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Irak: les forces kurdes, aidées par les frappes américaines, reprennent deux villes

Irak: les forces kurdes, aidées par les frappes américaines, reprennent deux villes

Les forces kurdes ont repris dimanche deux villes du nord de l'Irak aux jihadistes, aidées dans leur contre-offensive par des frappes aériennes des Etats-Unis, qui larguaient parallèlement des vivres aux milliers de déplacés pris au piège dans des montagnes.

Lors d'un déplacement en Irak visant à superviser la livraison de 18 tonnes d'aide (médicaments, tentes, etc.), le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a appelé les Irakiens à l'unité pour "mener la bataille contre le terrorisme", promettant le soutien humanitaire mais pas militaire de Paris. Il a néanmoins indiqué que la France, en liaison avec les autres pays européens, allait examiner la possibilité de livrer "de manière sûre" des armes aux Irakiens.

Alors que les forces kurdes ont subi ces derniers jours plusieurs revers face aux insurgés sunnites, menés par les jihadistes de l'Etat islamique (EI), elles ont repris la main dimanche, au troisième jour des frappes aériennes menées par les Etats-Unis.

"Les peshmergas ont libéré Makhmour et Gwer (...) Le soutien aérien américain a aidé", a affirmé un porte-parole des forces kurdes, Halgord Hekmat.

Makhmour et Gwer, prises il y a quelques jours par des insurgés sunnites, sont situées au sud-ouest de la capitale du Kurdistan irakien, Erbil.

Les Etats-Unis, qui se sont retirés d'Irak il y a près de trois ans, ont commencé vendredi à mener des frappes contre les positions des insurgés. Dimanche, les forces américaines ont poursuivi leurs attaques, affirmant avoir mené "avec succès de multiples frappes aériennes, tant avec des avions qu'avec des drones, pour défendre les forces kurdes près d'Erbil, où des personnels et des citoyens américains sont stationnés".

Le patriarche chaldéen Louis Sako s'est dit déçu de la portée de l'intervention américaine qui ne vise selon lui qu'à protéger Erbil et offre peu d'espoir d'une défaite des jihadistes et d'un retour des déplacés.

L'avancée de l'EI a jeté ces derniers jours plus de 200.000 personnes sur les routes avec notamment la prise de Qaradosh, plus grande ville chrétienne d'Irak située entre Mossoul et Erbil, et de Sinjar, bastion des Yazidis, une minorité kurdophone non musulmane, à l'ouest de Mossoul.

Nombre de Yazidis sont piégés dans les arides montagnes environnantes, menacés autant par la faim et la soif que par les jihadistes.

Outre la protection du personnel américain, le président Barack Obama avait justifié l'intervention américaine par la nécessite d'empêcher un éventuel "génocide", mais il a prévenu que les frappes seraient limitées.

Parallèlement, les Etats-Unis ont largué de nouvelles cargaisons de vivres --52.000 repas au total depuis jeudi soir-- et des conteneurs d'eau à destination des "milliers de citoyens" menacés sur les monts Sinjar, selon le Pentagone. Le Royaume-Uni a également commencé dimanche à larguer de l'aide.

L'Union européenne a dénoncé des "crimes contre l'humanité" dans les zones où progressent les jihadistes, évoquant des "persécutions et des violations des droits humains fondamentaux".

Selon des responsables yazidis et des témoins, des dizaines d'hommes de la communauté ont été exécutés par les jihadistes quand ils ont attaqué Sinjar et des dizaines d'autres personnes sont mortes de déshydratation ou par manque de médicaments dans les montagnes où elles se sont réfugiées.

Il y a également des craintes sur le sort de femmes yazidies qui auraient été enlevées et réduites à l'état d'esclaves par des insurgés, mais ces informations n'ont pas pu être vérifiées par l'AFP.

Au Vatican, le pape s'est dit "effaré et incrédule" face aux informations relatant les "violences de tout type" en Irak, et a appelé à "une solution politique efficace au niveau international et local" pour les stopper.

Une députée yazidie, Vian Dakhil, avait assuré samedi qu'il ne restait plus qu'"un ou deux jours pour aider (les déplacés dans les monts Sinjar). Après, ils vont commencer à mourir en masse".

Dimanche, cette parlementaire et d'autres responsables ont indiqué qu'entre 15.000 et 30.000 d'entre eux étaient parvenus à fuir les montagnes, avec l'aide des forces kurdes, et avaient trouvé refuge au Kurdistan irakien, après être passés par la Syrie.

Mais selon Mme Dakhil il en reste "des milliers dans la montagne" et "le passage n'est pas sûr à 100%".

Les forces kurdes en Irak, Syrie et Turquie travaillent ensemble pour briser le siège autour des monts Sinjar et secourir les déplacés.

Afin de superviser la première livraison d'aide humanitaire française aux déplacés de Sinjar, le ministre français des Affaires étrangères s'est rendu dimanche à Badgad avant de gagner Erbil.

Dans la capitale irakienne, il a appelé à la mise en place d'un gouvernement d'union: "Il faut que tous les Irakiens se sentent représentés et puissent ensemble mener la bataille contre le terrorisme".

La veille, M. Obama avait également de nouveau appelé à la formation d'un gouvernement d'union pour faire face à l'offensive des insurgés, alors que les institutions politiques irakiennes sont quasiment paralysées par de profondes divisions.

Pourtant, malgré l'enjeu, le Parlement a reporté dimanche au 19 août une session faute de consensus entre les députés sur le choix du Premier ministre.

La coalition de l'actuel chef du gouvernement Nouri al-Maliki, un chiite, a remporté les législatives du 30 avril et ce dernier vise un 3e mandat. Mais il est vivement critiqué pour son autoritarisme et son choix de marginaliser la minorité sunnite.

bur-jmm/cco/sw

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