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Un coup d'accélérateur possible pour le processus de paix avec les Farc

Un coup d'accélérateur possible pour le processus de paix avec les Farc

Les négociations de paix entre le gouvernement colombien et la guérilla marxiste des Farc, qui reprennent mardi à Cuba, pourraient connaître un coup d'accélérateur, un mois après la réélection du président Juan Manuel Santos.

Les pourparlers, qui avaient marqué une pause depuis le scrutin, vont aborder les trois derniers chapitres convenus avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) : la réparation pour les victimes, l'abandon des armes et la modalité de consultation populaire en cas d'accord final mettant fin à un conflit d'un demi-siècle, le plus ancien d'Amérique latine.

Artisan de ce dialogue, ouvert depuis 2012, M. Santos, un dirigeant de centre droit de 62 ans, a manifesté sa volonté d'en "accélérer" le rythme, espérant pouvoir aboutir avant les élections régionales et municipales de 2015.

"Il va y avoir une forte impulsion et un intérêt des autorités à hâter les discussions. Le but est de conclure le processus de paix avant octobre et d'organiser un référendum tranquillement avant mars 2015 afin de ne pas contaminer le climat électoral", affirme à l'AFP Fernando Giraldo, professeur à l'Université Javeriana de Bogota.

Selon ce politologue, le gouvernement se retrouve en outre "sous la pression de la gauche qui l'a aidé à obtenir la réélection". Mais attention, prévient-il, s'il prend des réformes alors que les négociations ne sont pas encore achevées, les Farc pourraient en être "incommodées".

Plusieurs sujets sensibles ont déjà été révisés durant le processus de paix : la nécessité d'une réforme agraire, à l'origine même de la naissance des Farc dans la foulée d'une insurrection paysanne, la participation politique des guérilleros repentis et la lutte contre le trafic de cocaïne, dont la Colombie est toujours l'un des premiers producteurs au monde.

Les points restants sont moins "difficiles" à résoudre, estime Jorge Restrepo, directeur du Cerac, centre d'études spécialisé dans le conflit colombien, qui a fait en cinquante ans plusieurs centaines de milliers de morts, mêlant des guérillas, des milices paramilitaires - dissoutes depuis 2006 - et des bandes criminelles.

"Il est possible de les régler dans le cadre de la négociation, qui avance de manière solide", poursuit-il. Ce chercheur prédit même une "négociation très rapide" à partir de mardi prochain, la menace de l'opposition s'étant estompée.

Durant la présidentielle, l'ancien ministre Oscar Zuluaga, détracteur des pourparlers en cours, avait fait planer la menace de les suspendre en cas de victoire avec le soutien de l'ex-chef de l'Etat et désormais sénateur, Alvaro Uribe.

Le prédécesseur de M. Santos, resté populaire pour sa politique de fermeté contre les Farc entre 2002 et 2012, accuse ce dernier de "trahison" et lui reproche d'offrir l'impunité aux Farc, qui compte toujours selon les autorités quelque 8.000 combattants.

"L'opposition de la droite radicale s'exprimera désormais au Congrès, emmenée par Uribe, et en se canalisant à travers cette institution, elle ne causera pas autant de bruit qu'elle le faisait avant dans les médias", assure M. Restrepo.

Après la réélection de M. Santos, la confiance dans le processus de paix a bondi de 42% en mai à 64% début juillet, selon un sondage du Centre national d'enquêtes.

Toutefois, tous les risques pesant sur le dialogue avec les Farc n'ont pas disparu.

La guérilla a jusqu'ici exclu l'hypothèse d'un référendum populaire en cas d'accord de paix, exigeant l'installation d'une Assemblée constituante pour refonder les institutions du pays, revendication refusée par le gouvernement.

"Si cette demande subsiste, il existe le risque d'une rupture complète du dialogue", admet le directeur du Cerac, tandis que, selon M. Giraldo, le danger majeur réside dans un possible téléscopage avec le calendrier électoral.

Imaginant que "la paix se mêle à la campagne électorale", ce dernier n'exclut pas que le référendum sur un accord avec les Farc soit remporté par le "non". "Cela favoriserait ensuite aux élections locales les uribistes et les secteurs les plus radicaux", explique-t-il.

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