour Matthew Pencharz, si Londres y est arrivée avec sa bureaucratie et ses structures qu'il qualifie d'une complexité incroyable, n'importe qui peut y arriver.

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