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La Russie comme salut pour les réfugiés de la "république de Donetsk"

La Russie comme salut pour les réfugiés de la "république de Donetsk"

"J'ai trois enfants. On a tout laissé et on est parti en courant, ils bombardaient la ville. Tous ceux qui pouvaient partaient à toute vitesse". Près du cirque d'hiver de Donetsk, Natacha attend tôt mercredi de monter dans un bus, direction la Russie.

Cette jeune habitante de Krasnogorivka, dans la grande banlieue ouest de Donetsk, métropole tenue par les séparatistes prorusses de l'Est ukrainien, se rappelle, les larmes aux yeux, "les maisons détruites, l'école touchée, le gaz et l'électricité coupés". Dimanche, la localité a été la cible de tirs de lance-roquettes multiples Grad, les fameuses "orgues de Staline". On a compté au moins deux morts.

Ils sont plusieurs centaines, comme elle, venus de tous les "points chauds" de la petite "République populaire de Donetsk" (DNR), l'une des entités séparatistes autoproclamées de l'est de l'Ukraine, à se presser autour des autocars qui les emmèneront vers la Russie voisine.

Témoignage de l'avancée récente des forces ukrainiennes, s'il y a encore parmi eux quelques habitants de Slaviansk, bastion rebelle situé à une centaine de kilomètres au nord de Donetsk tombé au début du mois, la majorité viennent de localités proches de Donetsk - Mariinka, Krasnogorivka ou même du quartier Petrovskiï, dans les faubourgs ouest de la ville.

"J'espère revenir un jour a la maison, mais pour l'instant il n'est plus possible de vivre là, ils nous bombardent, on a dû se cacher dans la cave", dit Viktor Gontcherov, 67 ans, de Krasnogorivka.

Femmes, enfants et personnes âgées forment les gros bataillons des partants. Tant que c'est possible, les hommes restent pour surveiller la maison.

Certains ont même choisi de combattre, comme ce père en treillis, arme à l'épaule, qui n'en finit pas d'embrasser sa petite fille aux tresses blondes.

Le convoi est organisé par le "comité pour les réfugiés" de la DNR. "Chaque jour il y en a au moins 450 qui partent ainsi", explique Daria Morozova, responsable du comité, soulignant avoir "900 personnes en liste d'attente".

Les réfugiés se rendent dans la région de Rostov-sur-le-Don, dans le Sud-Ouest de la Russie frontalier de l'Ukraine. Ils y seront d'abord hébergés dans des camps d'accueil, "il y en a beaucoup tout le long de la frontière", avant d'être répartis en différents points du territoire russe, détaille Mme Morozova, qui "remercie la Fédération de Russie" pour son aide.

Avec la recrudescence des combats liés à "l'opération antiterroriste" des forces loyalistes ukrainiennes, le nombre de candidats au départ grandit de jour en jour et les effectifs du comité sont passés d'une demi-douzaine à une quarantaine de volontaires. Mais la plupart de ceux qui quittent la région le font par leurs propres moyens, selon Daria Morozova, qui estime qu'environ 60% des près d'un million d'habitants que comptait Donetsk sont déjà partis pour échapper à de possibles combats.

Le convoi -trois cars modernes et quatre vieux "Ikarus" de fabrication hongroise- s'apprête à s'ébranler. "Allez-y, allez-y, montez dans n'importe quel bus," houspille Valentina, une volontaire du comité, encourageant les retardataires à charger sacs et ballots dans les soutes.

Vera, 65 ans, a passé toute sa vie à Khartzysk, à 40 kilomètres à l'est de Donetsk. Et ne peut cacher son inquiétude d'y avoir tout laissé. Son appartement bien sûr, mais surtout "mes enfants, un fils et deux filles. Ils refusent de partir. Une de mes filles est enceinte, l'autre doit s'occuper de sa ferme".

so/via/abk

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