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Vol MH17: la théorie du missile se précise, mais les certitudes sont encore lointaines

Vol MH17: la théorie du missile se précise, mais les certitudes sont encore lointaines

De nouveaux éléments semblaient corroborer mardi la théorie du missile sol-air tiré contre le vol MH17, mais les experts estiment que seules une éventuelle reconstitution du fuselage et des images satellite permettront de déterminer avec certitude l'arme qui a abattu l'avion et d'identifier l'origine du tir.

Des photos publiées dans la presse, notamment le New York Times et le Financial Times, montrent en effet des morceaux de fuselage arborant des traces d'impacts "denses tout en étant assez bien réparties", typiques de missiles sol-air de type SA-11, selon Justin Bronk, analyste en Sciences militaires.

"Les traces de shrapnel (éclats d'obus, ndlr) qui ont été vues jusqu'à présent correspondent aux traces que l'on peut attendre de la part d'un SA-11 explosant à proximité d'un avion", assure-t-il à l'AFP.

"Mais il est impossible d'en être certain sans examiner le fuselage de manière plus complète", relativise M. Bronk, qui travaille pour l'Institut royal United Services de Londres.

L'accès au site est donc primordial : "il faut emmener les fragments vers un endroit sûr pour tenter de reconstituer le fuselage le mieux possible", dit-il, citant en exemple le vol Pan Am ayant explosé au-dessus du village écossais de Lockerbie en 1988, un attentat ayant fait 270 morts.

Le lieu d'une éventuelle reconstruction de l'avion n'a pas encore été évoqué, mais le puzzle s'annonce colossal, les innombrables débris du Boeing 777, qui volait à 10.000 mètres d'altitude, étant répartis sur une zone de 35 kilomètres carrés.

De nombreux rebelles prorusses, des journalistes et des habitants locaux ont déjà piétiné le site du crash, manipulant des objets. Des observateurs internationaux ont fait état de morceaux de la carcasse déplacés ou sciés.

Les séparatistes ont promis de permettre aux enquêteurs de pénétrer sur le site et un cessez-le-feu a été décrété aux abords immédiats, mais les équipes internationales n'ont eu pour le moment qu'un accès limité au site.

Les experts néerlandais en charge de l'enquête étaient quant à eux toujours à Kiev mardi, à plusieurs centaines de kilomètres du site du crash.

"Le réassemblage de la carcasse pourrait révéler des détails que la boîte noire ne peut pas révéler", soutient de son côté Gerry Soejatman, consultant pour Whitesky Aviation à Jakarta.

"Dans le cas d'un missile, l'examen de l'épave permet de déterminer si l'impact venait de l'avant ou de l'arrière de l'appareil", assure Robert Galan, expert en accidents aériens, ancien pilote d'essai et de ligne.

Mais, met-il en garde, il est essentiel que les enquêteurs accèdent rapidement au site du crash. "Si les gens piétinent durant trois jours toutes les preuves essentielles, on ne les retrouvera jamais".

Les enquêteurs chercheront également des restes de shrapnel ou des résidus d'explosifs.

"Il y aura probablement des résidus d'explosifs, en petite quantité, mais il ne faut pas oublier que la zone du crash est une zone de guerre. Cela signifie qu'elle peut être contaminée par des résidus d'explosifs émanant d'autres sources", explique notamment Justin Bronk.

Le Boeing 777 de Malaysia Airlines s'est écrasé jeudi dans une zone contrôlée par des séparatistes prorusses avec 298 personnes à bord, dont 193 Néerlandais.

Les accusations se sont principalement portées sur les séparatistes, qui auraient utilisé un missile sol-air fourni par la Russie, alors que Moscou accuse de son côté le gouvernement ukrainien.

Pour ce qui est de l'identité des tireurs, seules des images satellites constitueraient des preuves irréfutables, selon M. Bronk.

"Les conversations que les Etats-Unis disent avoir interceptées seront suffisantes pour l'Occident, mais la Russie et les rebelles nieront leur authenticité", prédit Justin Bronk.

"Voici ce qui serait convaincant : un image satellite qui montre exactement où se trouvait le lance-missile et d'où il a tiré", souligne M. Bronk : "il serait très important aussi de voir où il est allé après avoir tiré".

Les Etats-Unis, qui ont été parmi les premiers à soutenir l'hypothèse du missile sol-air tiré par des rebelles, ont dit posséder des images satellites du lancement présumé.

"La boîte noire ne sera pas d'une grande utilité dans ce cas-ci", soutient par ailleurs Gerry Soejatman : "cela ne nous dira certainement pas qui a abattu l'avion".

Mais Ben Moores, analyste aéronautique pour IHS Jane's, estime que les boîtes noires permettraient de déterminer le genre de missile utilisé, notamment grâce aux enregistrements sonores : "un missile air-air provoque une explosion beaucoup plus faible qu'un missile sol-air".

bur-ndy/ih

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