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Dispute sur le partage des biens de la Couronne avant le référendum écossais

Dispute sur le partage des biens de la Couronne avant le référendum écossais

La livre, la dette de la Couronne voire l'ampleur de la manne pétrolière: Édimbourg et Londres se disputent avec acrimonie le partage des biens dans l'hypothèse où le référendum d'indépendance écossaise prévu dans un mois déboucherait sur un divorce.

Le Premier ministre écossais et champion du camp de la sécession, Alex Salmond, affirme qu'une Écosse indépendante pourrait conduire sa propre politique économique et financière, fondements de la prospérité.

En face, les dirigeants des Partis conservateur, travailliste et libéral-démocrate britanniques promettent d'accorder davantage de leviers à Édimbourg si elle reste au sein du Royaume-Uni, mais voue aux pires difficultés une économie écossaise qui aurait coupé le cordon avec Londres.

Le produit intérieur brut d'une Écosse indépendante situerait le nouveau pays à peu près au niveau de la Finlande, de la Grèce ou de l'Irlande, une taille largement suffisante pour voler de ses propres ailes. Les liens sont toutefois forts avec le reste du Royaume-Uni et les distendre secouerait sans doute les passagers au décollage.

"Il pourrait y avoir une longue période de négociation entre les gouvernements de Westminter et Holyrood (le parlement écossais) sur des sujets importants, comme le partage de la dette publique, la régulation des banques écossaises et la question monétaire", résume Jack Allen, de l'institut de recherche Capital Economics.

D'autant qu'en cas de victoire du oui le 18 septembre, l'Ecosse n'accéderait effectivement à l'indépendance que le 24 mars 2016.

La bataille de la monnaie n'a pas attendu le scrutin pour s'engager. M. Salmond et son Parti national écossais (SNP) proposent une union monétaire entre l'Écosse et ce qui resterait du Royaume-Uni (Angleterre, Pays de Galles et Irlande du Nord), sous la supervision de la Banque d'Angleterre (BoE) - modèle comparable à ce que la Banque centrale européenne fait à l'échelle de la zone euro.

Mais cette perspective est catégoriquement écartée par les trois partis de Westminter comme par le chef de la campagne "Better Together" favorable au maintien de l'Écosse dans le Royaume-Uni, Alistair Darling, ancien chancelier de l'Échiquier travailliste.

Cette question technique a même constitué l'apogée du premier débat télévisé entre M. Salmond et M. Darling, qui a pointé l'absence de "plan B" monétaire dans le camp indépendantiste.

Au-delà se joue la répartition de la dette de l'État britannique: le Trésor à Londres s'est engagé à garantir l'ensemble des emprunts de la Couronne... et à obtenir de l'Écosse indépendante le remboursement de sa quote-part à un horizon à définir. Mais en l'absence d'union monétaire, les nationalistes écossais menacent de ne pas payer, d'autant que la vache à lait pétrolière pourrait se montrer moins généreuse.

"Environ 85% du pétrole et du gaz de la Mer du Nord est en territoire écossais. La production d'hydrocarbure représenterait environ 15% de l'économie de l'Écosse indépendante" et son principal secteur d'activité avec la finance, estime Nick Bate, économiste de Bank of America Merrill Lynch.

Un atout significatif donc, mais dont la taille et les revenus font l'objet de controverses.

Édimbourg a élaboré plusieurs scénarios de recettes fiscales pétrolières, dont le plus optimiste table sur 38,7 milliards de livres (48 milliards d'euros) pour les cinq prochaines années budgétaires. L'agence chargée des prévisions officielles britanniques vient pour sa part d'abaisser ses propres prévisions quinquennales... à 17,6 milliards de livres (22 milliards d'euros).

Les études fleurissent en effet en cette période pré-électorale: le Trésor britannique a ainsi affirmé mercredi qu'un emploi sur dix en Écosse est directement lié aux échanges avec le reste du Royaume-Uni.

Ces salariés seraient "en danger" en cas d'indépendance, a alerté le leader des libéraux-démocrates en Écosse.

Mais pour le gouvernement régional basé à Edimbourg, "la principale menace pour l'économie écossaise repose dans le référendum sur le maintien du Royaume-Uni au sein de l'Union européenne (UE)... qui pourrait faire sortir l'Écosse d'un marché unique de plus d'un demi-milliard de personnes."

Le Premier ministre David Cameron poussé par les eurosceptiques a promis un tel référendum en 2017, s'il est reconduit aux législatives en mai prochain.

M. Salmond souhaite pour sa part ardemment que l'Ecosse adhère à l'UE en cas d'indépendance, mais cette demande entraînerait le déclenchement d'un lourd processus d'approbation à Bruxelles à l'issue, là encore, incertaine.

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