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Gala Hommage à Gilles Latulippe: le reflet d'une époque (VIDÉO/PHOTOS)

Gala Hommage à Gilles Latulippe: le reflet d'une époque (VIDÉO/PHOTOS)

C’est tout un pan de l’histoire de notre show-business qui s’est étalé sous nos yeux, lundi soir, pendant le Gala Hommage à Gilles Latulippe. Le reflet de l’époque qui a vu naître les variétés et le spectacle québécois tel qu’on le connaît aujourd’hui.

L’équipe de Juste pour rire a su amalgamer tous les jalons importants du passé de Gilles Latulippe et, par le fait même, de notre passé culturel à tous, pour célébrer ce monument qui a jeté les bases de l’humour d’ici. Avec grand succès. La soirée, longue, mais sans réelles longueurs, avait visiblement été voulue à l’image de sa tête d’affiche : simple, amusante, sans prétention.

À elle seule, l’ovation qui a accueilli Gilles Latulippe était émouvante. L’homme a été escorté jusqu’à la Salle Wilfrid-Pelletier par Gilbert Rozon et, en chemin, est passé tout près d’entarteurs qui l’attendaient pour s’en donner à cœur joie (entre eux, pas avec lui!) «Gilles! Gilles! Gilles!» ont scandé les spectateurs à travers la salve d’applaudissements lorsque la légende a gagné son siège.

Ouverture grandiose

Jaques Salvail et Brigitte Boisjoli ont lancé les festivités sur les paroles de Moi j’aime le music-hall, de Charles Trenet, pendant que, derrière eux, des hommes chorégraphiaient un jeu de claquements de portes et des danseuses à plumes et à paillettes se faisaient aller le popotin. Un numéro d’ouverture grandiose, qui donnait le ton pour ce qui allait suivre.

«Vous serez tous d’accord avec moi pour dire qu’il était temps!», a déclaré l’animateur de la fête, Stéphan Bureau, en annonçant que les deux heures suivantes seraient consacrées à revisiter la carrière de Monsieur Latulippe, qui dure depuis déjà 55 ans. «Tu sais que tu es vieux quand même ta carrière a l’âge de prendre sa retraite», a sifflé Bureau.

Ce dernier a ensuite enchaîné avec une biographie sommaire de l’étoile du jour, qui a été entrecoupée de plusieurs surprises : Gildor Roy apparaissant sous les traits de Gilda, Patrice Bélanger jouant les commentateurs sportifs, Louis-François Marcotte nous enseignant comment cuisiner une tarte à la crème (avant de se l’envoyer au visage) et Béatrice Picard incarnant une belle-maman haïssable. Cette portion s’est terminée sur une note chantée, dans un croisement entre une comédie musicale et un théâtre d’été de région. Jean-François Breau, infidèle, Marie-Ève Janvier et les autres se sont époumonés sur l’air de Changer, de la pièce Don Juan.

Gala Juste pour rire: hommage à Gilles Latulippe

Enfants spirituels

On a ensuite assisté à un feu roulant de segments touchants, sincères, bien construits et souvent hilarants. Le Gala était à peine entamé que Laurent Paquin et Benoît Brière, dans les habits du Capitaine Bonhomme et d’Olivier Guimond, nous ont presque fait verser une larme en s’adressant à Gilles Latulippe. Le premier s’est remémoré avec tendresse son rendez-vous des Démons du midi, qu’il ne voulait absolument pas rater, tandis que le second a vanté la longévité de sa carrière en se moquant du mépris et du snobisme de certains «théâtreux» à son égard. «Tu es le seul artiste au Québec qui a rempli ses salles pendant 55 ans», a-t-il souligné, faisant lever la foule spontanément. Plus tôt, Paquin et Brière nous avaient offert un sacré bon moment en personnifiant leur rôle respectif. Dans la peau du personnage de Michel Noël, Laurent Paquin nous a accroché un large sourire au visage en racontant une histoire abracadabrante et en faisant hurler au parterre la fameuse phrase «Les sceptiques seront con-fon-dus dus dus!» Et on aurait cru revenir en 1997, année de diffusion de Cher Olivier, en regardant Benoît Brière tituber à la façon d’Olivier Guimond. Un magnifique duo. Producteurs du Bye Bye, prenez des notes.

