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La capitale de Sierra Leone en état de siège face à Ebola

La capitale de Sierra Leone en état de siège face à Ebola

Dans les rues délavées par les pluies de Freetown, qui porte les stigmates d'une des plus atroces guerres civiles d'Afrique, un nouvel ennemi est invisible mais omniprésent: le virus Ebola sème l'effroi et la méfiance parmi la population.

L'épidémie se concentre dans la région forestière de l'est de la Sierra Leone, aux confins de la Guinée et du Liberia. Mais dans la capitale, à quelque 300 km et une journée de route, elle domine toutes les conversations, s'affichant en grosses lettres multicolores sur les panneaux de prévention.

"Nous n'avons pas encore beaucoup souffert, mais tout le monde a peur", confie Olivette, 38 ans, une commerçante du quartier de Cotton Tree, dans le centre de Freetown, où des bâtiments bombardés ou en ruines témoignent de la cruauté d'une guerre civile ayant fait des dizaines de milliers de morts de 1991 à 2002.

"Je m'assure que tout le monde se lave en entrant et je ne laisse personne me toucher, moi ou mes enfants. Pas même les autres membres de la famille", explique-t-elle.

Des seaux de solution chlorée pour se désinfecter sont disposés à l'entrée des magasins, bureaux, églises, de tous les édifices où les visiteurs pourraient s'aventurer.

La moindre toux à bord des transports publics suscite des regards soupçonneux parmi les passagers et les réceptionnistes d'hôtel exigent que les clients se lavent les mains avant d'entrer.

Dans l'hôpital centenaire et délabré de Connaught, gardé par des soldats mobilisés pour protéger médecins et infirmières de possibles agressions d'habitants paniqués, les tests du sida ont été arrêtés, de crainte que les échantillons sanguins ne contiennent le virus Ebola.

"Nous avons tous peur à cause de la manière dont Ebola se propage, mais nous prenons toutes les précautions nécessaires", explique à l'AFP Waissu Gassama, qui travaille dans le service sida de l'hôpital.

Le président Ernest Bai Koroma a ordonné le déploiement de 1.500 soldats et policiers autour des centres accueillant des malades, essentiellement dans l'Est, mais aussi à Freetown, pour faire respecter les mesures de quarantaine et dissuader les proches de les en retirer sans autorisation médicale.

Dans une ville où l'épidémie monopolise les manchettes des journaux, les émissions télévisées, les conversations et les rares réunions publiques encore autorisées, la frontière entre mobilisation et autopromotion est parfois ténue.

Sous un arbre vénérable près de la Cour suprême, une banderole frappée de la croix et du croissant exalte le rôle de la "Force spéciale des chefs religieux contre Ebola".

Une affiche exhorte les amateurs de produits des bijouteries Sweissy à "participer à la lutte", bien que le lien entre la joaillerie et la transmission du virus apparaisse peu évident.

Les infrastructures sanitaires déficientes de Sierra Leone croulent sous le nombre de cas confirmés, probables ou suspects recensés, le plus élevé parmi les pays touchés par l'épidémie, avec 730 cas sur 1.848, dont 315 morts selon le dernier bilan en date de l'Organisation mondiale de la Santé.

Le président Koroma a déploré "la lenteur de la réponse de la communauté internationale", lors d'une réunion lundi au siège de l'OMS à Freetown.

"Nous n'avons pas reçu suffisamment d'équipement, de fonds, de personnels de santé qualifiés, et la maladie a emporté le seul expert que nous avions", a dit M. Koroma, en référence au Dr Umar Khan, l'unique spécialiste en virologie du pays, décédé le 29 juillet après avoir sauvé une centaine de personnes.

Un autre médecin, le Dr Modupeh Cole, responsable de la chirurgie à l'hôpital Connaught, est décédé après avoir été testé positif puis transféré dans un centre de soins à Kailahun (est), ont annoncé mercredi les autorités sanitaires.

Huit personnels de santé chinois et 24 infirmières, la plupart travaillant dans un hôpital militaire, ont été placés en quarantaine à Freetown.

"Nous sommes réellement inquiets que cela se propage à partir de l'Est", reconnaît Waissu Gassama, qui se veut pourtant optimiste: "Au moins le gouvernement fait ce qu'il faut pour endiguer le virus".

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