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Réforme Maltais de l'aide sociale: des milliers de ménages appauvris au Québec

Réforme Maltais de l'aide sociale: des milliers de ménages appauvris
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QUÉBEC - Malgré la promesse de l'ex-ministre Agnès Maltais de n'échapper personne, des milliers de ménages ont été appauvris par la réforme de l'aide sociale entamée l'an dernier.

L'ex-ministre de l'Emploi et de la Solidarité avait causé la surprise en annonçant que des prestataires de l'aide sociale devraient entamer un processus de retour à l'emploi, sous peine de perdre leur allocation mensuelle pour contrainte temporaire. Ce montant de 129$ s'ajoutait automatiquement à la prestation de base (de 945$ en moyenne) pour un couple avec un enfant d'âge préscolaire. De plus, l'âge minimal pour une allocation automatique a été repoussée de 55 ans à 58 ans.

Un an après le début de la réforme, 30% des couples avec un enfant d'âge préscolaire ont perdu leur allocation mensuelle pour contrainte temporaire parce qu'ils ont refusé de participer à un processus de recherche d'emploi, selon des chiffres publiés au début du mois de juillet par le ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale. 2 162 couples sont affectés par ce changement.

Les personnes âgées de 55 ans et plus ont aussi été touchées: 48% des nouveaux prestataires n'auront pas droit à une allocation supplémentaire avant l'âge de 58 ans. Cela représente 2 099 personnes. Ceux qui étaient déjà âgés de 55 ans et plus au moment de la réforme bénéficient d'un droit acquis.

«Il ne faut pas oublier, par contre, que ces personnes-là ont pris la décision de ne pas donner suite à l'offre d'Emploi-Québec de participer à un parcours vers l'emploi», précise David McKeown, conseiller en communication au ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale.

Retour au travail

La réforme compte toutefois de nombreux succès. Ainsi, 45% des couples avec un enfant d'âge préscolaire ont regagné le marché du travail. Il s'agit donc de 3 159 couples dont au moins un des membres a trouvé un emploi.

Pour les prestataires qui ont eu 55 ans après juillet 2013, 22% des d'entre eux ont trouvé un emploi.

La réforme Maltais avait suscité de vives inquiétudes chez les groupes de défenses des bénéficiaires de l'aide sociale. La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec l'avait même jugé contraire à la Charte des droits et libertés de la personne.

«La promesse qui avait été mise de l'avant par la ministre de l'Emploi, de n'échapper personne, on est un peu passé à côté», lance Serge Petitclerc, porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté.

Ce dernier dénonce l'approche retenue par l'ex-ministre. Selon lui, offrir un meilleur revenu faciliterait la réinsertion sur le marché du travail. «Certains croient que si on en donne plus, les gens vont vouloir rester [sur l'aide sociale], dit Serge Petitclerc. Mais c'est le contraire qui arrive: quand on en donne plus, les gens quittent parce qu'ils sont en meilleure santé.»

L'allocation supplémentaire de 129$ permet aux bénéficiaires de mieux se nourrir ou d'acheter de nouveaux vêtements, illustre Serge Petitclerc. «Quand on dit qu'on veut amener des gens dans un processus de réinsertion à l'emploi, ce n’est sûrement pas en les affamant que tu vas encourager ce processus-là.»

Au total, le Québec comptait 195 871 ménages bénéficiaires de l'aide sociale en avril dernier. Cela représente 307 877 bénéficiaires, adultes et enfants inclus. Le nombre de bénéficiaires a reculé de 1,2% depuis un an. L'année précédente, la baisse était plutôt de 2,9%.

Malgré tout, le montant total versé aux bénéficiaires de l'aide sociale est en hausse, passant de 130,8 millions en avril 2013, à 132 millions$ un an plus tard.

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