Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

A Jérusalem-Est, des médecins soignent quelques rares blessés autorisés à quitter Gaza

A Jérusalem-Est, des médecins soignent quelques rares blessés autorisés à quitter Gaza

Ils ne sont que quelques dizaines à avoir pu quitter Gaza, mais à la faveur de la trêve entre Israël et le Hamas, les médecins espèrent en faire venir plus. Sur leur lit d'hôpital à Jérusalem-Est, des blessés palestiniens tentent de soigner les plaies d'un conflit dévastateur.

Près de 10.000 Palestiniens, dont quelque 3.000 enfants, ont été blessés en près d'un mois de conflit dans l'enclave palestinienne déjà étranglée par des pénuries de médicaments, d'eau et d'électricité du fait du blocus israélien, compliquant un peu plus la tâche des médecins, exténués et parfois blessés.

Parmi les blessés les plus graves, 90 ont été évacués par le point de passage d'Erez tenu par les Israéliens, selon le ministère israélien de la Défense, certains vers la Jordanie. Deux blessés ont été admis dans la ville arabe israélienne de Nazareth et des dizaines d'autres dans trois hôpitaux de Jérusalem-Est, comme Chaïma al-Masri, quatre ans, hospitalisé à Saint-Joseph.

Elle a eu le ventre, les intestins, les reins perforés par de multiples éclats d'obus qui lui ont également traversé la poitrine. Sa tante l'accompagne pour la veiller: "ma mère, mon frère et ma soeur sont au paradis, ils redescendront me voir quand les nuages seront partis", souffle-t-elle, en évoquant ses proches décimés par un tir de missile israélien à Beit Hanoun, au nord de Gaza.

Sa soeur Acil, 17 ans, son frère Mohammed, 15 ans, et leur mère Sahar ont été fauchés par une bombe alors qu'ils fuyaient en courant leur maison bombardée. Son père, lui, est hospitalisé à Gaza et la petite ne cesse de l'appeler, entre deux pleurs."Ils nous bombardaient depuis les airs, la mer, le sol. Tout a été détruit", raconte sa tante.

Chaïma a passé la fête de l'Aïd el-Fitr fin juillet dans cet hôpital. Des Palestiniens de Jérusalem, en signe de solidarité avec Gaza où ils ne sont pas autorisés à aller, lui ont apporté, ainsi qu'aux autres blessés, des habits neufs et des jouets comme le veut la tradition.

Le directeur de l'hôpital Saint-Joseph, Maher Deeb, accueille en tout 25 Gazaouis pour le moment, mais dit-il, "nous essayons de profiter de la trêve de 72 heures (jusqu'à vendredi matin) pour faire venir plus de blessés de Gaza". D'ailleurs, dit-il, les Israéliens semblent disposer à continuer à laisser passer des blessés. "C'est politique, ils cherchent à se donner une caution humanitaire en faisant cela", affirme le docteur Deeb.

"Nous travaillons jour et nuit, 50% des blessés que nous recevons sont dans un état critique, même ceux qui sont dans un état stable présentent des blessures difficiles à traiter et devront être suivis sur le long terme", note ce médecin.

Lors des précédentes offensives israéliennes sur Gaza, Saint-Joseph avait aussi reçu des blessés, mais cette fois-ci, affirme-t-il, "il y a plus de blessés et des blessures plus compliquées à traiter".

A l'hôpital Maqased du Mont des Oliviers, à Jérusalem-Est, Khamis Zaki Abou Hassira raconte son calvaire depuis qu'une roquette lui a emporté une partie de la jambe droite et lui a cassé le bras. A Gaza, les médecins l'ont d'abord amputé sous le genou, puis une deuxième fois au-dessus de l'articulation. Une fois arrivé à Jérusalem, il a subi une troisième opération pour lui retirer toute sa jambe.

Ce père de quatre enfants réparait avec des collègues une ligne téléphonique quand il a entendu une roquette s'abattre sur la maison d'un ami. Venu en courant pour constater les dégâts, il a entendu un autre engin siffler à ses oreilles.

"Nous étions sûrs de mourir, alors on a récité nos dernières prières", dit-il sans cesser de se retourner pour tenter de trouver une position un peu moins inconfortable.

A ce moment, entrent un Palestinien et son fils de quatre ans. Tous deux s'installent au chevet de Khamis, le corps couvert d'hématomes. Un peu de réconfort et de chaleur de la part de ces inconnus venus le soutenir dans l'épreuve.

mab-jjm/jm/sbh/gl/hj

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.