Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Crash de Malaysia Airlines: la foudre tombe une 2e fois sur la Malaisie

Crash de Malaysia Airlines: la foudre tombe une 2e fois sur la Malaisie

Le crash d'un appareil de la compagnie nationale malaisienne, avec 298 personnes à bord, bouleverse la Malaisie, déjà sur la sellette il y a quatre mois lorsqu'un autre avion de Malaysia Airlines avait mystérieusement disparu.

Pour la seconde fois cette année, les quotidiens malaisiens consacraient leur Une à un accident aérien qui endeuille le pays.

"Pourquoi ne peut-on jamais avoir l'esprit en paix dans notre pays? Une tragédie succède à une autre", a déclaré G. Subramaniam, dont le fils était à bord du vol MH370 de Malaysia Airlines disparu sans laisser de trace le 8 mars.

Le Boeing 777 qui s'est écrasé jeudi dans l'est de l'Ukraine, abattu vraisemblablement par un missile, effectuait la liaison Amsterdam-Kuala Lumpur. Il transportait 298 personnes, dont 43 Malaisiens (15 membres d'équipage et 28 passagers). La moitié des personnes à bord était des Néerlandais.

Des experts des renseignements américains avancent que l'avion a été abattu par un missile, dont l'origine reste à déterminer dans cette région ravagée par le conflit entre séparatistes prorusses et forces loyalistes ukrainiennes.

Mais quel que soit le groupe auquel appartenait l'éventuel tireur, cette crise ravive les blessures causées par la tragédie du MH370 à la psyché malaisienne.

"Je viens juste d'entendre cette terrible nouvelle. Je ne pense que nous soyons prêts à accepter une telle chose si peu de temps après la tragédie du MH370", a écrit sur son compte Twitter la championne de badminton Lee Chong Wei, sportive la plus célèbre de son pays.

La disparition du MH370 entre Kuala Lumpur et Pékin, avec 239 personnes à bord, avait provoqué un tombereau de critiques sur les autorités du pays et la compagnie aérienne, accusées de désorganisation et d'amateurisme.

L'avion, qui avait changé de cap pour une raison inconnue une heure après son décollage, s'est probablement abîmé dans le sud de l'océan Indien, selon des signaux satellitaires. Mais aucun débris n'a été retrouvé malgré des recherches titanesques.

Ces deux catastrophes successives font douter les Malaisiens de leur pays multi-culturel, qu'ils tiennent pour un bastion de stabilité dans une région souvent turbulente, déclare Ibrahim Suffian, dirigeant du principal institut de sondage du pays.

"Les Malaisiens ont toujours échappé aux calamités et aux tragédies. Les typhons, les séismes, les guerres, ça n'était pas pour nous mais pour l'Indonésie, la Birmanie ou les Philippines. Mais maintenant, ce sentiment de sécurité est fragilisé".

Plusieurs questions susceptibles de mettre à mal les autorités malaisiennes se posent d'ores et déjà. Et notamment, comment se fait-il que la compagnie nationale continuait de survoler cette zone de conflit, alors que d'autres compagnies asiatiques avaient modifié leur trajectoire depuis plusieurs semaines, par mesure de sécurité?

Le Premier ministre Najib Razak, qui estime que 2014 est "une année tragique" pour son pays, a défendu Malaysia Airlines. Il a souligné que la route avait été déclarée "sûre" par l'organisation internationale de l'aviation civile.

"Et l'association internationale du transport aérien a indiqué que l'espace traversé par l'appareil n'était sujet à aucune restriction", a-t-il ajouté.

Eviter l'espace aérien sur les routes entre l'Europe et l'Asie notamment rallonge la durée de vol et augmente la facture en carburant.

Si l'opposition appelle les Malaisiens à se rallier au Premier ministre en cette période de crise identitaire, d'autres pensent que cette catastrophe fragilisera durablement l'image de la Malaisie, envers l'étranger et ses habitants.

"Leurs sentiments de fierté et de confort ont déjà été atteints par la manière dont les autorités et la compagnie aérienne ont géré l'affaire du MH370, il leur sera franchement difficile de surmonter (cette nouvelle affaire). Ils vont se sentir accusés, tenus (injustement) responsables", prévoit K. S. Narendran, un citoyen indien dont la femme était à bord du MH370 disparu en mars.

dma/fmp/fw

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.