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Des détenus poursuivent Ottawa pour la réduction de leur salaire

Des détenus poursuivent Ottawa pour la réduction de leur salaire
Radio-Canada

En Ontario, un groupe de détenus entame une procédure judiciaire contre le gouvernement fédéral au sujet de la baisse du salaire versé pour leur travail en prison.

En octobre dernier, le Service correctionnel du Canada a sabré du tiers le salaire des détenus, une mesure entrée en vigueur au printemps dernier. Le gouvernement avait justifié cette décision en affirmant qu'elle permettrait de responsabiliser les détenus et d'engendrer des économies de quatre millions de dollars.

Avant les compressions, un détenu au plus haut de l'échelle salariale pouvait recevoir 6,90 $ par jour, mais la moyenne était d'environ 3 $ par jour. Le barème de rémunération a été créé en 1981 sur la base du salaire minimum de l'époque et n'a jamais été indexé, stipule la requête. Et aujourd'hui, la plupart des détenus gagnent encore moins.

L'avocat qui représente les plaignants, Todd Sloan, dit que la réduction viole la Charte canadienne des droits et libertés et le droit des détenus à la « liberté et la sécurité de la personne » de manière injustifiée.

Il ajoute que la décision est contraire à la loi sur le système correctionnel, qui régit les prisons fédérales. « Il aura des conséquences sur la capacité des détenus à se réinsérer et c'est donc en contradiction avec l'objectif même de la loi. »

Pas d'argent pour contacter leur famille

Les détenus n'ont plus les moyens de payer leurs appels téléphoniques, d'envoyer de l'argent pour soutenir leur famille ou de se préparer à leur libération, soutiennent les demandeurs. Ils doivent également utiliser leur propre argent pour acheter des articles d'hygiène personnelle comme le shampooing, le savon, le déodorant et les médicaments en vente libre, que le système ne fournit plus.

« Nous régressons. La tendance générale dans les services correctionnels est maintenant loin des principes de base que sont la sécurité du public et la réinsertion sociale des délinquants », a déclaré Me Sloan à CBC.

Un des détenus qui entament la poursuite, Jarrod Shook, incarcéré dans le pénitencier de Collins Bay à Kingston, a indiqué que la réduction salariale nuit à sa capacité de payer ses cours universitaires. Il a moins d'argent pour appeler ses professeurs et doit se serrer la ceinture pour pouvoir parachever ses travaux.

Certains détenus ont dû annuler les visites de leurs familles parce qu'ils ne sont plus en mesure de couvrir les frais de transport et de repas qu'elles imposent, déplore M. Shook. Il ajoute que les compressions ont engendré des tensions entre les détenus qui se disputent les ressources limitées.

L'automne dernier, les détenus dans les pénitenciers du pays se sont mis en grève pour protester contre les réductions.

L'affaire devrait être entendue cet automne devant un tribunal fédéral.

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