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Des maires croient avoir une solution pour contrer les boîtes postales communautaires

Des maires croient avoir une solution pour contrer les boîtes postales communautaires
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Le maire de Westmount, Peter Trent, envisage de refuser de délivrer des permis de construction pour les boîtes postales communautaires sur son territoire. Des maires québécois sont déjà parvenus à empêcher l'installation de ces boîtes communes auprès des luttes acharnées remportées contre Postes Canada.

Un texte de Thomas Gerbet

« Je ne sais pas si je vais émettre un permis de construction », a déclaré le maire Trent sur les ondes d'ICI Radio-Canada. « Où est-ce qu'on va trouver l'endroit pour mettre ces boîtes-là », s'interroge-t-il, en rappelant que sa municipalité présente une densité de population de 5000 personnes par kilomètre carré.

La société d'État, qui veut supprimer la livraison du courrier à domicile en milieu urbain d'ici cinq ans dans tout le Canada, ne peut agir unilatéralement dans l'installation des casiers. « Postes Canada est tenue d'obtenir l'approbation de la municipalité pour les emplacements des boîtes postales communautaires », peut-on lire sur son site web.

La solution d'un village d'Abitibi

La municipalité de Landrienne, 984 habitants, a réussi à empêcher l'installation des boîtes communautaire son territoire en 2011. Le maire de l'époque, François Lemieux, explique avoir prévenu Postes Canada dès 2009 que le conseil municipal s'opposerait à toute demande sur le territoire de la ville.

« Ils ont alors trouvé deux propriétaires privés qui acceptaient d'héberger leurs boîtes. J'ai répondu : pas de problème, si vous faites ça, vous devrez obtenir un permis de construction, et je vous avise qu'on va refuser de le délivrer pour des raisons de sécurité ou autre ».

L'ancien maire était prêt à aller défendre sa cause en cour, bien conscient qu'une municipalité doit avoir une raison valable pour refuser un permis de construction.

« Avant que Postes Canada aille de l'avant, on les a menacés d'envoyer notre inspecteur, de mettre un scellé sur leurs boîtes, avec un avis de démolition. On leur a dit : " si vous ne vous conformez pas, vous irez les chercher au dépotoir et vous vous ramasserez avec une facture ". C'est aussi simple que ça. »

— François Lemieux, ancien maire de Landrienne

La bataille de Saint-Clément

À Saint-Clément, dans le Bas-Saint-Laurent, une communauté a mené une bataille épique en 1993 contre Postes Canada, qui prévoyait fermer le bureau de poste du village. Des citoyens ont bloqué l'autoroute 20, détourné un camion postal et occupé un édifice fédéral durant 59 jours.

L'installation de boîtes communautaires avait aussi été contestée par la municipalité qui a utilisé une stratégie semblable à celle du village de Landrienne. « Postes Canada improvisait, mais on les contrait à chaque fois, car on connaissait mieux le territoire qu'eux », explique la directrice générale de Saint-Clément, Line Caron.

Aujourd'hui, le bureau de poste est la propriété de la municipalité et c'est une employée de la Ville qui réceptionne le courrier. Le drapeau du Québec flotte même devant l'édifice.

Des villes prises de court

La fin de la livraison du courrier à domicile arrive plus rapidement que ne l'avaient prévu certains maires et citoyens de la région de Montréal. Dès le printemps 2015, des centaines de milliers de résidents de banlieue et de certains arrondissements auront perdu le courrier à la porte. Brossard doit par exemple préparer l'installation de 400 nouvelles boîtes communautaires sur son territoire dans les prochains mois.

Postes Canada explique consulter les Villes et les citoyens avant de déterminer les emplacements. « Les commentaires reçus grâce au sondage et aux discussions tenues dans les localités nous apportent des renseignements très précieux qui nous aident à mettre au point un plan sur mesure pour chaque collectivité », explique la porte-parole Carley Smith de Postes Canada.

Dans des milieux urbains à forte densité de population, Postes Canada pourrait signer des ententes avec des commerçants, comme des dépanneurs ou des pharmacies, pour qu'ils accueillent les boîtes postales communautaires. Les élus de Montréal avaient déjà fait part de leur inquiétude face au projet de la société d'État.

« Je trouve que l'idée est vraiment stupide. Au lieu d'avoir une seule personne qui sillonne les rues, chaque individu va sauter dans sa voiture pour aller chercher le courrier dans une boîte. C'est rétrograde d'un point de vue environnemental. »

— Peter Trent, maire de Westmount

Le maire de Westmount propose d'autres solutions pour augmenter les revenus de Postes Canada, comme la hausse du prix du timbre, ou du moins sa modulation selon les distances d'envoi au pays. Actuellement, il en coûte le même prix pour écrire de Montréal à Montréal que de Montréal à Vancouver.

Tous les maires ne sont pas opposés à l'idée. « C'est inévitable », dit le maire de Dollard-des-Ormeaux, Ed Janiszewski, « on ne peut pas soutenir financièrement plus longtemps la livraison quotidienne du courrier ».

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