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Chaleur, brimades et attente: le quotidien des Egyptiens fuyant la Libye

Chaleur, brimades et attente: le quotidien des Egyptiens fuyant la Libye

Racket, brimades, manque de nourriture, le tout en plein soleil malgré la chaleur estivale: des réfugiés égyptiens fuyant la Libye et entrés en Tunisie dimanche ont décrit le calvaire de leur semaine à attendre un rapatriement.

Longtemps bloqués au point de passage de Ras Jedir du côté libyen, la Tunisie craignant l'afflux de réfugiés, quelques centaines d'Egyptiens ont enfin pu passer la frontière et sirotent l'eau distribuée par le Croissant Rouge.

Assis calmement à l'ombre du toit de tôle recouvrant le poste frontière, visiblement fatigués, ils attendent sous surveillance policière un bus qui doit les amener avant la fin de la journée vers un avion spécialement affrété pour rentrer en Egypte.

Pressés de partir, dès qu'un car d'évacuation s'approche des dizaines d'entre eux se précipitent vers le véhicule, leurs bagages de fortune à la main et sur la tête.

Arrivé mercredi à la frontière, Ahmed Ali, 42 ans, explique avoir passé avec quelque 6.000 de ses compatriotes ses jours et ses nuits à ciel ouvert, malgré des températures dépassant les 40°C.

Une fois les réserves de nourriture personnelles épuisées, les seuls aliments disponibles étaient ceux distribués une fois par jour par le Croissant rouge libyen ou des habitants des alentours, dit cet homme amaigri aux traits tirés.

"Notre situation était difficile, c'est pour ça que nous avons explosé vendredi et que nous avons voulu franchir de force la frontière, nous voulons rentrer chez nous", raconte cet ouvrier en référence aux violences qui ont opposé réfugiés et forces libyennes, entraînant la fermeture du principal point de passage entre la Libye et la Tunisie.

Omar Sabri, lui aussi ouvrier égyptien ayant fui les combats entre milices rivales à Tripoli, justifie l'explosion de colère par les brimades infligées par les gardes-frontières libyens durant leur longue attente.

"Quand on voit des agents tenir des bâtons et qu'ils nous frappent de temps à autres c'est normal qu'on explose !", dit ce jeune homme de 22 ans arrivé le 28 juillet à Ras Jedir.

Achraf Malaoui, 31 ans, assure avoir même "entendu un agent libyen qui proposait de faire un trou pour nous enterrer".

"On a été très mal traité, personne ne veut de nous", se lamente-t-il, le visage caché par une casquette et des lunettes de soleil.

Certains de ses compagnons d'infortune accusent les gardes-frontières libyens d'avoir extorqué de l'argent aux réfugiés en leur faisant miroiter une entrée accélérée en Tunisie.

"Un agent libyen m'a demandé 50 dinars libyens (30 euros) pour me permettre d'entrer avec ma famille", raconte Salah Said, un chef d'entreprise de 57 ans, alors même que la Tunisie avait interdit l'accès à son territoire à tout étranger ne disposant pas de la preuve qu'il allait quitter le pays immédiatement.

Malgré les combats en Libye, le gouvernement tunisien a prévenu qu'aucun camp ne sera ouvert, le pays ne pouvant répondre à une afflux massif de réfugiés --principalement des ressortissants arabes et asiatiques travaillant là-bas-- comme cela avait été le cas lors de la guerre civile de 2011 qui a abouti à la chute du régime du colonel Kadhafi.

Les Libyens disposant de papiers en règles tout comme les Tunisiens peuvent eux entrer en Tunisie.

En dépit de la longue et pénible attente, certains Egyptiens se veulent plus compréhensifs envers les forces libyennes qui doivent gérer la fuite de milliers de personnes tout en étant confronté à des milices armées à Tripoli et Benghazi (est) depuis la mi-juillet.

"Je comprends la réaction des Libyens, ils sont sur leurs nerfs vue la situation en Libye et vue notre nombre important à la frontière", note, magnanime, Mahmoud Abou Hamdi, 34 ans, la chevelure pleine de sable et les habits très abîmés.

"Je suis très mal et mon moral ne va pas bien du tout", admet-il cependant, un noeud dans la gorge.

kl-alf/cbo

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