Les Denis Drolet (les «fils spirituels de Gilles Latulippe», les «Olivier Guimond et Denis Drouin sur l’acide», dixit Stéphan Bureau), n’ont pas manqué à leur devoir d’absurdité en invitant un homme à monter sur scène, en clamant qu’il s’agissait de Gilles Latulippe. Le pauvre bougre a dû subir des éloges façon Denis Drolet, en se faisant entarter violemment, électrocuter, puis renverser avec fracas par une voiture. «On connait nos vaudevilles, comme dans Cré Basile!», ont ricané nos deux «hommes en brun». Complètement délirant.

Jean-Marc Parent a relaté un souvenir très personnel relié à Symphorien, lorsque son papa, veuf depuis peu, ne trouvait de réconfort que dans cette comédie, le mardi soir. Ne pouvant être présente, Suzanne Lapointe, grande complice de Gilles Latulippe aux Démons du midi, avait écrit un joli mot qu’a lu Stéphan Bureau. «Signé : ta démone pour la vie», était-il écrit au bas de la lettre. Un faux bulletin de nouvelles a servi de prétexte pour traiter de certaines parenthèses du parcours de Gilles Latulippe, comme sa participation au film Deux femmes en or ou la campagne de publicité de Labatt Bleu de 1971. Dominic et Martin ont proposé un bien-cuit fort sympathique à celui qui leur a tracé la voie.

Morency et Béland épatent

Fort bien pensé, que ce coup de chapeau aux belles-mères tendu par François Morency. Après avoir été malmenées par Latulippe pendant plusieurs années, elles ont eu droit à une revanche méritée! Toutes les femmes présentes ont finalement crié «Gilles, j’t’aime à mort!» à la demande de leur «sauveur». Sur les écrans de la Salle Wilfrid-Pelletier, Gilles Latulippe paraissait très ému de ce passage.

On avait orchestré quelques sketchs savoureux, comme ce Symphorien en trois temps, c'est-à-dire trois déclinaisons d’un extrait de Symphorien selon les époques, avec plusieurs acteurs. Janine Sutto en a estomaqué plusieurs en se pointant pour faire revivre sa Mlle L’Espérance pendant quelques minutes. Se déplaçant lentement, la dame a fait preuve d’autodérision. «Je devrais arriver avant le générique!», a-t-elle badiné.

Réal Béland et Germain Houde nous ont donné une véritable leçon de burlesque en recréant la saynète Balconville. Houde lisait le texte pendant que Béland en mimait les actions. Quelle performance incroyable de la part du fils de Ti-Gus! Se débattant dans les escaliers à la façon d’Olivier Guimond jadis, Réal Béland a prouvé qu’il avait bien le même sang que ses ancêtres dans les veines. Et les gens riaient autant que lorsque Guimond faisait le pitre devant sa maison de Westmount au Bye Bye 1970. Un immense bravo.

«C’est l’histoire d’un gars…»

On n’avait pas oublié les amis de Gilles Latulippe disparus, comme Olivier Guimond, Rose Ouellet (La Poune), Juliette Huot et Fernand Gignac, dont la photo a défilé en arrière-plan pendant que Rémy Girard entonnait une chanson de Fernandel. Vers la fin, quelques artistes sont venus raconter de courtes blagues commençant par la classique introduction «C’est l’histoire d’un gars…», ou «C’est l’histoire d’un Gilles». De vibrantes anecdotes de François Morency, Antoine Bertrand et Dominic Sillon, sur leur relation avec Monsieur Latulippe, ont clôt la série de gags punchés, qui a fait s’écrouler le public de rire.

C’est à Véronic DiCaire qu’est revenu l’honneur de fermer l’événement. L’imitatrice a délaissé quelques secondes les voix des autres pour offrir, de la sienne, un bout de Smile, morceau préféré de Gilles Latulippe. Elle était entrée en piste dans un décor rouge rappelant le Paris des années 1950, sous les traits d’Édith Piaf, et a ensuite reproduit le tandem Céline Dion – Ginette Reno sur Un peu plus haut, un peu plus loin. À donner le frisson.

Gilles Latulippe a été bref dans ses remerciements. On ne l’imaginait pas s’épancher en larmes, mais «l’hommagé» a parlé avec son cœur… non sans insérer une plaisanterie de nains avant de le faire! En remerciant les artistes qui s’étaient déplacés pour l’honorer, il s’est aussi permis une taquinerie. «Au prix qu’ils sont payés, ils auraient fêté n’importe qui!»

N’empêche. Gilles Latulippe a su exprimer sa reconnaissance en peu de mots.

«50 ans plus tard, je suis encore là. Vous avez fait de moi un homme heureux!»

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