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Libre-échange avec l'UE: Québec est «conscient, confiant et vigilant»

Libre-échange avec l'UE: Québec est «conscient, confiant et vigilant»
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QUÉBEC - Québec se dit «conscient, confiant et vigilant» pour la suite des choses, après l'entente survenue entre le Canada et l'Union européenne sur le texte complet d'un futur accord de libre-échange.

Le ministre de l'Agriculture, Pierre Paradis, a en effet voulu ainsi se montrer rassurant auprès des fromagers du Québec, qui craignent le pire. Le ministre regrette seulement ne pas avoir obtenu la «réciprocité des normes» en matière agricole pour s'assurer de l'équité entre tous les joueurs.

L'entente sur le texte complet de l'accord est une étape importante vers la mise en oeuvre de la libéralisation des échanges entre le Canada et l'UE.

Or, la question du fromage était un des principaux points de litige à régler au Québec dans la mise en oeuvre de l'accord. En effet, en vertu de l'entente de principe signée en 2013, les pays européens pourront exporter plus de 17 000 tonnes de fromages supplémentaires au Canada.

Les producteurs européens sont généreusement subventionnés, ce qui fait craindre le pire aux fromagers du Québec, qui produisent 60 pour cent des fromages fins au pays.

Dans une entrevue à La Presse Canadienne, mercredi, M. Paradis a dit d'entrée de jeu qu'il était toujours à la recherche du texte complet de l'accord pour en vérifier la conformité, même si Ottawa dit l'avoir fourni à tous les gouvernements provinciaux.

Le ministre s'est toutefois rapidement employé à apaiser les inquiétudes de plusieurs joueurs de l'industrie laitière. Il a notamment déjà parlé aux représentants des fromagers artisans.

M. Paradis se dit lui-même rassuré et satisfait de cette entente. «Je suis conscient, confiant et vigilant» pour la suite des choses, a-t-il résumé dans un entretien téléphonique.

Il a rappelé que le gouvernement fédéral s'est engagé formellement, en juillet, à indemniser les producteurs qui pourraient être affectés par le raz-de-marée des fromages européens.

«J'ai resserré les boulons», a imagé le ministre. Il n'y avait que «quelques déclarations éparses» (du gouvernement fédéral) avant l'arrivée au pouvoir du gouvernement Couillard au Québec en avril, mais il a réussi finalement à obtenir une garantie ferme d'Ottawa, «sur papier, publique, formelle», lors d'une rencontre avec ses homologues provinciaux et fédéral en juillet, s'est-il réjoui.

Par ailleurs, les fromagers d'ici pourraient aussi être les grands gagnants de cette nouvelle concurrence, de l'avis du ministre. En effet, ils pourraient par exemple détenir les permis d'importation des fromages européens et en tirer une part de bénéfices. Mais pour cela, les petits producteurs doivent s'organiser et se regrouper, ce que les incite à faire M. Paradis.

«Je veux leur donner la première possibilité, s'ils la prennent, cela veut dire que je dois monter au front, et c'est de l'ouvrage», mais c'est dans leur intérêt, a-t-il appuyé.

Et cependant, on ignore toujours quel mécanisme sera mis en place par le fédéral pour l'attribution des permis d'importation, qui sont aussi convoités par les grands joueurs de l'industrie, autant au Canada qu'en Europe, comme l'a expliqué le ministre. Ce seront là d'autres détails qui restent à régler pour l'entente finale et sa mise en oeuvre.

M. Paradis ignore précisément quelles seront les prochaines étapes et le calendrier de mise en oeuvre. Le Québec n'aura pas de «grand levier», sinon la date de la ratification de l'accord par l'Assemblée nationale, a-t-il conclu.

Le ministre regrette simplement l'absence dans cette entente d'une forme de «réciprocité des normes», comme il en existe dans d'autres accords négociés entre pays.

Une telle réciprocité des règles dans le domaine agricole empêche par exemple les avantages concurrentiels indus que pourrait procurer le laxisme réglementaire à des entreprises étrangères. M. Paradis déplore avoir été mis devant un fait accompli par l'ancien gouvernement Marois qui n'a pas mené cette bataille, selon lui.

Selon l'Union des producteurs agricoles (UPA), l'afflux des fromages européens sur le marché canadien pourrait faire perdre 450 millions $ par année aux producteurs d'ici. Le syndicat des producteurs agricoles québécois exige donc des compensations du gouvernement fédéral, ainsi que l'étalement graduel sur un plus grand nombre d'années de l'arrivée des fromages européens.

Outre le fromage et la viande, l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne réduira ou abolira les tarifs sur divers produits, dont l'aluminium, le sirop d'érable, les véhicules récréatifs, les pièces et les produits alimentaires de transformation.

M. Harper avait fait savoir que ce projet d'entente de libre-échange était «de loin le partenariat commercial le plus ambitieux signé par le Canada». L'Union européenne constitue en effet un marché de plus de 500 millions de consommateurs et affiche un PIB de 17 billions $.

Seulement pour le Québec, les retombées économiques d'une entente de libre-échange avec l'UE seraient de 2,2 milliards $ par an et pourraient créer 16 000 emplois, selon les données du gouvernement du Québec.

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