« Il a été mon meilleur copain pendant sept mois », a confié jeudi à Radio-Canada le journaliste français Nicolas Hénin, qui a été détenu dans la même cellule que son collègue américain James Foley, assassiné cette semaine par des militants extrémistes.
Le journaliste français a été l'otage de l'État islamique pendant 10 mois, dont sept passés dans la même cellule que Foley. « J'ai été effondré à l'annonce de la mort et encore plus en entendant les circonstances de celle-ci », a affirmé, ému, Nicolas Hénin, un collaborateur de Radio-Canada libéré avec trois autres journalistes français en avril dernier.
Ces derniers ont été libérés par la France, qui accepte de négocier avec les preneurs d'otages, contrairement aux États-Unis et à la Grande-Bretagne. « Moi-même, je n'ai pas de réponse pour savoir laquelle de ces deux doctrines est la meilleure, mais tout ce que je sais c'est qu'aujourd'hui je suis heureux d'être Français, et que j'ai perdu mon ami américain », dit-il.
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Nicolas Hénin affirme avoir été rudoyé pendant sa captivité, mais pas autant que son collègue James Foley, « coupable » d'être Américain et d'avoir un frère dans l'armée américaine.
Pour le reste, le journaliste se dit « tenu à une certaine discrétion » concernant ses conditions de détention et surtout celles des autres otages. « Lorsque nous sommes partis, les ravisseurs nous ont donné des instructions, parmi lesquelles l'interdiction de parler des otages qui restaient », a-t-il souligné.
Il se permet néanmoins d'en parler aujourd'hui, puisque les djihadistes ont montré dans une vidéo l'exécution de James Foley et ont menacé de tuer un autre otage, le journaliste américain Steven Sotloff. « Au moins pour ces deux-là, [je considère que] l'interdiction est levée », a estimé le journaliste français.
D'après lui, l'interdiction de diffuser les images de la vidéo de décapitation de James Foley - censurées par plusieurs médias et internautes - ne fait qu'accentuer le sentiment de victimisation des djihadistes. « Ce n'est pas en cassant le thermomètre qu'on fait baisser la fièvre », a-t-il indiqué, affirmant qu'il comptait bien regarder la vidéo intégrale de l'assassinat de son ami.
Nicolas Hénin estime que la lutte contre l'État islamique passe par l'éviction de la dictature du régime de Bachar Al-Assad en Syrie. « On paie aujourd'hui nos trois années d'inaction », a-t-il conclu.
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