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USA: les mercenaires de Blackwater ont fait feu sur des Irakiens innocents (procureur)

USA: les mercenaires de Blackwater ont fait feu sur des Irakiens innocents (procureur)

Quatre anciens "mercenaires" de la société privée américaine Blackwater sont coupables d'avoir fait feu sur d'"innocents" civils irakiens "non armés" qui tentaient simplement d'échapper au bain de sang en 2007 à Bagdad, a estimé mercredi un procureur fédéral dans son réquisitoire.

Au terme d'un procès de deux mois et demi devant un tribunal fédéral de Washington, le procureur Anthony Asuncion a demandé pourquoi les quatre hommes accusés du massacre de 14 Irakiens le 16 septembre 2007 sur la place Nisour de Bagdad, avaient tiré "sur des innocents": "Pourquoi tirer sur toutes ces personnes qui s'enfuient, qui tentent de s'éloigner d'eux, pourquoi tirer sur ces femmes et ces enfants non armés? Il n'y a aucune raison, ce qu'ils ont fait est criminel".

"C'étaient des êtres qui pouvaient rire, qui pouvaient aimer et qui ont été changés en corps ensanglantés, percés de balles", a-t-il martelé, "des gens qui n'étaient pas des cibles légitimes, qui ne représentaient pas une réelle menace pour eux".

Après avoir montré les visages des 14 tués et des 18 blessés, leurs "cicatrices" et leurs séquelles physiques, l'avocat du gouvernement a demandé au jury de reconnaître les quatre hommes coupables, estimant que rien ne justifiait leurs crimes même pas le sentiment d'être en danger.

Nicholas Slatten, Paul Slough, Evan Liberty et Dustin Heard, vêtus de costume-cravate, ont écouté, impassibles.

Slatten, 32 ans, encourt la prison à vie pour le meurtre avec préméditation d'un civil irakien, tandis que Slough, Liberty et Heard sont accusés d'homicide volontaire sur les 13 autres victimes. Aux Etats-Unis, les peines sont requises dans un deuxième temps une fois le verdict de culpabilité prononcé.

Le procureur a demandé de retenir la préméditation à l'encontre de Slatten, qui avait affiché sa "haine des Irakiens" dont il voulait "tuer le plus grand nombre possible".

Il a cité un témoignage selon lequel l'ex-"mercenaire" estimait que "les vies de ces gens ne valent rien, ce ne sont même pas des humains, ce sont des animaux".

Dans la phase de plaidoiries, un avocat de la défense a rappelé le contexte de "menaces terribles de l'après 11-Septembre à Bagdad". "Ce n'était pas Dupont Circle (rond-point à Washington où se trouvent de nombreux restaurants, ndlr), c'était Bagdad en Irak" sur fond d'"escalade des menaces d'attaques à la voiture piégée", a plaidé Bill Heberlig, l'avocat de Slough.

Slough "a agi en état de légitime défense, il n'a pas commis de crime ce jour-là", a argué Me Herberlig, rappelant que le convoi de Blackwater avait été déployé pour sécuriser le retour d'un diplomate du département d'Etat, qui venait d'être la cible d'une attaque.

L'avocat a insisté sur la présence d'une voiture Kia blanche sur la place Nisour (cible du premier tir, déclenchant le massacre) qui pouvait "être considérée comme une menace mortelle" en arrivant rapidement sur le convoi à travers la circulation, et devait être "neutralisée".

Les quatre accusés ont plaidé non coupable. Le procès devrait s'achever jeudi et le jury devrait alors commencer ses délibérations. Un de leurs collègues a plaidé coupable et un autre a bénéficié d'un non-lieu.

En 2009, un juge américain avait prononcé un non-lieu, car certaines déclarations des accusés juste après la fusillade n'auraient pas dû être utilisées contre eux par le ministère public. Mais deux ans plus tard, une cour d'appel avait rétabli l'inculpation des quatre hommes et le parquet fédéral avait poursuivi Slatten pour assassinat.

chv/elm

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