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Euro-2014 - Yared Shegumo, le marathon de la vie

Euro-2014 - Yared Shegumo, le marathon de la vie

Le Polonais Yared Shegumo, médaillé d'argent du marathon des championnats d'Europe d'athlétisme, dimanche à Zürich, symbolise la vie de galère que doivent souvent endurer les réfugiés pour trouver une place dans leur pays d'accueil.

En fait, Shegumo s'appelait Nida (le prénom de son père, comme de coutume) quand il était arrivé à Bydgoszcz, en Pologne, durant l'été 1999, pour participer aux Mondiaux cadets.

Il court le 400 m, une distance anachronique dans une nation reine des courses de fond. En pleine guerre entre son pays et l'Erythrée, le garçon d'à peine 17 ans, éliminé au second tour, ne repart pas avec sa délégation et demande le statut de réfugié.

Il se retrouve dans un camp. "Ca a été le commencement d'une longue route", indique à l'AFP l'athlète aux traits fins et aux yeux terriblement vivants.

Limité sur le tour de piste, Shegumo (le prénom de mon grand-père paternel, explique-t-il) devient au fil des années un demi-fondeur, qui tarde néanmoins à se faire un nom dans son pays d'adoption.

"J'avais un peu de talent, et des gens ont essayé de m'aider. Mais j'avais du mal à faire partie de l'équipe de Pologne, et aussi des problèmes d'argent", explique-t-il.

"Alors, j'ai décidé de partir en Angleterre en 2007, près de Birmingham (centre), où j'ai fait des petits boulots, magasinier, gardien de sécurité dans les parkings. Là-bas, je ne pensais plus à l'athlétisme, j'ai arrêté de m'entraîner pendant trois ans et demi", poursuit-il.

Mais l'amour de sa femme, également éthiopienne et avec qui il a deux enfants, le remotive. "J'ai recommencé à courir et je me suis alors préparé pour le marathon (42,195 km)."

Avec un nouvel entraîneur et enfin un sponsor, la vie devient plus facile matériellement. "Finalement, la lutte pour la survie était derrière moi. Vous comprenez pourquoi, avec toute cette histoire, cette médaille n'a pas de prix. Cet argent, c'est de l'or pour moi", souffle Yared, 31 ans et 218 jours.

Alors la colline de l'Ecole polytechnique fédérale de Zürich, à gravir quatre fois pour un marathon inhabituel, lui a paru facile.

Car Yared le généreux sait les situations tragiques que traversent des milliers d'Africains, notamment ceux de la Corne de l'Afrique, pour traverser la Méditerranée à la recherche d'une vie meilleure.

"Mais le marathon est une bonne école", conclut Yared Shegumo.

C'est l'athlétisme en général, le plus multi-ethnique des sports, qui est une école de vie. L'Italien Abdi Kadar Sheik Ali Mohad, 21 ans et éliminé en séries du 1500 m à Zürich, peut en témoigner. Lui a traversé la Méditerranée en 2006 dans un bateau de fortune depuis sa Somalie natale jusqu'aux côtes siciliennes.

asc/ol/jgu

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