Huit ans après l'effondrement d'une partie du viaduc de la Concorde à Laval, l'Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ) ferme 11 de ses 12 dossiers d'enquête sans déposer de plaintes.
L'Ordre a eu de la difficulté à réaliser ses enquêtes sur la responsabilité de certains de ses membres dans la conception, et plus tard, la réfection du viaduc de la Concorde.
Le syndic de l'Ordre, Chantal Michaud, justifie l'absence de blâme par le temps qui s'est écoulé entre la construction du viaduc et l'effondrement. Quarante ans après la construction de cet ouvrage, l'obtention des documents pertinents et la rencontre de témoins se sont avérées d'une complexité jamais encore éprouvée par l'OIQ.
En outre, il a fallu juger la réalisation de ce pont en fonction des normes en vigueur à l'époque.
« Il n'était pas question de faire des enquêtes et de regarder la situation d'aujourd'hui en terme de construction, puis baser des dépôts de plaintes en fonction des normes d'aujourd'hui. Il fallait se replacer dans le temps », explique Chantal Michaud.
« Il y a 46 ans, on était encore à la règle à calcul. Les plans étaient faits à la main avec des plumes à l'encre, lorsqu'on doit nous, comme syndic, se reculer de 40 ans et regarder les documents qu'on a réussi à se magasiner et faire le lien avec les normes de l'époque, je vous dis que c'est tout un casse-tête. » — Chantal Michaud, syndic de l'Ordre des ingénieurs du Québec
Même s'il convient que huit ans, c'est long avant de fermer des dossiers d'enquête, M. Michaud croit qu'il fallait ce temps pour faire le tour de la question.
C'est toutefois une piètre excuse, selon un ancien vice-président de l'Ordre, qui estime que le syndic s'est traîné les pieds et n'a pas eu tous les moyens nécessaires pour faire son travail.
« Je comprends qu'ils aient eu des problèmes. La seule chose, c'est qu'ils pouvaient s'y attendre, peut-être qu'ils auraient dû arrêter ça bien avant. » — Guiseppe Indelicato, ex-vice-président de l'Ordre
Une seule plainte sera donc portée contre un ingénieur. Mais il s'agit d'un blâme mineur lié à la production de documents.