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Les Brics et leur nouvelle banque au rendez-vous de l'Amérique latine

Les Brics et leur nouvelle banque au rendez-vous de l'Amérique latine

Les dirigeants des puissances émergentes des Brics ont clarifié mercredi à Brasilia les objectifs de leur nouvelle banque, fondée la veille pour contrebalancer les institutions internationales, lors d'une rencontre avec les chefs d'Etats sud-américains.

La présidente brésilienne Dilma Roussef a organisé au ministère des Affaires étrangères à Brasilia ce rendez-vous totalement inédit entre ses pairs de la région et ses partenaires de Russie, d'Inde, de Chine et d'Afrique du sud.

Avant cette réunion à huis clos, Mme Rousseff a effectué une mise au point sur le champ d'action de la banque de développement des Brics, fondée la veille lors de leur sommet à Fortaleza (nord-est) en contrepoids à la Banque mondiale ou au Fonds monétaire international (FMI).

Cette nouvelle banque, dotée d'un capital de départ de 50 milliards de dollars mais qui dispose d'une force de frappe potentielle de 100 milliards, n'a pas pour but de "nous éloigner du FMI", a-t-elle souligné, à l'issue d'un entretien bilatéral avec le Premier ministre indien, Narendra Modi.

"Au contraire, nous avons intérêt à le démocratiser, à le rendre le plus représentatif possible", a ajouté Mme Rousseff, tout en affirmant que le Brésil entretenait une "relation d'indépendance" avec l'organisme monétaire basé à Washington.

Lors du sommet des Brics, qui s'achève ce mercredi dans la capitale brésilienne, le président chinois Xi Jinping avait également appelé à accroître "la représentativité et la voix des pays en développement".

L'agence de presse officielle chinoise Xinhua a rappelé que la nouvelle banque, qui sera basée à Shanghai, constituait une "alternative attendue depuis longtemps et utile aux institutions financières mondiales dominées par l'Occident".

La position des Brics, qui représentent 40% de la population et le cinquième du PIB de la planète, séduit en particulier les pays d'Amérique du sud, sensibles à ce message d'autonomie vis-à-vis de l'influence traditionnelle des Etats-Unis dans la région.

L'ensemble des douze chefs d'Etats d'Amérique du sud ont répondu à l'invitation du Brésil.

"Ils ont apporté un grand soutien à la banque des Brics", a glissé un haut responsable brésilien. "Beaucoup ont mentionné l'Argentine" et exprimé leur "crainte de voir compromise la renégociation de la dette des autres pays à l'avenir", a-t-il ajouté.

La création d'une banque mais aussi celle d'un fonds de réserve de 100 milliards, destiné à répondre aux situations de crise ou en cas de difficultés pour la balance de paiement, intéresse tout particulièrement le gouvernement de Buenos Aires, condamné par la justice américaine à payer 1,3 milliards de dollars en faveur des "fonds vautours".

La présidente argentine Cristina Kirchner a appelé depuis Brasilia à "en finir avec le pillage financier international". Elle a ainsi accusé les organismes multilatéraux de "compliquer la vie des peuples au lieu d'apporter des solutions".

Avant de s'envoler pour le Brésil, son allié équatorien Rafael Correa, figure de la gauche antilibérale, avait aussi fustigé les dangers du "capital spéculatif".

Le rendez-vous de Brasilia illustre l'intérêt que représente pour les émergents l'Amérique latine, à la fois riche en matières premières et où le besoin d'infrastructures se fait fortement sentir.

Dans un entretien à l'agence Prensa Latina, le président russe Vladimir Poutine, satisfait d'avoir rompu son isolement diplomatique provoqué par la crise ukrainienne, a réaffirmé son intérêt de "créer des alliances pleines" avec la région.

La Russie envisage notamment de participer à un projet de construction d'une centrale nucléaire civile en Argentine. Des rumeurs font aussi état d'une possible participation du géant gazier russe Gazprom avec Wintershall, filiale du groupe chimique allemand BASF en Argentine.

En tournée latino-américaine pour la seconde fois, le président chinois Xi Jiping poursuit également son opération de séduction sur ce continent où Pékin a consacré près du cinquième de ses investissements étrangers l'an dernier.

La Chine, devenue le deuxième partenaire commercial de nombreux pays de la région, a prévu d'organiser jeudi à Brasilia un forum spécial avec la Celac (Communauté d'Etats d'Amérique latine et des Caraïbes).

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