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A Gaza, les déplacés prennent à nouveau la fuite

A Gaza, les déplacés prennent à nouveau la fuite

Son bébé dans les bras, Saïd Masry fuit en courant avec sa famille. C'est la deuxième fois depuis le début de la guerre à Gaza, sauf que cette fois, il ne sait plus vraiment où s'abriter.

Vendredi matin, la trêve de trois jours entre l'armée israélienne et le Hamas, le mouvement islamiste qui contrôle la bande de Gaza, a expiré.

Peu après, un missile s'est abattu sur le toit de l'immeuble juste en face de l'appartement du cousin de Saïd, où il s'était réfugié avec sa famille, après le bombardement de leur quartier à Beit Hanoun, dans le nord de l'enclave.

A en croire les habitants, ce n'était qu'une petite roquette, un tir de dissuasion qui n'a pas fait de victime. Saïd, lui, a bien reçu le message. Il a emporté des petits sacs de nourriture, rassemblé sa femme et leurs cinq enfants et s'est enfui à toutes jambes.

Dans sa tête, ils pouvaient rejoindre une des écoles qui accueillent une partie du demi-million de déplacés de la dernière guerre de Gaza. Mais au moins 153 d'entre elles, dont 90 gérées par l'ONU, ont été touchées par les bombardements. Alors c'est sans grande illusion qu'il s'y rend.

"Les écoles non plus ne sont pas sûres", lâche-t-il, les traits tirés et le regard agité, un oeil toujours rivé sur un immeuble tout juste touché par une frappe. "Pourquoi est-ce que le monde entier ne se réveille pas ? On prend les femmes et les enfants pour cibles et le reste du monde dort!", dit-il.

Vendredi, après que négociateurs palestiniens et israéliens dépêchés au Caire n'ont pas réussi à s'accorder sur une prolongation de la trêve, des combattants palestiniens ont repris leurs tirs de roquettes en direction d'Israël et l'Etat hébreu a répliqué par de nouveaux bombardements sur l'étroite bande de terre où s'entassent 1,8 millions de Palestiniens le long de la Méditerranée.

Un raid de l'aviation israélienne sur une mosquée a tué un enfant de 10 ans et blessé 12 personnes dans le nord de la ville de Gaza.

La fin de l'accalmie a poussé les Gazaouis à quitter de nouveau la maison qu'ils avaient retrouvée à la faveur de la trêve, et des milliers d'entre eux ont repris le chemin des hôpitaux et des écoles pour s'y abriter.

Une demi-heure à peine après l'expiration du cessez-le-feu, ils fuyaient, pour certains à bord de carrioles tirées par des ânes ou de voitures chargées de matelas et de vêtements.

Oum Abdallah, 50 ans, a décidé qu'elle ne s'y laisserait plus prendre. Elle a longtemps hésité avant de fuir vers une école. Mais désormais, elle ne la quittera plus tant qu'un cessez-le-feu définitif n'aura pas été annoncé.

"On attendait une deuxième trêve, mais on ne l'a pas eue", lâche-t-elle, "on a attendu jusqu'au dernier moment, jusqu'à huit heures pile, mais rien n'est venu".

A l'heure de l'expiration, alors que Hamas et Israéliens annonçaient reprendre les combats, elle a empaqueté quelques habits, emporté du pain et des tomates et a fui, de nouveau.

Dans le quartier de Touffah, d'autres familles se ruent sur les écoles dès l'annonce de l'expiration du cessez-le-feu. Des centaines de déplacés vivent déjà dans les salles de classe après avoir été chassés de leurs quartiers, parfois entièrement rasés.

Dans la cour de l'école, Abdallah Abdallah, 33 ans, vient d'arriver. Cette école, il la connaît déjà: il ne l'a quittée que pour les trois jours de la trêve.

Lui aussi y est de retour, résigné: "j'ai peur parce que les écoles sont visées et que des jeunes, des femmes et des enfants ont été tués", souffle-t-il, en référence aux frappes qui ont tué des dizaines de personnes dans des écoles de l'ONU et soulevé l'indignation internationale. D'ailleurs, dit-il, "on a tous peur: j'ai peur, mes enfants ont peur, ma femme a peur".

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